[SERIE] Général de Montgros : « Les agents de la DRM ne se posent pas de questions pour se lever le matin… » (2/3)
Deuxième partie de l'interview du directeur du renseignement militaire dans Esprit défense, le magazine du ministère des Armées. Le général de Montgros souligne notamment l’« engagement bluffant » et la mobilisation sans faille des agents de la DRM dans la gestion quotidienne des crises internationales. Des crises qui se déroulent souvent le week-end, de jour comme de nuit…
"Esprit défense" : Au-delà de l'IA et des données, le renseignement, c'est aussi, et surtout, des humains…
Général Jacques Langlade de Montgros, directeur de la Direction du renseignement militaire (DRM) : Vous avez raison. La DRM, c'est 2 000 femmes et hommes. Et le renseignement des armées, c'est environ 8 000 personnes. Notre travail au quotidien consiste à coordonner celui de la DRM et celui des unités de la Fonction interarmées du renseignement (FIR)1, qui permet de démultiplier les moyens et les capteurs. À la DRM, nous comptons deux tiers de militaires et un tiers de civils. Contrairement aux autres services de renseignement, nous produisons du renseignement militaire. Il nous faut donc avoir une expérience opérationnelle. Les civils nous apportent d'autres expertises, liées aux relations internationales, à la géopolitique ou à des formations extrêmement techniques, dans la data2 ou l'IA par exemple. C'est cette alchimie qui nous permet aujourd'hui de remporter des succès au quotidien, de remplir notre mission.
Le contexte actuel, mouvementé, est-il un atout pour recruter ?
Pour les militaires, ce sont les DRH d'armée qui s'en chargent. Nous les y aidons, en présentant nos besoins, nos métiers, les compétences recherchées. Pour les civils, je dois vous avouer que le chaos actuel du monde nous aide, non seulement à attirer, mais aussi à fidéliser. Celles et ceux qui viennent à la DRM ne se posent pas trop de questions pour se lever le matin. Le contexte stratégique donne beaucoup de sens à l'action quotidienne de chacun. Mais cela ne suffit pas, bien évidemment. Un autre volet important, notamment pour les civils, est l'accès à des postes à responsabilités, que nous avons développé depuis deux ans. Pour les militaires, ce qui me semble surtout important, c'est d'avoir des parcours croisés, une alternance entre des affectations à la DRM et des affectations en unité opérationnelle, voire dans d'autres services de renseignement. Ils apportent ainsi une très forte valeur ajoutée à l'efficacité collective.
Encore aujourd'hui, à la DRM, je reste fasciné par les compétences incroyables dont nous disposons. On m'a dit un jour qu'il y avait plus de 100 métiers chez nous. Je ne sais pas si c'est vrai mais, ce qui est sûr, c'est qu'il y a un grand nombre d'expertises et ce, sur des sujets d'une incroyable variété. Au-delà de cette qualité, il y a autre chose : l'engagement de tous est bluffant. D'autant que les crises ne se passent pas qu'en jours ouvrés, entre 9 h et 17 h… C'est même souvent le week-end, de jour comme de nuit… Ou plus exactement, elles débutent souvent le vendredi soir…
1 Coordonnée par la DRM, la FIR regroupe les unités de renseignement des trois armées, du Commandement des opérations spéciales (COS), du Commandement de l'Espace (CDE) et du Commandement de la cyberdéfense (Comcyber).
2 Les données
Recueilli par Marc Fernandez
Episode 1 : « Le chaos du monde donne du sens à l’action de la DRM » (1/3)
Prochain épisode : « La déclassification du renseignement peut se retourner contre celui qui déclassifie… »
L'intégralité de l'interview
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