L’aigle royal vole jusqu’au RICM

L’histoire de l’aigle royal à Montmorillon (Vienne) commence au printemps 2020, dans une France confinée. Un monarque du ciel manifeste sa présence au-dessus du camp du régiment d’infanterie chars de marine (RICM), bien loin de ses zones de prédilection que sont les Alpes ou les Pyrénées. Il s’agit de la première observation documentée en Vienne depuis la préhistoire.

Un aigle royal en vol. © Armée de Terre

Au cœur de la Vienne, au sud de Poitiers, un espace de plus de 1 800 hectares est dédié à l'entraînement des unités des trois armées. Le camp militaire de Montmorillon est bien plus récent que la norme. À l’inverse d’un grand nombre de terrains militaires nés au début du XXe siècle, le camp date de 1956. Il était tout d’abord aux mains de l’US Army jusqu’en 1966, la France étant alors membre actif de l’Otan. Elle avait fait concession territoriale à l’allié américain. 

Le camp constitue un vaste ensemble remarquable de milieux typiques du paysage du Montmorillonnais se développant sur des sols pauvres argilo-sableux où prédominent les landes à bruyère. Plus de 50 types d’habitat naturel ont été inventoriés et lui confèrent une grande richesse écologique. On peut y distinguer 4 groupements d’habitats. De plus, le site abrite 74 espèces végétales patrimoniales (inscrites sur les listes de référence régionale, nationale ou européenne), et, depuis peu, un nouveau résident… l’aigle royal. 

Une cérémonie militaire. © Armée de Terre

Camp de Montmorillon : terrain d’exercice et de biodiversité

La présence d’une telle espèce en Vienne s’explique grâce à deux facteurs. Dans un premier temps, la conjoncture était propice à une telle migration. Durant le confinement, la présence de l’homme était réduite, moins d’avions et de voitures, en somme, moins de nuisances. En parallèle, le terrain militaire en lui-même est favorable à l’accueil d’une riche biodiversité.

Tortues cistudes ou cigognes noires sont déjà les résidents habituels du terrain. Cet écrin de verdure préservé, réparti sur plus d’un millier d’hectares est un havre de paix pour la faune et la flore. Malgré une forte activité militaire, la protection de la nature est une priorité pour le RICM, en charge de la gestion du camp. 

Le camp de Montmorillon. © Armée de Terre

Partenariat Natura 2000

Depuis 1977, il existe entre le RICM et le conservatoire d’espaces naturels (CREN) une convention de partenariat afin de concilier préparation opérationnelle et préservation de la biodiversité. Plus tard, la mise en plus d’une zone Natura 2000 a complété les mesures déjà en place, et atteste des préoccupations écologiques du RICM.

Concrètement, cette convention permet aux unités de concilier entraînement opérationnel et préservation de la nature. De son côté, le conservatoire met en œuvre des projets au profit de la restauration et du diagnostic du milieu naturel.

Tourné vers l’avenir

Récemment, le partenariat s’est inscrit dans le programme national Life Army, qui associe le ministère des Armées et plusieurs conservatoires des espaces naturels. Le CREN intervient aujourd’hui aux côtés du RICM pour la préservation du patrimoine naturel du camp de Montmorillon. 

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