La Flottille 23F franchit le cap symbolique des 230.000 heures de vol

Direction : Marine / Publié le : 14 avril 2025

Le 4 avril 2025, la Flottille 23F a franchi le cap symbolique des 230.000 heures de vol. Flottille historiquement tournée vers les opérations, ce cap a été franchi par l’équipage WALLABY Fox-Trot déployé en Roumanie avec l’Atlantique 2 M9.

Les ATLANTIC de la 23F sur la piste de Lann Bihoue © Marine nationale

Les ATLANTIC de la 23F sur la piste de Lann Bihoue

La Flottille 23F est créée le 20 juin 1953 à Port-Lyautey, au Maroc. Héritière des traditions de la Flottille 2F, elle arbore l’insigne « requin et oiseau de mer » trouvant son origine au sein de l’escadrille 3S3 en 1939 et a pour devise « Quand je trouve, je pique » issue de l’escadrille 1BR de 1942. 

Debut 1956, après plus de 6 400 heures de vol sur bombardier Lancaster Western Union, la 23F reçoit ses P2V6 – Neptune, avions de patrouille maritime et de lutte anti-sous-marine. Au printemps 1956, après 12 000 heures de vol effectuées sur P2V6, la 23F se voit être équipée de P2V7 - Neptune. 

En janvier 1961, la 23F quitte le Maroc et rejoint la base d’aéronautique navale de Lann‑Bihoué. Équipée de 7 avions et armée de 9 équipages, la surveillance des approches françaises, les exercices et les opérations anti-sous-marines font le quotidien de la 23F. 

Au-delà de cette routine, la flottille est déployée à de nombreuses reprises entre 1968 et 1971 sur la base avancée de Hao, en Polynésie française, au service du centre d’expérimentations du Pacifique pour participer à la sécurisation des essais nucléaires. 

Les dernières heures de vol des Neptune de la 23F sont inscrites au cahier d’ordres à la date du 29 octobre 1971, avec un total de 39 850 heures de vol.

Après une période d’instruction au sol débutée en novembre 1971, la flottille reçoit son premier avion de patrouille maritime Atlantic le 10 avril 1972 (ATLANTIC – BR51). Avec ce nouveau type d’aéronef, la flottille prend part à de nombreuses opérations extérieures principalement sur le continent africain. Son engagement et les résultats opérationnels obtenus dans les missions Lamantin et Tacaud lui valent d’être citée à l’ordre de la Marine nationale le 3 mars 1980. Les marins de la Flottille 23F démontrent également adaptabilité et résilience dans l’ouverture de théâtres comme pour le détachement antillais en mai 1981 ou l’ouverture de l’opération Manta au Tchad en août 1983.

 

Le 10 mars 1981, c’est la consternation ! L’ensemble du personnel de la 23F et de la BAN de Lann Bihoue apprend le crash de l’équipage Wallaby Delta. Déployé à Djibouti depuis le 29 janvier avec le Bréguet Atlantic n° 29, l’équipage part avec son équipe technique pour un vol de surveillance maritime dans le canal du Mozambique avant de se poser à La Réunion. Au décollage de l’aéroport de Hahaya (Moroni), l’équipage fait face à un feu moteur et s’écrase quelques minutes plus tard à 5 kilomètres au nord-est de la piste, à Founga, sur la commune de M’Boudé (Grande Comore). Il n’y aura aucun survivant, les 18 marins de la flottille périssent dans cet accident. Les obsèques, présidées par le ministre de la défense Robert Galley, ont lieu dans le hangar H13 en présence d’une foule immense et recueillie.

Durant les années 80, la vie des équipages de la flottille est rythmée par les décollages d’alerte en métropole pour la sécurité maritime ou les opérations de sureté, mais également au départ de Dakar dans le cadre de mission de sauvegarde de la vie humaine. A ces alertes s’ajoutent les vols organiques et opérationnels de « pistage ASM » encore une fois partagés entre Lorient et les bases de nos alliés. Dernière flottille dotée d’ATLANTIC, la 23F sera la première flottille à recevoir l’avion de patrouille maritime Atlantique 2 (ATL2).

Le 1er février 1991, la 23F est déclarée opérationnelle sur ATL2 lors d’une cérémonie organisée sur la BAN de Lann-Bihoue. La flottille est initialement équipée de 3 ATL2 (l’ATL2 M2 sera le premier à rejoindre le Poullo) puis 4 ATL2 supplémentaires viendront compléter cette dotation. Son équipage est félicité le 13 janvier 1994, pour sa transformation sur cet aéronef ainsi que pour l’accompagnement fourni à ses flottilles sœurs dans leurs transformations (la 24F à Lann-Bihoue et la 21F et 22F à Nîmes). 

Avec ce nouvel aéronef équipé de capteurs modernes à la pointe de la technologie, la 23F se montre précurseur dans de nombreux domaines d’emploi. Ainsi, elle effectue le premier tir d’un missile antinavire AM39 le 8 novembre 1994. En 2006, elle valide le process de couverture aérienne rapprochée (close air support – CAS) de nuit, ainsi que la fonction de « PC volant ». Elle est également la première à tirer une bombe à guidage laser GBU12 en opération le 29 janvier 2013, puis à tirer une GBU58 en octobre 2016 et à effectuer un tir de GBU12 en coopération avec un drone Reaper le 10 janvier 2019. Pour la valeur de ses engagements et les résultats obtenus, la Flottille 23F se voit être citée à l’ordre de la Marine nationale le 21 novembre 2011 au titre de l’opération Harmattan, à l’ordre de la Marine nationale le 6 juin 2014 pour l’opération Serval et à l’ordre du groupe aérien le 19 avril 2022 au nom de l’opération Chammal

Rodée aux ouvertures de théâtres, la Flottille 23F est la première flottille à prendre part à une opération de narcotrafic en zone Caraïbes avec l’opération Maracuja en juin 1997, à déployer des équipages en soutien des missions Héraclès en décembre 2001, Atalanta en mars 2009, Harmattan en mars 2011, Serval en janvier 2013 et Chammal en septembre 2014. Elle est également la première, à se déployer dans le cadre de l’opération Agenor en mars 2020 dans un contexte de pandémie de COVID-19 et Nobel Shield en mars 2022 dans un contexte de regain de tensions en Méditerranée. Soutien indéfectible au groupe aéronaval, la flottille 23F prend également part aux différentes opérations Arromanches et Clemenceau. C’est ainsi que le 17 février dernier l’équipage Wallaby Echo est rentré de son périple aux portes du Pacifique en accompagnement de la mission Clemenceau 25. Wallaby Echo a eu l’opportunité d’opérer à partir de l’Indonésie, des Philippines et de Singapour.

La Flottille 23F a achevé l’an dernier sa transformation sur ATL2 STD6. Deux ATL2 STD5, qui ne seront pas rénovés, subsistent encore dans le parc et seront retirés du service dans les prochains mois. La flottille reste fidèle à ses traditions et son histoire : son quotidien est rythmé par les alertes, les vols ASM et la protection des intérêts français. 

Equipage 23F pour la commémoration des 230.000 heures de vol © Marine nationale

Equipage 23F pour la commémoration des 230.000 heures de vol

Equipage 23F pour la commémoration des 230.000 heures de vol

Contenus associés