Vice-amiral Lionel Mathieu
Nommé commandant du bataillon de marins-pompiers de Marseille le 1er juillet 2022, le vice-amiral Lionel Mathieu est aussi commandant de l’École des marins-pompiers de la Marine et de la Marine à Marseille.
Spécialiste de la maintenance aéronautique, il est diplômé de Sup’Aéro. Il a, entre autres, commandé la base d’aéronautique navale de Nîmes-Garons puis, pendant la préparation de la Loi de programmation militaire 2019-2025, il a dirigé le bureau « maintien en condition opérationnelle » de l’état-major des armées (EMA). Toujours au sein de l’EMA, il a supervisé la division « soutien de l’activité » avant de rejoindre les marins-pompiers de Marseille.
Cols bleus : Amiral, quelle était votre feuille de route à votre arrivée ?
Vice-Amiral Lionel Mathieu : J’ai trois objectifs : d’abord maintenir le haut niveau d’excellence opérationnelle de l’unité, grâce à l’entraînement, à la reconstitution d’un socle organique solide (dont les fonctions de soutien) en valorisant notre expertise portuaire et maritime. Deuxièmement, ancrer l’humain au cœur du Bataillon par une politique de recrutement active, la fidélisation du personnel au travers d’une gestion personnalisée et l’amélioration des conditions de travail et de vie des marins-pompiers et de leurs familles. Troisièmement, s’adapter à l’évolution des risques et des technologies par la recherche et l’innovation, qu’il s’agisse de faire face au dérèglement climatique ou au durcissement du monde.
C. B. : Quel est l’enjeu du point de vue des ressources humaines ?
VA. L. M. : L’enjeu est double. En interne, nous devons fidéliser les marins-pompiers et, en externe, attirer des jeunes recrues. Le quotidien est très intense, avec des missions opérationnelles nombreuses et diversifiées. Marseille est le premier port de France et deuxième de la Méditerranée, et la deuxième ville française. Nos jeunes marins-pompiers doivent être motivés et représentatifs de la société. Nous recherchons aussi du personnel de santé (40 médecins actuellement), des techniciens, des spécialistes des télécommunications, des logisticiens ou encore des commissaires. Avec nos 2 600 marins, nous sommes quasiment à la taille d’une force, et contrairement à un navire comme le porte-avions qui concentre 1 200 marins sur quelques milliers de mètres carrés, notre unité se répartit sur 28 sites et plus de 250 km2. Un défi supplémentaire.
C. B. : Quelle sont les spécificités du métier de marin-pompier ?
VA. L. M. : La complexité et l’exigence mais surtout la richesse d’un métier au service des autres. Être marin-pompier répond souvent à une vocation. à chaque intervention, des vies sont en jeu. Il nous faut rester à un niveau d’excellence 24h/24h tous les jours de l’année. Cela ne se décrète pas mais nécessite de nombreux efforts et de l’engagement au service de l’action collective. J’attends de mes marins de la rigueur, de la passion et de l’esprit d’équipage.
C. B. : Le BMPM est 100 % pompier de Marseille et 100 % Marine nationale. Comment cette double appartenance se traduit-elle ?
VA. L. M. : Le BMPM détient une double compétence de marin et de pompier. Il est en charge de la préparation opérationnelle de la capacité nationale de renfort pour les sinistres de navires (CAPINAV), créée fin 2016 au profit des préfets maritimes pour les sinistres en mer, ou des préfets de département pour les navires à quai. à ce titre, le Bataillon peut être employé en opération de contre- terrorisme maritime.
Rattaché au commandant de l’arrondissement maritime de Toulon, le BMPM reste une unité militaire, ouverte à l’interarmées. Souvent projeté au titre de renfort de la Sécurité civile sur des situations de crise, en France ou à l’étranger, le marin-pompier est par ailleurs régulièrement détaché en OPEX (Sahel, Moyen-Orient…) ou encadre le personnel sécurité de certains bâtiments de guerre (porte-avions, porte-hélicoptères amphibie). Il offre son savoir-faire à toutes les armées : aguerrissement d’officiers et de médecins, sauvetage aquatique, intervention en milieu périlleux, conduite d’engins, risques chimiques. Il apporte une expertise essentielle dans le domaine de la sécurité classique.
Sans oublier que son premier terrain d’action reste Marseille, ville deux fois plus étendue que Paris, qui cumule l’ensemble des risques urbains, technologiques, maritimes et feux de forêts (120 000 interventions par an). Intramuros, le Bataillon est aussi en charge de la sécurité des navires au sein du Grand port maritime de Marseille (GPMM), et il est implanté à Fos-sur-Mer.
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