Après la plage, objectif Berchtesgaden, finir la guerre
Le 8 mai 1945, l’Allemagne capitule. Un résultat obtenu moins d’un an après les débarquements grâce à de très nombreux exploits militaires, auxquels les unités de la Marine ont pris part. Cols bleus les remet en lumière, rappelant ainsi le courage et la valeur de ces marins, qu’ils soient issus des Forces navales françaises libres (FNFL), de la Marine de l’armée d’armistice ou des Forces françaises de l’intérieur (FFI).
Le 1er régiment de fusiliers marins (1er RFM)
« L’officier des équipages Colmay, avec ses mitrailleuses, disperse les allemands qui, enhardis, se risquent sur la route. Il n’a pas trente hommes en tout. Tant pis, il tiendra son carrefour héroïquement jusqu’à la nuit. Il tiendra malgré l’ordre de repli du commandant ». Cet extrait de l’article de L’EV Guillemin paru dans le Cols bleus n° 34 du 12 octobre 1945 relatant la libération d’Autun (71), illustre l’état d’esprit des marins du 1er RFM. Débarqué le 16 août à Cavalaire (83), le régiment, après avoir vaillamment participé à la reprise de Toulon, n’a pas connu d’engagement sérieux depuis. Les 6, 7 et 8 septembre, la mission du 2e escadron est, avec le concours d’unités de l’armée de Terre et d’un groupe de FFI, d’intercepter à Autun une colonne allemande de 4 000 hommes. Constitué dès 1940 à Londres, le 1er RFM a été de tous les combats de la France libre avant de mener ceux de la libération de l’Hexagone. Après Autun, ce seront les durs combats dans les Vosges et en Alsace. Envoyé sur l’Atlantique pour participer à la réduction de la poche de Royan, le 1er RFM est rappelé d’urgence en Alsace pour parer à la contre-attaque allemande de décembre 1944. Enfin, en avril 1945, il participe aux combats du massif de l’Authion dans les Alpes du Sud où s’est retranché l’ennemi. Le régiment est l’une des trois unités FNFL à avoir été fait Compagnon de la Libération.
Le 1er bataillon de fusiliers marins commandos (1er BFMC)
Placé sous les ordres de Philippe Kieffer, il est créé au printemps 1942. Avant le Débarquement de Normandie, le 1er BFMC est intégré au commando n° 4 appartenant à la Special Service Brigade commandée par Lord Lovat. Après leur emblématique débarquement sur Sword Beach le 6 juin 1944, ils combattent dans la campagne normande jusqu’au 27 août. à cette date, seuls 24 hommes sur 177 sont indemnes. En novembre, ils reprennent la lutte lors de la bataille de l’Escaut qui vise à libérer le port d’Anvers. Avec le commando n° 4, dont Philippe Kieffer est maintenant le commandant en second, ils débarquent sur l’île néerlandaise de Walcheren et y neutralisent l’ennemi. Les sept commandos Marine actuels sont les héritiers du 1er BFMC dont ils ont repris l’iconique béret vert.
Le régiment blindé de fusiliers marins (RBFM)
Créé en octobre 1943 en Afrique du Nord, le RBFM est principalement constitué de marins de l’armée d’armistice d’Afrique du Nord, renforcés par des recrues. Il est équipé de chasseurs de char M10 Wolverine, de scout cars M3A1 et de Half-Track. Il est intégré à la 2e division blindée (2e DB) du général Leclerc et débarque en Normandie en août 1944. Premiers combats dans les secteurs d’Alençon et Argentan (61). Puis ce sera la libération de Paris où, sous les yeux de Parisiens médusés, l’un des Wolverine touche à deux reprises, depuis le haut des Champs, un char ennemi embusqué place de la Concorde (soit 1 800 mètres), un exploit pour l’époque. Les marins avaient remplacé les lunettes de visée d’origine de leur char par celles de canons de Marine. Après la capitale, le RBFM poursuit son aventure avec la 2e DB : Dompaire, Baccara, les Vosges, Strasbourg, la dure bataille d’Alsace. Un retour en arrière pour liquider la poche de Royan et enfin l’Allemagne avec la ruée vers Berchtesgaden. Parmi les marins du RBFM, figurait un certain Philippe de Gaulle, alors enseigne de vaisseau, décédé en mars dernier, et le second maître fusilier marin Jean-Alexis Moncorgé, chef du char Souffleur II, plus connu sous son nom de scène : Jean Gabin.
La flotte française
Une fois la protection des convois et l’appui feu des débarquements effectués, la flotte française ne reste pas inactive. En Méditerranée, la flank force affronte les dernières unités de la Kriegsmarine dans le golfe de Gêne et bombarde la côte italienne où l’ennemi s’est retranché. À l’ouest, afin d’en interdire l’utilisation aux Alliés et de continuer la lutte, des milliers d’Allemands se sont retranchés dans plusieurs ports. Ces zones prennent le nom de poches de l’Atlantique. Cinq seront reprises avant octobre 1944 à un prix exorbitant. Pour les autres, il est décidé d’en faire le siège. Il faut empêcher l’ennemi de nuire depuis ces poches. La flotte française va en assurer le blocus. En avril 1945, l’assaut de la poche de Royan et de l’île d’Oléron est ordonné par le gouvernement français. Le bataillon de fusiliers marins FFI de Rochefort appuyé par 10 navires français, des aéronefs de l’aéronautique navale, ainsi que le régiment de canonniers marins, constitué en Afrique du Nord et ayant rallié l’Hexagone en octobre 1944, participent aux combats. Les dragueurs de mines entament pour leur part le déminage des eaux du littoral, une tâche encore inachevée à ce jour. Enfin, dans l’IndoPacifique, le cuirassé Richelieu, intégré à une force navale britannique, combat les Japonais.
Les FFI de la Marine
Lorsque les Alliés libèrent l’Hexagone, bon nombre de marins démobilisés en 1940, après le sabordage de Toulon ou encore de l’armée d’armistice, forment ou rejoignent des unités FFI avec l’idée d’en découdre avec l’ennemi. C’est le cas pour l’École navale de la Marine de Vichy réfugiée à Clairac (47) au nord d’Agen ou encore de l’école d’apprentissage de la direction des constructions et armes navales (DCAN), réfugiée quant à elle à Jausiers (04) au fond de la vallée de l’Ubaye. Ailleurs, les anciens marins se regroupent et forment spontanément des unités : bataillon de fusiliers marins de Rochefort, bataillon de marche de Lorient, bataillon de marche du Finistère, bataillon de fusiliers marins de Dunkerque, etc. Face à ce foisonnement, le ministre de la Marine du gouvernement provisoire, Louis Jacquinot, décide de les regrouper sous un commandement unique en créant le 4e régiment de fusiliers marins. Le temps manquera pour toutes les amalgamer mais elles participent aux sièges et à l’assaut des poches de l’Atlantique restantes, permettant ainsi aux unités régulières de foncer vers l’Allemagne.
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