Que vient récompenser précisément ce prix de l’accessibilité ?

Chanfi Maoulida : Cette distinction confère reconnaissance et visibilité au colossal travail de fond accompli par plusieurs acteurs du SSA dans le domaine de la communication numérique. En 2020, nous avons fait le constat que les HIA étaient quasiment absents du web : un site ministériel proposant seulement une fiche par établissement, de nombreux sites amateurs sans règles d’administration, un référencement et une cyber sécurité inexistants…, c’était le chaos !

Les HIA ne disposaient tout simplement pas d’une vitrine virtuelle qui réponde aux exigences actuelles d’un accueil du public performant, ce qui était préjudiciable à leur légitimité auprès de leur patientèle et à leur crédibilité en matière de recrutement. Il était donc urgent de trouver un système logique combinant gouvernance, protocole de protection et simplicité de navigation. Grâce à la collaboration entre le développeur Be API, l’expert en marketing digital Solocal, notre bureau à la DSIN-S et, surtout, les professionnels de santé des HIA et leur expertise de terrain, nous avons conçu des sites conviviaux, faciles à utiliser et régulièrement mis à jour, qui permettent désormais aux patients d’accéder à des ressources en ligne adaptées à leurs besoins.

Comment cette accessibilité s’est-elle construite ?

Chanfi Maoulida : Pour rendre la plateforme vraiment utile, utilisable et utilisée, plusieurs étapes ont été indispensables. Tout d’abord, il a été essentiel de définir précisément le besoin, ce qui a demandé un gros travail en amont de la part des différents acteurs du SSA, du BTIN et de Be API. Ce dernier a ensuite élaboré un prototype en se basant également sur la charte graphique imposée par l’État et les paramètres à intégrer. A ce stade du projet, une société d’audit a été sollicitée pour évaluer l’accessibilité du prototype, estimée à 75 %. Est alors intervenue Solocal, qui a harmonisé et rendu cohérente la présence du SSA sur la toile, tout en améliorant sa visibilité dans les annuaires professionnels par un contenu éditorial clair, structuré, pertinent et validé. Ce volet final a nécessité à nouveau la coopération du personnel qui suit une formation quant à l’utilisation d’un protocole commun pour, à terme, piloter le site de son établissement en toute autonomie. Les sites existants sont ainsi devenus des plateformes inclusives qui répondent aux normes les plus strictes en matière d’accessibilité web.

Quelques exemples concrets de cette accessibilité ?

Chanfi Maoulida : Notre besoin en accessibilité se traduit par deux axes d’effort. D’une part, fournir une information compréhensible à tous les utilisateurs, d’autre part garantir une navigation facile pour les personnes ayant divers types de handicaps. Tandis que le premier axe implique une refonte complète de l’existant, le second introduit de l’innovation.

Pour satisfaire le premier axe, nous avons mis en place des outils essentiels tels qu’une présence sur les pages jaunes, des fiches Google et des liens directs vers la prise de rendez-vous via Doctolib. A court terme, les sites incluront également des liens vers un paiement en ligne puis, d’ici 2030, vers un espace patient dédié au parcours santé individuel. Des fonctionnalités innovantes, pour leur part, améliorent la lisibilité sur tous types d’écrans : couleurs et contrastes optimisés ; taille des boutons ou des caractères adaptée ; possibilité de zoom avant et arrière ; compatibilité avec des lecteurs convertissant les textes écrits en supports oraux (importance de la légende pour les images par exemple)…

Les récompenses telles que les Cas d’Or ne sont pas une fin en soi car l’accessibilité doit s’adapter à chaque nouvel enjeu. Les sites hospitaliers doivent remplir des objectifs de communication et de recrutement, ce qui nécessite une séparation claire entre les données sensibles d’un côté et les informations accessibles au grand public de l’autre. Pour le moment, les sites web des HIA ne permettent que la diffusion d’informations, sans option d’interaction. À l’avenir, la situation évoluera pour offrir des niveaux d’accès discrets mais invisibles pour les utilisateurs non autorisés. La sécurité sera la principale préoccupation pour répondre aux besoins des technologies d’assistance. Une préoccupation qui simplifiera la vie des utilisateurs, en particulier dans le domaine de la santé.