Antennes chirurgicales : vers de nouvelles capacités de mobilité
Sur le camp d’Orléans-Chanteau, le Service de santé des armées a procédé à des essais réussis sur l’amélioration de la mobilité de ses structures chirurgicales déployées à « l’avant » (proche des zones de combat). Cette nouvelle configuration de l’antenne de réanimation et de chirurgie de sauvetage (ARCS) a été définie en employant un nouveau modèle de conteneur métallique - le Elytron. Objectif : renforcer la chaîne de soutien médical en opération.
Rédaction : Virginie Gradella
Le centre de développement capacitaire opérationnel « santé » a supervisé, en septembre 2024, des tests pour accroitre les capacités de mobilité de vos antennes médicales. Explications du commissaire de 1er classe Stéphanie, ingénieur biomédical et coordinateur de projets du centre de développement capacitaire opérationnel « santé ».
Pourquoi ces tests et qu’ont-ils démontré ?
Petit rappel de contexte. Dans la chaîne de soutien médical en opération, le poste médical est la plus petite structure de santé déployée sur les théâtres d'opérations, intégrée à l'unité de combat dont elle assure le soutien. C’est le pilier de la médicalisation de « l’avant », le niveau 1 en zone de combat. L’antenne de réanimation et de chirurgie de sauvetage (ARCS) est la structure médicale de niveau 2, qui vient renforcer l’action de ce poste médical. L’objectif de l’ARCS est de réaliser les gestes stabilisant le blessé avant son évacuation avec des moyens aussi performants que ceux des hôpitaux.
Les ARCS existantes et opérationnelles, depuis 2020, se présentent aujourd’hui sous la forme de quatre tentes transportables formant une emprise au sol de 200 m2, déployables en deux heures, autonomes pendant 48h et dimensionnées pour prendre en charge 16 blessés. Elles sont équipées du matériel adéquat et armées de treize professionnels de la santé qui gèrent une zone de triage, une unité de déchocage, un bloc opératoire à deux postes et une unité de soins intensifs.
Parce que le Service de santé des armées est à la recherche de toujours plus de performance opérationnelle, il a entamé une réflexion visant à accroître les capacités de mobilité de ces antennes. Cela a abouti à la conception et au développement d’une ARCS de nouvelle génération, intégrée au sein d’un conteneur appelé Elytron, pour une capacité de prise en charge de 8 blessés graves et 8 blessés légers, à raison de 4 blessés en simultané, devant être évacués en 24 heures maximum. L’objectif est de retrouver les mêmes caractéristiques que l’ARCS sous tente. Les tests menés ont ainsi permis, dans un premier temps, de vérifier que la configuration sous l’Elytron fonctionnait mais, également, quel volume il représentait par rapport à l’ARCS sous tente. Ces essais ont ainsi montré que l’ensemble pouvait tenir dans trois modules Elytron.
Concrètement, qu’est-ce qu’un Elytron et quels sont ses atouts ?
L’Elytron, développé par l’entreprise UTILIS, est un conteneur métallique qui se déploie en deux heures et dispose d’une surface utile de 36m2. Son atout majeur réside dans sa capacité de stockage en position fermée, puisqu’il transporte lui-même son matériel médical, et dans sa capacité de déploiement permettant de mettre en place les équipements rapidement et, ainsi, d’économiser du temps en manutention et en montage comme avec les tentes. En effet, et c’est aussi ce qui le rend innovant, il se déplie latéralement des deux côtés, avec un plancher déployable qui augmente sa surface d’activité. Il autorise des configurations modulables en fonction du besoin avec, a minima, deux modules de chirurgie de sauvetage et une unité de soins intensifs.
L’un de ses autres atouts est la possibilité de l’utiliser aussi bien au sol que sur un camion de type porteur polyvalent logistique (Pplog). Déployé sur ce dernier, le conteneur pourra être déplié au moyen de pieds télescopiques qui stabilisent le dispositif et permettent des interventions de la même qualité que sur la terre ferme. Enfin, un module Elytron peut s’associer à un ou plusieurs autres modules en fonction du contexte d’emploi.
De quelle manière les théâtres d’opérations ont-ils influencé la conception de l’Elytron ?
Lorsqu’elles sont déployées sur un théâtre, les ARCS doivent être en mesure de s’adapter au terrain quel qu’il soit. Cela suppose de mettre en œuvre du matériel pratique, adaptable et simple. Pour l’Elytron, nous avons ainsi privilégié le mécanique et rejeté l’électrique pour nous affranchir d’une dépendance énergétique et ne compter que sur l’humain.
Si la technologie est importante pour l’équipement médical, le support d’action doit, pour sa part, rester rustique, ce qui engendre quelques défis. L’accès à la plateforme du PPlog située à deux mètres de hauteur, par exemple, demande des ajustements. Pendant les tests, nous avons mené des essais de montée de brancard porté par deux personnels soignants via un prototype de rampe en bois et il est notamment étudié l’ajout d’un système manuel d’aide au brancardage. Ces points de détails sont en cours de développement et seront testés à nouveau lors d’une évaluation technico-opérationnelle programmée en juin 2025 qui validera la configuration de l’ARCS sous l’Elytron.
A moyen terme, le Service de santé des armées disposera d’une capacité chirurgicale sur roues qui constituera la 5e génération d’antenne chirurgicale, extra mobile, pour pouvoir suivre le front partout et rapidement. L’ARCS de demain sera sécable et se déploiera à la fois sous tente et sous conteneur, mais aussi dans des structures enterrées.
Le saviez-vous ? Histoire des antennes chirurgicales
Héritière des « autochirs » de la Marne, des « antennes parachutistes » d’Indochine et d’Algérie, des antennes chirurgicales avancées (ACA) 84 puis 05 présentes sur tous les théâtres d’opérations, l’ARCS constitue la 4e génération d’antennes chirurgicales, avant la version sous l’Elytron.
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