Aide humanitaire et médicale : deux soignants militaires racontent leur intervention au Vanuatu

Direction : Santé / Publié le : 29 janvier 2025

En réponse au tremblement de terre survenu le 17 décembre 2024 au Vanuatu, des soignants militaires du Service de santé des armées ont été projetés en urgence pour venir renforcer le détachement des Forces armées en Nouvelle-Calédonie. Pendant quatre jours, ils ont fourni une assistance aux victimes françaises et européennes. Rencontre avec deux soignants militaires projetés : l’infirmière en soins généraux de 1er grade (ISG1G) Laura et le médecin principal (MP) Jordan.

Aide humanitaire et médicale

Témoignage de l’infirmière en soins généraux de grade 1 Laura H.

« Je suis arrivée enprécurseur, dès le 19 décembre 2024, sur ordre de l’État-major interarmées en Nouvelle-

Calédonie pour réaliser une appréciation de la situation sanitaire sur zone. Dès mon arrivée au Vanuatu, un père de famille s’est spontanément approché de moi, m’expliquant que sa fille de 6 ans était particulièrement traumatisée par les événements. Ils se trouvaient sur une plage en famille lorsque la terre a violemment tremblé, les faisant tomber au sol. La jeune victime, malgré ses difficultés à s’exprimer sur la situation, m’a confié sa peur. J’ai été touchée par sa détresse. L’objectif était de la mettre en confiance et de la rassurer sur son retour en Nouvelle-Calédonie. J’ai également conseillé ses parents afin qu’ils puissent l’aider à surmonter au mieux cette épreuve. Dans nos missions, nous sommes rarement confrontés à la prise en charge d’enfants. Heureusement, pour cette situation, la formation de premiers secours psychologiques en opération s’est révélée utile pour m’aider à accompagner la jeune fille.

En plus du soutien médico-psychologique, nous avons soigné des patients souffrant de traumatismes bénins liés au séisme, tout en restant en mesure de prendre en charge des urgences plus graves. Nous disposions d’un lot initial composé de caisses, comprenant

notamment un lot pédiatrique d’urgence, des produits sanguins labiles, du matériel électronique, un sac d’urgence et un lot oxygène. Une bonne coordination a été essentielle afin de déployer le lot santé. Cette mission m’a confortée dans l’idée que l’entraide et la solidarité, aussi bien entre personnels militaires qu’envers les populations touchées, sont au cœur de notre engagement dans le SSA. Elle souligne également l’importance d’être toujours « prêt au pire » dans l’organisation d’un poste de secours. Ce déploiement illustre la nécessité d’une collaboration étroite avec les différentes forces armées pour garantir l’efficacité et la réussite d’une mission en temps de crise.

Médecin à Vanuatu

Témoignage du médecin principal Jordan L.

« Notre équipe médicale avait pour mission de soutenir les militaires Forces armées en Nouvelle-Calédonie avec lesquels nous étions

projetés, les personnels civils relevant du ministère des Affaires Étrangères, les ressortissants français et de l’Union Européenne et enfin, appuyer les structures médicales du Vanuatu en cas de besoin. Ainsi, nous avons réalisé principalement des consultations de traumatologie, et proposé un soutien médico-psychologique. Nous avons également été appelés en urgence pour examiner un nourrisson de neuf mois qui présentait des convulsions. Notre déploiement s'inscrivait dans un contexte de gestion de crise majeure. Le séisme avait occasionné de lourds dégâts matériels, notamment au centre de la capitale. Les réseaux de communication n’étaient plus fonctionnels. Cette situation dégradée rendait plus difficiles nos missions. Nous devions être en relation avec les services de l’ambassade, unique point de contact des victimes françaises.



Lors de mon déploiement au Vanuatu, j’ai notamment accompagné une jeune rescapée de 7 ans, survivante de l’effondrement d’un immeuble, au cours duquel son grand père est malheureusement décédé. Sa tante me l’a confiée à l’aéroport de Port-Vila. Après nous être présentés, je lui ai expliqué ce qui allait se passer. Elle est restée à mes côtés tout au long du vol. Elle était contente de monter à bord d’un avion militaire. Pour la divertir, je lui ai laissé mon carnet pour qu’elle puisse dessiner ou me montrer les mots qu’elle savait écrire. Arrivés à Nouméa, c’est avec émotion que je l’ai vue sauter dans les bras de sa mère. Cette expérience était d’une grande richesse humaine. Elle m’a également conforté dans l’idée qu’il faut toujours se tenir prêt à être projeté sur court préavis, pour des missions inhabituelles. Cet événement à clairement illustré l’importance d’une collaboration rapprochée entre le ministère des affaires étrangères et les armées ».


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