Nouvel équipement médico-chirurgical DS2-24 : la performance au profit de la Marine nationale
Actuellement embarqué sur le porte-hélicoptères amphibie Mistral pendant la mission Jeanne d’Arc, le nouvel équipement médico-chirurgical, appelé DS2-24, démontre toute son efficacité au cours d’exercices et d’interventions réelles. Il est en cours de déploiement au sein de la Marine nationale. Explications du médecin en chef Fredy Ammar, médecin-major à bord du Mistral.
Rédaction : Virginie Gradella.
Que désigne l’acronyme DS2-24 et à qui ce dispositif est-il destiné ?
DS2-2024 signifie « Dotation Spécialisée numéro 2 » et 2024 correspond à l’année de sa refonte. Concrètement, la DS2-2024 désigne un équipement médico-chirurgical prévu uniquement pour la Marine nationale, au profit des rôles 2 embarqués [ndlr, équipe médicale et paramédicale qui réalise des gestes de chirurgie de sauvegarde et de réanimation en deuxième ligne de front et en milieu maritime]. La composition du matériel de la DS2-24 a été entièrement revue et corrigée pour optimiser sa première version de 2005, insuffisante, et mieux s’adapter aux particularités du milieu maritime en prenant en compte les risques propres à l’environnement naval et à la conduite des opérations (mouvement de mer, isolement, locaux fixes, risque incendies, crash d’aéronefs, survie, mise en œuvre des systèmes de combat…). Cette refonte s’est appuyée sur les travaux récents de modernisation des capacités hospitalières terrestres du Service de santé des armées ayant, de leur côté, abouti à l’antenne de réanimation et chirurgie de sauvetage (ARCS). La DS2-24 arme les bâtiments pouvant accueillir un rôle 2 en mission, soit les trois porte-hélicoptères amphibies et le porte-avions nucléaires Charles de Gaulle. Il existe également des dotations spécialisées pour le laboratoire médical embarqué et pour l’imagerie embarquée.
A quel besoin cette dotation répond-elle ?
La DS2-24 est un outil innovant qui répond premièrement aux exigences d’une évolution du matériel médical depuis 20 ans. Elle permet ensuite d’être à la hauteur de l’enjeu actuel des conflits de haute intensité, qu’ils soient aéromaritimes (soutien de troupes débarquées) ou navals, et caractérisés par la perspective d’un nombre massif de blessés de guerre au combat. La DS2-24 a en effet été conçue pour prendre en charge de nombreux blessés graves en simultané, sur une courte durée. Elle fournit en permanence du matériel biomédical récent et répond à un départ en mission sous faible préavis, sur une période prolongée. L’évolution vers une dotation permanente trouve là tout son intérêt car, « fixée à bord », elle favorise une meilleure réactivité, par opposition avec l’ancienne version alors entièrement livrée avant la mission et qui retournait à terre lorsque celle-ci se terminait.
Quels soins médicaux la DS2-24 permet-elle de prodiguer ?
La dotation arme trois types d’unité : une unité d’accueil et de déchoquage équipée de matériel de monitorage (lits, scope…) et de matériel biomédical (respirateurs, défibrillateurs…) ; une unité de chirurgie de sauvetage (instruments, respirateurs d’anesthésie, table opératoire…) ; une unité de soins intensifs (matériel de réanimation permettant les soins post-opératoires, scope, respirateurs, lits…), l’ensemble étant assorti d’une grande diversité de consommables afin d’être en mesure de traiter bon nombre de cas de figure. La DS2-24 donne ainsi au personnel médical embarqué une capacité de prise en charge de patients nécessitant des soins d’urgence et de déchoquage, mais aussi des prises en charge chirurgicales et des soins post-opératoires complexes, pouvant aller jusqu’à des soins de réanimation. Elle facilite également le traitement spécialisé des pathologies courantes (appendicites, fractures…) d’une population jeune, mixte, sélectionnée et sans comorbidité que représentent les militaires embarqués.
De quelle manière la mission Jeanne d’Arc teste-t-elle la DS2-24 ?
A l’occasion de la mission Jeanne d’Arc 2025, qui se déroule du 24 février à mi-juillet 2025, le PHA Mistral a réceptionné et installé à son bord la nouvelle dotation santé 2-24. Pour rappel, la mission Jeanne d’Arc est un déploiement opérationnel annuel de longue durée, grâce auquel la France assure sa présence dans plusieurs zones d’intérêt stratégique majeur dans le monde. Elle offre un cadre de formation concret, réaliste et de qualité aux officiers-élèves embarqués de l’École navale. Rapidement dès le début de la mission, la DS2-24 a été mise en œuvre pour secourir, en situation réelle, un marin présentant une obstruction des voies aériennes supérieures avec risque de perforation œsophagienne. Le marin opéré a pu être maintenu sur le PHA Mistral grâce au matériel moderne de la dotation. La prise en main de la DS2-24 s’est poursuivie lors d’exercices de maitrise des capacités opérationnelles (MACOPS). Ils ont permis d’entraîner l’équipage à faire face à divers sinistres et à dérouler les actions à mener pour secourir des blessés lors d’une situation de combat. Brancardages dans les coursives et échappées ont ainsi précédé une prise en charge de type « Damage Contrôle » [ndlr, déterminer le plus rapidement possible la gravité des lésions du patient] par le rôle 2. Ces premières utilisations de la DSA2-24 ont confirmé son efficacité et sa pertinence, garantissant la qualité des soins prodigués aux blessés en milieu naval. Elle représente une évolution majeure pour les équipes médicales embarquées, leur offrant un outil moderne et performant.
A la une
[#Conseils santé] Santé mentale : comment bien se préparer psychologiquement avant un départ en mission ?
Communication, anticipation, soutien… plusieurs stratégies existent afin de limiter l’impact du stress et de la cha...
13 juin 2025
Coopération franco-libanaise : un partage de savoirs médicaux
À l’hôpital militaire de Badaro, dans les quartiers de Beyrouth, deux infirmiers militaires du Service de santé des...
12 juin 2025
Exercice Polaris 25 : le soutien médico-opérationnel en mode haute intensité
Le Service de santé des armées renforce son aptitude à soigner en mer lors l’exercice de combat POLARIS 25, qui mob...
12 juin 2025
