Cadets de santé formés à la médecine de guerre : « je veux être préparée et prête à les utiliser »

Direction : Santé / Publié le : 25 mars 2025

À Cugnaux, sur la base du régiment du train parachutiste, 260 étudiants en médecine (2e et 3e cycle) se sont formés à la médecine de guerre. Du 19 au 20 mars 2025, ils ont suivi deux jours d’entraînement intensif : ateliers de formation et sauvetage au combat, animés par le personnel du 11e centre médical des armées de Toulouse. Objectif : former des praticiens civils face aux nouvelles menaces sur le territoire national et susciter des vocations de réservistes, futurs « Cadets de santé ».

Ateliers de formation sur le site du 1er RTP (régiment du train parachutiste) de Cugnaux

Témoignage d’Adrien, 32 ans, Cadet de santé depuis 2023 et étudiant en 6e année de médecine de la faculté de Toulouse

« C’est la troisième fois que j’assiste à ce module et je le trouve toujours aussi instructif. La première fois, en 2023, alors que je n’étais pas encore Cadet de santé, j’y ai découvert l’univers militaire qui m’était inconnu avec sa culture et son organisation mais plus important encore, j’ai pu y appréhender le rôle des armées et du SSA, avec les problématiques médicales associées à la prise en charge du blessé de guerre. Comme beaucoup, je suis bien conscient que la violence ne se cantonne plus à l’autre bout du globe mais peut désormais surgir au pied de chez moi, avec des blessures qui ne sont plus spécifiques aux théâtres de guerre. C’est l’une des raisons pour laquelle j’ai souhaité devenir Cadet de santé, pour bénéficier de l’expertise des armées dans la prise en charge de ce type de blessé, tout en m’engageant et en participant au soutien médical des forces. Durant ces deux jours, j’ai constaté la complémentarité entre les médecines de guerre et civile : les ateliers pratiques ont détaillé les étapes de prise en charge d’un blessé en opération extérieure et, ce faisant, les protocoles militaires et les techniques utilisées, par exemple celles relatives au tri des blessés ou à la gestion des urgences vitales en conditions dégradées. Bien que différents sur certains aspects, ces protocoles et techniques offrent une approche complémentaire à ceux utilisés dans le civil. L’enseignement de ce module de médecine militaire représente une véritable plus-value qui me sera indiscutablement utile dans ma carrière de médecin urgentiste. »

Cadets de santé formés à la médecine de guerre

Témoignage d’Yann, 26 ans, Cadet de santé depuis 2022 et étudiant en 8e année de médecine générale interne au centre hospitalier de Bordeaux

« Ce stage enrichit ma pratique à chaque édition, même si j’espère ne pas avoir à utiliser son enseignement dans le civil. C’est la 4e fois que j’y participe et je recycle systématiquement mes connaissances grâce à de nouvelles conférences et à l’actualisation des doctrines, des protocoles et des techniques, par exemple en matière de gestion des garrots ou d’ouverture des voies aériennes par coniotomie au lieu de l’intubation classique. Je trouve toujours intéressant d’écouter le témoignage de médecins militaires sur leur expérience personnelle du sauvetage au combat. Je viens chercher dans ces stages un point de vue militaire dans l’approche et les méthodes utilisées pour la médecine d’urgence, car elles sont complémentaires à ma formation universitaire de médecin généraliste. J’apprends comment l’expertise militaire peut être transposée au milieu civil, particulièrement à notre époque malheureusement marquée par des risques liés aux attentats, aux catastrophes naturelles et aux situations sanitaires exceptionnelles. Les deux enseignements sont indissociables selon moi et ces stages devraient être dupliqués dans davantage de villes. Ils inculquent aux bénéficiaires, à un moment où ils sont le plus immatures dans leur cursus, deux manières de penser et d’agir qui coexistent et qui grandissent ensemble. »

Ateliers de formation et démonstraitons grandeur nature de sauvetage au combat

Témoignage de Marie, 24 ans, Cadet de santé depuis 2024, étudiante en 5e année de médecine de la faculté de Toulouse

« Cette édition 2025 est ma première en tant que Cadet de santé. J’ai assisté à des interventions passionnantes de professionnels de santé militaires qui ont évoqué leur vécu et les procédures médicales déjà expérimentées sur le terrain. Le volet ateliers pratiques et démonstrations était idéal pour visualiser, se projeter et mieux aborder les spécificités militaires comme les notions de triage ou de damage control. Ces deux journées m’ont surtout permis de constater que les deux médecines, telles qu’elles sont pratiquées dans le civil et dans le milieu militaire, sont deux approches non cloisonnées qui s’enrichissent mutuellement. La collaboration est fondamentale. D’ailleurs, notre cursus universitaire montre cette volonté d’associer un côté militaire à son enseignement puisqu’un nouveau chapitre traitant de la médecine de catastrophe a été ajouté à nos référentiels. Renforcer ces liens, c’est aussi renforcer notre capacité collective à protéger et à soigner, quelles que soient les circonstances. Cette transversalité me correspond et peu m’importe la spécialité que je choisirai pourvu que je fasse partie de ceux qui agissent. L’actualité nous rappelle chaque jour que la stabilité de notre pays et notre confort sont fragiles et que, derrière cette sécurité, il y a des acteurs qui s’engagent pour la préserver. Je veux m’inscrire dans cette action collective et agir contre les nouvelles menaces. Si mes compétences médicales peuvent un jour servir et aider dans une circonstance extrême, je veux être préparée et prête à les utiliser. »

Former des praticiens civils de l’urgence pour répondre aux nouvelles menaces


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