Défilé du 14 juillet 2024 : "La 75e antenne médicale de Fontainebleau détient une expertise dans la médecine de sport"
Parmi les troupes mises à l’honneur lors du traditionnel défilé militaire du 14 juillet, le Service de santé des armées (SSA) descendra l’avenue Foch après dix jours de préparation intense. Une configuration inédite pour un bloc atypique, dirigé par le médecin en chef Marianne Millet-Luft, à la tête de la 75e antenne médicale de Fontainebleau. Décryptage d’un défi collectif, en pleine semaine de répétition.
Rédaction : Virginie Gradella , https://latelierdumot.fr/
A quelques jours du défilé militaire des troupes au sol, quelle est l’actualité du bloc SSA ?
Depuis le 5 juillet et jusqu’au jour J, le bloc SSA vit une semaine exceptionnelle d’entraînement assidu à Satory. L’une de ses particularités est de ne pas être une unité constituée, mais un groupe (re)constitué de 86 officiers, sous-officiers et militaires du rang, d’active et de réserve tous volontaires, qui viennent de multiples régions de France. Ce mélange éclectique a vocation à démontrer la diversité et la complémentarité des métiers du SSA, maillons indispensables de la chaîne du soutien médical où le travail d’équipe est clef. Par la même occasion, il pose également la difficulté de faire défiler ensemble des personnes qui ne se connaissent pas. D’où ces dix jours d’entraînement qui représentent une mission de préparation intense avec une fatigue aussi bien physique que psychologique. Physique parce que les troupes piétinent et marchent à longueur de journée, psychologique parce que ce spectacle protocolaire représente beaucoup de pression. Nous serons jugés par les autorités et par les millions de téléspectateurs sur les 30 secondes pendant lesquelles nous passerons devant eux ou apparaîtrons à l’écran, et c’est une pensée aussi stimulante que stressante.
En quoi le changement d’adresse du défilé de la Fête Nationale est-il un défi ?
Cette nouvelle configuration change tout en matière de placement, de distance à parcourir et de virage devant la tribune présidentielle. L’espace alloué au défilé sur l’avenue Foch est plus étroit que sur l’avenue des Champs Élysées, ce qui rend le final – le célèbre virage tribune – plus complexe. Normalement, il se réalise sur la place de la Concorde qui autorise un virage ample et relativement éloigné de la tribune. Cette année, le virage s’exécute beaucoup plus près, et à presque 180°, ce qui rendra plus visibles d’éventuels défauts. Heureusement, nous avons la chance d’avoir dans nos rangs un major expérimenté, qui a déjà préparé plusieurs fois le bloc SSA à défiler. Sa contribution est d’autant plus précieuse que la mixité même du bloc SSA engendre une difficulté supplémentaire. Certains militaires, les réservistes par exemple, n’ont jamais défilé de leur vie. De plus, les officiers défilent en épée, les autres en FAMAS. Nous avons donc dû organiser des rangs séparés, en toit inversé : trois rangs d’officiers et cinq rangs de sous-officiers et de militaires du rang. Les mélanger serait aussi dangereux qu’inesthétique visuellement.
« Nous travaillons donc sur l’homogénéisation, la cadence, l’alignement, le mouvement des bras et le port de tête, qui doivent être impeccables. On attend de nous la démonstration d’une exigence identique à n’importe quelle autre unité. »
Pourquoi l’un des deux thèmes de cette édition, l’Olympisme et les armées, revêt-il une importance particulière à vos yeux ?
D’une part, parce que mon unité, la 75e antenne médicale de Fontainebleau du 2e centre médical des armées détient une expertise dans la médecine du sport. C’est un domaine qui se développe, dans le milieu civil comme dans le milieu militaire et qui est indispensable au quotidien dans les armées, tant sur la préparation opérationnelle des forces que sur la prise en charge du blessé, dans toutes les étapes de son accident jusqu’à sa réhabilitation. Le sport a démontré son rôle crucial dans la reconstruction des blessés militaires, sur le plan physique et psychologique. C’est un domaine qui est porté par les armées, notamment grâce au Plan Blessés 2023-2027.
D’autre part, le sport porte des valeurs qui se rapprochent de celles des armées comme l’engagement, la combativité, la cohésion, le dépassement de soi et la force du collectif. Le sport de haut niveau dans les armées est une belle représentation de notre institution et participe au lien armées-Nation. C’est une grande chance de pouvoir être mis à l’honneur sur cette thématique pour l’édition 2024.
La 75e antenne médicale joue donc un rôle important pour le sport au sein des armées ?
La 75e antenne médicale se compose d’équipes formées aux différents aspects de la médecine du sport (traumatologie, suivi réglementaire du sportif, soutien de compétitions, prévention) et dispose du seul plateau technique d’explorations fonctionnelles du sportif disponible en antennes. Ce plateau est équipé de matériels de test VO2max (ou consommation maximale d’oxygène), un indicateur de performance pour les sports d’endurance qui permet de déterminer des valeurs utiles à l’entraînement du sportif et de suivre sa progression. Il dispose également d’un équipement d’isocinétisme, efficace pour identifier les déficits musculaires et entreprendre un rééquilibrage afin de réduire le risque de blessures.
« Le sport porte des valeurs qui se rapprochent de celles des armées : l’engagement, la combativité, la cohésion, le dépassement de soi et la force du collectif. Le sport de haut niveau dans les armées est une belle représentation de notre institution »
Notre localisation géographique dans l’enceinte du camp Guynemer, où est abrité le Centre National des Sports de la Défense (CNSD), est également un atout puisqu’elle nous positionne au plus proche des sportifs militaires. Nous assurons ainsi le suivi d’aptitude des athlètes de haut niveau, le soutien médical des équipes de France militaires toutes disciplines, en stage au CNSD comme en compétition en France ou à l’étranger. Nous participons à la formation des futurs moniteurs de sport sur de nombreux sujets (compléments alimentaires, prévention des lombalgies, sport en conditions extrêmes, commotion cérébrale…) et à la reconstruction des blessés par le sport, qui va se concentrer dès 2025 sur le site du CNSD grâce au village des blessés.
Cette édition 2024 est-elle une première expérience de défilé militaire ?
Non, j’ai défilé il y a 20 ans, à la fin de ma première année d’étude. Pour cette édition en revanche, je marcherai à la tête du détachement, juste devant le fanion et sa garde. C’est un honneur pour moi de mener le bloc SSA et de représenter le Service, en particulier sur ce thème. Ça l’est aussi pour les militaires qui m’accompagnent car les places sont comptées et ce n’est pas une expérience qui est offerte à tout le monde. A mes yeux, le bloc SSA qui défile, c’est le symbole d’une communauté forte et riche par sa diversité. Je défilerai avec une grande fierté et beaucoup d’émotions.
Un peu d’histoire sur l’avenue Foch
D’une longueur de 1,3 km, l’avenue Foch est l’une des plus prestigieuses et des plus chères de la capitale. C’est aussi la plus large (125 m). Surnommée « avenue de l’impératrice » en l’honneur d’Eugénie, elle apparaît en 1854 à la suite des travaux du baron Haussmann pour offrir un accès prestigieux au bois de Boulogne. Elle devient rapidement l’une des promenades préférées des riches Parisiens, qui entendent s’y montrer : les défilés de calèches y sont incessants ! Bordée de pelouses et agrémentée de luxueux hôtels particuliers, l’avenue Foch relie la Porte Dauphine à la place de l’Etoile, où convergent onze autres prestigieuses avenues autour de l’Arc de Triomphe. Le défilé militaire de la Fête Nationale se déroule sur l’avenue Foch pour la deuxième fois dans l’Histoire française, la première fois étant en 1979
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