D’un bataillon à l’autre…Le trail de l’infirmière militaire Lucile relève d’une épopée

Direction : Santé / Publié le : 14 décembre 2023

Rejoindre à pied le bataillon de chasseurs alpins d’Annecy depuis le bataillon de marins pompiers à Marseille. C’est le défi que l’adjudant-chef Lucile, infirmière en soins généraux de 1er Grade, s’est lancé cet été pour marquer son changement d’affectation, une transition symbolique à plusieurs égards. Témoignage.

L'infirmière militaire Lucile relève d’une épopée. © SSA/Défense

550 km, 28 000 m de dénivelé positif, 13 jours. Le trail de l’adjudant-chef Lucile pour rejoindre sa nouvelle affectation en Haute-Savoie depuis les Bouches-du-Rhône, relève de l’épopée, une aventure à la hauteur de son attachement pour les deux unités. « Mon passage chez les marins pompiers fut très riche tant au plan personnel que professionnel, je savais qu’il serait difficile de les quitter ; d’un autre côté, je partais pour un bataillon qui me faisait rêver depuis de nombreuses années et qui me correspond parfaitement puisque je me sens dans mon élément à la montagne », explique-t-elle.

« Mon passage chez les marins pompiers fut très riche , je savais qu’il serait difficile de les quitter ; je partais pour un bataillon qui me faisait rêver et qui me correspond parfaitement puisque je me sens dans mon élément à la montagne. »

Lucile

  • Infirmière militaire.

Par ce challenge sportif, la jeune femme marque cette transition et rend un hommage symbolique aux deux entités. Sa course débute le 12 août 2023, lendemain de sa dernière garde en Provence, et se termine le 24 août, accueillie par ses futurs collègues sur les derniers 20 km. Entre le point de départ et d’arrivée, un périple en semi autonomie avec le ciel pour toit, des arrêts dans les villages pour se nourrir et des bains de rivière en guise d’ablutions. Les journées s’étirent entre 7h et 21h, étapes de 42 km et 2000 m de dénivelé positif en moyenne. Les ampoules, la déshydratation et parfois l’épuisement sont au rendez-vous, mais jamais le découragement ni la solitude. « J’aime marcher, me retrouver avec moi-même, m’apercevoir que je peux me suffire à soi-même et me faire confiance pour avancer, confie-t-elle. Je me sens en paix dans les hauteurs. »

Il est vrai que la magnificence des paysages est stimulante. Elle traverse des villages pittoresques, installe son bivouac dans des spots vertigineux, longe des lacs à couper le souffle, grimpe des massifs renommés et leurs sommets emblématiques. Extrait de son journal de bord : « J10. La journée la plus difficile, la plus technique, la plus longue… mais aussi la plus belle. En plein cœur de Belledonne, je quitte le lac de Crozet pour attaquer l’ascension vers le refuge du Collet. Chamois et marmottes me saluent au passage. » Elle est aussi régulièrement reboostée par quelques rendez-vous avec des amis, qui la rejoignent ponctuellement pour un restau, une glace, partager des vivres. « L’amitié comme carburant », sourit-elle.

Lucile attaque l’ascension vers le refuge du Collet © SSA/Défense

Un leitmotiv qui guide ses pas car la jeune militaire n’a pas couru que pour elle. Elle a donné un sens supplémentaire à cette aventure en courant pour la lutte contre le cancer. Flashback. Lucile découvre le trail à son arrivée à Marseille, cinq ans auparavant. « Le déclic pour ce sport a coïncidé avec la perte d’une amie chère, raconte la jeune athlète. Ce fut très difficile d’accepter ce décès, je n’étais pas bien dans ma tête et c’est le trail qui m’a aidée à dépasser ces moments douloureux ».

Le trail comme thérapie, un ressenti qu’elle partage alors avec un collègue marin pompier, Brice Lombard, atteint d’un cancer et fondateur de l’association Fuck Cancer, aujourd’hui tous deux disparus. Pour lui rendre hommage, ainsi qu’à son amie qui travaillait au sein du service d’oncologie de l’hôpital Desgenette, elle porte le tee-shirt Fuck Cancer tout au long de son ascension. Elle en profite pour créer une cagnotte en ligne. Objectif : récolter des dons au profit de l’institut Paoli-Calmettes, spécialisé dans la recherche « pour faire reculer cette sale bête de crabe » ainsi qu’elle surnomme la maladie. Grâce à sa page Instagram #dunbataillonalautre et à sa détermination, Lucile récolte un total de 41 dons soit 1750€ reversés à l’institut.

Aujourd’hui, l’adjudant-chef Manin explore les sommets savoyards. L’émotion est redescendue d’un cran mais pas son énergie. Elle n’a qu’une envie, « trouver un autre défi, encore plus fou ! ».

Info en plus

Retrouvez les aventures de Lucile sur son compte Instagram.

Instagram #dunbataillonalautre

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