Le ravitaillement médical : « Livrer le bon produit, au bon endroit et au bon moment »

Direction : Santé / Publié le : 06 septembre 2024

Après sa cérémonie d’adieu aux armes sur le camp militaire de Chanteau (45), vendredi 6 septembre 2024, le pharmacien général inspecteur Pascal Favaro, ancien directeur de la direction des approvisionnements en produits de santé des armées (DAPSA), porte un regard sur ces six années passées à la tête de la composante Ravitaillement Médical. Entretien.

Propos recueillis par Céline Limousin

Cérémonie d’adieu aux armes du pharmacien général inspecteur Favaro, ancien directeur de la DAPSA © DAPSA

Quel regard portez-vous sur vos six années à la tête de la direction des approvisionnements en produits de santé des armées (DAPSA) ?

Pharmacien général inspecteur Favaro – C’est la remontée en puissance de notre composante Ravitaillement médical. Pendant mon commandement, j’ai connu deux périodes très différenciées. Avant crise Covid-19, la période de déflation comme pour l’ensemble du Service de santé des armées ; et l’après Covid-19, la remontée en puissance de notre composante avec l’attribution conséquente de budgets de fonctionnement, d’équipements et d’infrastructures et des redotations en ressources humaines.

Quels ont été les projets que vous avez impulsés pendant votre mandat ?

Un des dossiers marquants a été de monter une préparation opérationnelle pour les personnels qui vont armer les unités de distribution en produits de santé (UDPS) en opérations extérieures et en outre-mer, notamment les pharmaciens militaires. C’est une satisfaction d’avoir réussi à créer cette formation spécifique, validée par l’Académie de Santé des armées. Ce fut un travail de longue haleine. Les formations ont enfin débuté en 2024 et pendant une semaine elles visent à préparer nos personnels, particulièrement les pharmaciens et les préparateurs en pharmacie aux réalités du terrain avec leurs spécificités techniques.

Un autre dossier phare est d’avoir réussi à obtenir pour la DAPSA le statut d’établissement pharmaceutique de distribution en 2022, répondant ainsi à une injonction de l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).

Ce qui caractérise la fonction Ravitaillement Médical au sein du Service de santé des armées, c’est que vous disposez de votre propre chaine de production de produits pharmaceutiques. Est-ce unique en son genre ?

C’est justement tout l’intérêt d’avoir une chaîne intégrée. Le Service de santé des armées dispose ainsi d’une chaine du ravitaillement médical complète, qui va de la fabrication de médicaments adaptés aux besoins opérationnels grâce à la pharmacie centrale des armées jusqu’aux capacités de stockage et de distribution au sein des établissements de ravitaillement sanitaire à Marolles et à Marseille. Nous avons également notre propre capacité d’achats à travers la plateforme Achat Finance santé – qui s’est révélée très utile pendant la crise Covid-19-. L’autonomie en production de produits sanguins est assurée via notre centre de transfusion sanguine des armées, indispensable au soutien sanitaire en opérations extérieures ; et enfin, je terminerai par la capacité de maintien en condition opérationnelle de nos équipements biomédicaux et techniques. Je souligne que nos techniciens de maintenance sont formés à intervenir sur quasiment l’ensemble de notre parc technique et nos équipements projetés et également en dotation dans les centres médicaux des armées. Toutes ces entités, qui se complètent, n’ont qu’un seul but : avoir une autonomie, une indépendance et une résilience en cas de crise pour assurer toutes les missions nécessaires au soutien médical des forces armées en vue de livrer le bon produit, au bon endroit et au bon moment.

La feuille de route 2024-2030 du Service de santé a été déployée en début d’année 2024. Pour vous, quelles ont été les priorités pour la composante « Ravitaillement médical » ?

Je citerai deux grandes priorités. D’abord faire évoluer les établissements en terme de productivité au regard de leurs capacités actuelles dans tous les domaines, que ce soit en volume de fabrication, en constitutions d’unités médicales opérationnelles, de distribution, d’achats, etc. pour faire face à un engagement majeur et de haute intensité de nos forces. Puis garantir la résilience de toute la composante afin de poursuivre l’activité quelles que soient les circonstances, pour éviter des ruptures dans le ravitaillement des produits de santé qui seraient préjudiciables à la prise en charge de nos malades et blessés.


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