Lancée en mars 2025, Vortex est une formation ludique et réaliste pour répondre aux réalités de la transfusion sanguine en missions extérieures. Plongés au cœur d’un scénario réaliste, les futurs soignants du Service de santé des armées se mettent dans la peau d’un médecin ou d’un infirmier. Objectif : sauver la vie d’un militaire blessé en choc hémorragique sur le théâtre d’opérations. Une mission qu’ils devront réussir, notamment, en pilotant une collecte de sang, en contexte d’urgence.

 « La proposition d’une formation numérique en distanciel était nécessaire pour toucher le plus d’apprenants possible », explique le médecin en chef (MC) Sandrine, médecin biologiste à l’hôpital national d’instruction des armées Sainte-Anne, à Toulon, et conceptrice de VORTEX.

Consciente de l’ampleur du défi, le médecin biologiste a sollicité deux médecins anesthésistes-réanimateurs de l’hôpital militaire toulonnais. Dès 2018, ils ont travaillé avec divers experts, dont le Centre de transfusion sanguine des armées et l’Institut Méditerranéen des Sciences de l’information et de la communication pour avancer sur la conception ce projet ambitieux.

Une fois la conception finalisée, l’enjeu est devenu financier. En 2021, les porteurs du projet ont présenté leur initiative à l’Agence de l’innovation de défense (AID), qui y a vu un fort potentiel. Le choc hémorragique est, en effet, la première cause de décès évitable au combat. « Nous avons finalement reçu le soutien financier de l’AID, le 17 novembre 2021 », se souvient le MC Sandrine.

Un jeu en 3 phases

VORTEX se découpe en trois parties. Dans un premier temps, les apprenants doivent répondre à deux questionnaires ludiques pour évaluer leurs connaissances. Ce préambule est une étape obligatoire, qui ouvre les portes du scénario principal du serious game, la deuxième étape du parcours.

Les soignants militaires se retrouvent en immersion totale dans un scénario de mission extérieure, où l’arrivée soudaine d’un blessé hémorragique vient bouleverser la situation initiale. Design en 3D et interface intuitive, le serious game VORTEX reprend les codes classiques des jeux vidéo les plus célèbres, en y intégrant la pédagogie et l’aspect éducatif nécessaires à une formation ludique.

Dans la peau d’un médecin ou d’un infirmier, rattaché au rôle 1 ou 2, selon leur spécialité, les apprenants doivent, en trente minutes en moyenne, évaluer la situation et prendre les décisions essentielles au traitement du blessé. « L’objectif est qu’ils arrivent à mettre en place les éléments nécessaires, notamment dans la collecte de sang total d’exception, pour sauver la vie du blessé », résume la MC Sandrine.

Chaque choix leur apporte ou leur fait perdre des points. « Les apprenants peuvent observer leur score en haut, à droite de leurs écrans pour les motiver », décrit la médecin en chef.  Pour renforcer l’aspect interactif du jeu, des boîtes de dialogues contenant des commentaires de formateurs apparaissent ponctuellement sur les écrans pour expliquer certaines manœuvres.

A l’issue du serious game, les apprenants entament la troisième partie sous forme de mini-jeux pédagogiques pour parfaire leurs acquis. La conceptrice précise que l’ensemble de ces outils pédagogiques restent disponibles en ligne. « Les personnels peuvent revenir sur le scenario ou les mini-jeux quand ils le souhaitent ». Enfin, deux questionnaires – l’un de connaissances et l’autre de satisfaction – ainsi qu’une attestation de participation scellent leur formation VORTEX.

Plus de scénarios

Face à la menace d’un conflit de haute intensité, la formation VORTEX entend former un maximum d’apprenants, aux profils hétérogènes. « C’est un projet créé presque sur-mesure pour s’adapter aux niveaux variés des personnels et s’ouvrir à tout type de public impliqué dans la prise en charge transfusionnelle », explique la conceptrice.

L’intérêt de la formation réside également dans l’apprentissage progressif. En plus du scénario principal, les apprenants ont accès à de courtes vidéos de tutoriels sur les gestes et les manipulations techniques spécifiques à la collecte de sang total en situation d’exception, ainsi qu’aux documents de référence qui sont en consultation libre.

 « Selon leurs connaissances, ils peuvent sauter ces étapes ou les revoir plusieurs fois pour ancrer le savoir », explique le MC Sandrine. Une caractéristique qui assure le succès de la plateforme. Le serious game a notamment été présenté lors de la 1er Journée de recherche de l’hôpital national d’instruction des armées Sainte-Anne, le 20 mars 2025.

Depuis le lancement officiel de la formation, en mars 2025, une dizaine de personnels du Service de santé des armées ont déjà eu l’occasion de tester le serious game VORTEX, accessible sur la plateforme de Gestion d’enseignement à distance de l’Académie de santé des armées (ACASAN). « Les premiers apprenants à avoir testé le jeu sont unanimes sur l’utilité de cet outil et la plus-value qu’il apporte dans le monde des formations, assure la conceptrice. Le modèle du serious game constitue un sérieux atout pour l’apprentissage grâce aux interactions qu’il inclut ». Et d’ajouter : « Certains affirment que cette formation pourrait être un outil de rappel efficace en opérations extérieures ».

D’ailleurs, les concepteurs annoncent déjà les prochaines évolutions du VORTEX. Ils envisagent d’enrichir le serious game en intégrant de nouveaux scénarios. « Les personnels pourraient avoir un parcours différent en fonction de leur profession afin d’ajouter une complexité dans le jeu », projette la médecin en chef. Le serious game pourrait être agrémenté d’une dimension plus pratique, en complément de la formation virtuelle. Selon la MC Sandrine, « en transfusion sanguine, la manipulation est essentielle pour maîtriser totalement le geste ».