3e séminaire des référents enseignement défense : paroles de référents

Direction : SGA / Publié le : 03 juin 2024

La troisième édition de ce séminaire a eu lieu lundi 3 juin à Balard, en présence du général de corps d’armée Givre, directeur du service national et de la jeunesse, et des représentants du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Découvrez les témoignages de Gauthier Aubert et Sophie Cros, tous deux référents enseignement de défense.

Le général de corps d'armée Pierre-Joseph Givre au séminaire des REDS, à Balard © ECPAD

Le général de corps d'armée Pierre-Joseph Givre au séminaire des REDS, à Balard

Mis en place à partir de la rentrée universitaire 2008-2009, les référents enseignement de défense et de sécurité nationale (REDS), ont pour mission de mener des actions de sensibilisation aux enjeux de défense et de sécurité au sein des établissements d'enseignement supérieur. Nommés par chaque président d'université ou d'école, ils promeuvent les études et la culture de défense, font connaître aux étudiants les possibilités de s'investir au profit de cette dernière et favorisent la prise en compte des sujets de défense dans les cursus de recherche.

 

Gauthier Aubert : « les forces armées ont besoin d'être soutenues de multiples façons par la Nation » 

Professeur d’histoire moderne à l’université de Rennes 2, formé à l’IHEDN, Gauthier Aubert est référent enseignement de défense. Pour l’enseignant et écrivain, sensibiliser la jeunesse aux enjeux de défense en partenariat avec les armées est essentiel pour former des citoyens éclairés et les métiers de demain.

Gauthier Aubert, Professeur d’histoire moderne à l’université de Rennes 2 © Gauthier Aubert

Gauthier Aubert, Professeur d’histoire moderne à l’université de Rennes 2

Gauthier Aubert, Professeur d’histoire moderne à l’université de Rennes 2

Gauthier Aubert , comment définiriez-vous votre rôle et vos missions en tant que référent enseignement de défense et sécurité nationale (REDS) ?

Gauthier Aubert : Mon rôle est de favoriser les passerelles entre mon université et les armées. Je suis d’abord et avant tout enseignant. Il s’agit donc de collaborer avec les officiers de l’État-major de la Zone de défense chargés des partenariats avec l’Enseignement supérieur. Ils jouent un rôle déterminant dans l’organisation de différents événements. Ensemble, nous œuvrons pour la sensibilisation des équipes pédagogiques aux enjeux de défense. Cela passe, par exemple ces deux dernières années, par l'organisation d'un « petit déjeuner de la défense » au cours duquel le général Michon, commandant de la zone, a exposé les enjeux actuels de défense pour les enseignants et a répondu à leurs questions.

Cela passe aussi par le fait de faire connaître auprès des enseignants les formations pluridisciplinaires proposées sur la thématique « défense et sécurité internationale » (DSI), que tous ne connaissent pas. Par exemple, notre master "Géopolitique Défense" étant jeune et accessible uniquement dans le cadre d'une bi diplomation avec un autre master, il importe de le faire connaître auprès des équipes pédagogiques des autres masters. Elles peuvent avoir des étudiants qui veulent le suivre tout en étant aussi en histoire, géographie (SIG* en particulier), STAPS*, psychologie, communication, droit ou autre.

Faire connaître ces formations passe aussi par leur présentation aux étudiants. Cela débouche souvent, au-delà des présentations collectives, sur un échange individuel quant à leur projet : l’étudiant est-il « juste » curieux des enjeux de défense (ce qui déjà très bien et parfaitement légitime) ? cela se lie-t-il à un projet de devenir réserviste ? de s'engager ? de passer un concours ? A mi-chemin entre le service d'orientation de l'université et le CIRFA* ou le CIR*, le REDS est aussi là, me semble-t-il, pour conseiller les étudiants sur le meilleur parcours en fonction de leurs centres d'intérêt et de leur projet. Pour toutes ces tâches je bénéficie du soutien actif d’un de mes collègues réserviste opérationnel, qui occupait d’ailleurs la fonction de REDS avant moi.

*Système d'information géographique ; *Sciences et techniques des activités sportives ; *Centre d'information et de recrutement des forces armées ; *Centres d'information et recrutement (de la Gendarmerie).

Concrètement, comment les REDS contribuent-ils à développer l’esprit de défense auprès de la jeunesse ?

G.A : Nous contribuons à l'organisation, en lien avec l’État-major de Rennes, d'un cycle de conférences annuel, « Les cafés stratégiques ». Le dernier en date qui s'est tenu à Rennes 2, sur les racines historiques du conflit en Ukraine, par M. Mouchard, professeur au département de russe, a rencontré un vif succès. En 2021, nous avons aussi organisé un colloque intitulé « Quelles ambitions françaises pour une défense européenne ? » à l’IEP et à Rennes 2 en lien avec de nombreux partenaires locaux. Nous réfléchissons à une autre manifestation de ce type.

Par ailleurs, nous contribuons à développer cet esprit de défense à travers les formations que nous proposons. À côté des cours, nous organisons des rencontres avec des personnels de la défense et des visites sur sites. Nous proposons également aux étudiants de faire en Licence des PMD*, validées comme stage. Des étudiants ont aussi été accueillis cette année comme stagiaire au CReQ Saint-Cyr. Nous avons été avec les étudiants au DAAT*, à l’EM de la Gendarmerie de Bretagne, au 11e RAMA, à l’École des transmissions et l’Espace Ferrié, à Coëtquidan, à l’État-major de défense pour une initiation à la MEDOT* et à l’hôtel de commandement où nous avons été reçus par le général Michon. Son adjoint, le général Couëtoux, est quant à lui venu donner une conférence sur le campus. Nous incitons aussi les étudiants à se rendre aux conférences organisées par l’IEP, Ouest France ou l’État-major de la zone de défense en lien avec l’IHEDN.

*Préparation militaire découverte ; *Détachement avions de l'armée de terre ; *Méthode d'élaboration d'une décision opérationnelle tactique.

En quoi la sensibilisation aux enjeux de défense est-elle importante dans l’enseignement supérieur ?

G.A : Une université comme Rennes 2, c'est un peu "le métro à 6h du soir" : nous avons des étudiants de tous les horizons et de toutes les sensibilités, aux compétences et projets variés mais qui tous, comme citoyens, doivent être éclairés sur les grands enjeux contemporains et leur implication, qui peut être d'ailleurs directe : sans même aller jusqu'à parler des perspectives graves qu’offre notre monde en ébullition, pensons simplement aux cyberattaques.

Les forces armées ont besoin d'être soutenues de multiples façons par la Nation. Les universités, c'est la jeunesse : les métiers, les professeurs et les chercheurs, les journalistes, les cadres de demain. Nous œuvrons donc à trois niveaux : sensibiliser le plus grand nombre possible aux grands enjeux, suggérer à ceux qui le veulent un engagement dans le cadre de la réserve, et enfin aider certains à discerner sur leur projet de s'engager dans les armées et les aider dans ce cas à réussir cette ambition. L'ensemble de ces trois axes créée une synergie positive, dans la mesure où nous travaillons dans une parfaite relation de confiance et un respect mutuel avec les militaires.

*Gauthier Aubert est réserviste citoyen rattaché à la DMD d’Ille-et-Vilaine.

Sophie Cros : « la sensibilisation aux enjeux de défense permet de former des citoyens éclairés et responsables »

Professeur des universités en sciences de gestion à l’Institut supérieur d'études logistiques du Havre, Sophie Cros est référente enseignement de défense. Pour l’enseignante, comprendre les questions de défense et de sécurité est essentiel pour se développer un esprit critique et du discernement face à la massification de l’information.

Sophie Cros, Professeur des universités en sciences de gestion à l’ISEL du Havre © Sophie Cros

Sophie Cros, Professeur des universités en sciences de gestion à l’ISEL du Havre

Sophie Cros, Professeur des universités en sciences de gestion à l’ISEL du Havre

Sophie Cros , comment définiriez-vous votre rôle et vos missions en tant que référente enseignement défense (REDS) ?

Sophie Cros : Le référent défense est une interface entre son établissement d’enseignement supérieur et le monde militaire. Il facilite les échanges entre ces deux univers, promeut des formations au sein des forces armées. Il doit être en mesure de répondre aux questions des étudiants et du personnel de son établissement pour toute demande de contact, une formation, un parcours, etc… militaires.

En quoi la sensibilisation aux enjeux de Défense est-elle importante dans l’enseignement supérieur ?

S.C : Elle permet de former des citoyens éclairés et responsables. Les étudiants doivent comprendre les questions complexes de Défense et de sécurité nationale pour prendre des décisions éclairées sur des sujets qui les touchent directement. Ils doivent développer leur discernement et un esprit critique face à l’information, notamment en ce qui concerne les menaces et défis auxquels la société est confrontée. Face à la massification de l’information et des réseaux sociaux, le choix de sources fiables est essentiel.

Cette sensibilisation prépare aussi les étudiants à une implication citoyenne active. L'enseignement supérieur peut les inciter à contribuer à la sécurité et à la Défense de leur pays. Par leur engagement dans un service militaire volontaire (SMV), une participation à des associations de Défense ou mémorielle, ou tout simplement, par un vote éclairé lors d’élections.

Elle leur est utile pour développer des compétences précieuses sur le marché du travail. De nombreuses compétences acquises grâce à la sensibilisation à la Défense sont recherchées par les employeurs dans divers secteurs. Parmi elles, la résolution de problèmes, le travail en équipe, l'adaptabilité, la communication de crise.

L'enseignement supérieur peut jouer un rôle important dans le renforcement du lien Armée-Nation, en sensibilisant les étudiants aux missions et valeurs des forces armées. En 2014, j’ai initié un partenariat universités-ministère des Armées pour renforcer ce lien. Nous avons, Éric Barrault, Professeur agrégé d’Histoire et moi-même, rédigé une convention entre ces deux partenaires. Elle permettait aux universités d’obtenir le label « partenaire de la Défense nationale » pour leurs événements. En échange, elles s’engageaient à donner leur accord pour les absences du personnel et des étudiants mobilisés lors de la réserve citoyenne ou opérationnelle. L’université Paris 1 Panthéon Sorbonne était la première signataire.

Contribuer à une société plus résiliente. L’IHEDN a publié, en 2017, un rapport intitulé « Résilience d’une Nation. Y a-t-il une place pour le citoyen dans la sécurité de notre pays ? », sous la direction de Nelly Fesseau. J’avais contribué à la rédaction de la section enseignement supérieur avec Eric Barrault, sous la forme d’une série de propositions. La sensibilisation à la Défense peut jouer un rôle en éduquant les citoyens sur les risques potentiels et en les préparant à réagir en cas de crise.

Concrètement, comment les REDS contribuent-ils à développer l’esprit de Défense auprès de la jeunesse ?

S.C : Concrètement, nous tenons, mes collègues et moi-même, un état des lieux des formations et des centres de recherche actifs sur les questions de Défense et de sécurité nationale. Nous assurons aussi la promotion et la création d’unités d’enseignement libre (UE) « Défense et sécurité nationale ».

Notre mission consiste également à informer les étudiants et le personnel sur les possibilités de s’engager pour la Défense : réserve militaire, sessions jeunes de l’IHEDN … chaque année, nous organisons au sein de l’établissement la Journée nationale du réserviste.

Les REDS favorisent la prise en compte, dans les cursus disciplinaires, des problématiques de Défense et de sécurité nationale. Ils informent les étudiants sur les possibilités d’étudier les questions de Défense et de sécurité, et sont l’interface entre les établissements et les autorités militaires, le trinôme académique, l’ensemble des acteurs intervenant dans le champ de l’esprit, de la mémoire et de la culture de Défense.

Enfin, nous favorisons la recherche en matière de Défense nationale et de sécurité, la création d’échanges entre chercheurs, l’organisation de colloques et de rencontres.

Mis en place à la rentrée universitaire 2008-2009, les référents enseignement de défense et de sécurité nationale (REDS), ont pour mission de mener des actions de sensibilisation aux enjeux de défense et de sécurité au sein des établissements d'enseignement supérieur. Nommés par chaque président d'université ou d'école, ils promeuvent les études et la culture de défense, font connaître aux étudiants les possibilités de s'investir au profit de cette dernière et favorisent la prise en compte des sujets de défense dans les cursus de recherche.

Le général de corps d'armée Pierre-Joseph Givre, directeur du service national et de la jeunesse © ECPAD

Le général de corps d'armée Pierre-Joseph Givre, directeur du service national et de la jeunesse

Le 3e séminaire des référents enseignement défense et sécurité nationale, à Balard

Le 3e séminaire des référents enseignement défense et sécurité nationale, à Balard

Le colonel Colombani, Centre de Planification et de Conduite des Opérations (CPCO)

Le 3e séminaire des référents enseignement défense et sécurité nationale, à Balard

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