Le CEMAT célèbre la saint Georges
Le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill, a présidé la célébration de la saint Georges, saint patron des cavaliers. Cette année marque le bicentenaire de la présence de l’École de cavalerie à Saumur. Pour l’occasion, le CEMAT a prononcé l’ordre du jour devant les cavaliers présents.
Ordre du jour du CEMAT pour la saint Georges
Officiers, sous-officiers, brigadiers-chefs et caporaux-chefs, brigadiers et caporaux, trompettes, cavaliers, cuirassiers, dragons, chasseurs, hussards, spahis, tankistes, légionnaires et marsouins de la cavalerie de l’armée de Terre,
L’école de cavalerie tient garnison à Saumur depuis 1825. Les cavaliers y ont établi leur maison mère sur les bords de Loire depuis deux siècles. L’école et la ville y ont lié leur destin. L’architecture comme l’histoire en témoignent. Leur union s’est scellée en juin 1940 lorsque les cadets ont tenu les ponts sur la Loire pour ralentir l’avancée de deux divisions allemandes. Au nom du devoir et de l’honneur, ils se sont battus jusqu’à l’extrême limite de leurs forces.
L’histoire de la cavalerie est celle de l’armée française, dont elle constitue l’atout décisif. Elle a pour finalité de renseigner, de couvrir, de percer et d’exploiter. Elle le fait avec vitesse, se déployant sur de larges espaces. Elle le fait avec puissance, concentrant le choc au point décisif. Elle est un élément clé de la manœuvre : la combinaison du feu et du mouvement est sa force. Elle est l’arme dont l’allonge et l’initiative déséquilibrent l’ennemi : elle est celle dont l’intervention emporte la victoire.
La guerre est revenue en Europe et au Proche-Orient. Ses réalités s’imposent à nous. Le char est présent sur tous les champs de bataille. Il est employé par l’armée russe en Géorgie en 2008 pour intervenir en Ossétie du Sud, par l’armée azerbaïdjanaise en 2020 dans la province du Haut-Karabagh, par les armées russes comme ukrainienne depuis 2022. Il l’a été par l’armée israélienne dans la bande de Gaza en 2024 et au Sud-Liban en 2025. A première vue, rien n’a changé. La cavalerie offre aux brigades et divisions qui l’emploient le renseignement, la vitesse, l’allonge et le choc au contact. Elle incarne la détermination sur le champ de bataille. Elle est un élément de la grammaire stratégique : un critère objectif dans l’évaluation de la puissance d’une composante terrestre. C’est un fait.
Mais l’observation de ces conflits révèle des tendances qui pourraient relativiser le rôle de la force blindée, voire la disqualifier. Les fronts sont figés. Les manœuvres sont lentes. Les concentrations de force sont frappées. Le fossé se creuse entre la sophistication dispendieuse des véhicules de combat et la rusticité bon marché des moyens de les détruire. La transparence du champ de bataille est une nouvelle donne tactique. Elle n’est ni totale ni permanente, mais elle est suffisamment établie pour que les principes de la manœuvre en soient affectés. Dans une frange de vingt à trente kilomètres de part et d’autre des contacts, tout regroupement d’unités blindées ou mécanisées est la cible d’attaques de frappes menées par la combinaison des feux les plus variés, jusqu’aux drones à faibles coûts. Les canons et les mitrailleuses avaient immobilisé le front pendant la Première Guerre mondiale. La transparence et la précision des feux semblent avoir eu raison du mouvement dans la guerre qui oppose la Russie à l’Ukraine.
Les drones révolutionnent le champ de la bataille. Associés aux observation satellitaires, à la guerre électronique, aux feux dans la profondeur et à la rapidité des moyens de commandement, ils ont modifié les capacités des composantes. L’infanterie tient davantage qu’elle ne conquiert. L’artillerie conquiert davantage qu’elle n’appuie. Les hélicoptères d’attaque arrêtent les offensives adverses davantage qu’ils ne mènent de raids. Quant à la cavalerie, elle appuie et défend davantage qu’elle ne perce ou n’exploite.
Quel sera son emploi dans dix ans, dans vingt ans ? Quel nouvel équilibre sera atteint entre le glaive et la cuirasse ? Quel est le char dont l’armée de Terre aura besoin ? Quelles seront ses missions ? Que doit être le cavalier de demain ?
Que l’incertitude sur l’emploi des unités de cavalerie soit votre aiguillon. Qu’elle vous invite à réinventer le combat de reconnaissance comme le combat blindé. Qu’elle vous appelle à réfléchir aux tactiques futures sans carcan doctrinal ni esprit de clocher. Qu’elle vous pousse à innover pour proposer les procédés adaptés pour surclasser l’adversaire.
L’arme blindée s’approprie de nouveaux équipements. Elle adopte le Jaguar. Elle expérimente le Grizzly. Elle se dote de drones, de missiles télé opérés et de radars. L’armée de Terre amène ces armements au meilleur standard. Elle rénove le char Leclerc et définit les caractéristiques de son successeur.
J’ai confiance dans la cavalerie. Vous vous adapterez. Vous redécouvrirez les moyens de la mobilité pour peser dans la bataille. Vous trouverez les clés pour dépasser les blocages tactiques. Prenez exemple sur l’esprit d’innovation de ceux qui vous ont précédé. Faites preuve d’audace à l’image de ceux qui percent les lignes adverses. Encouragez l’initiative à l’image de ceux qui éclairent. Soyez au résultat à l’image de ceux font coup au but.
Vous êtes les héritiers d’un long passé de guerres. Aux côtés des exploits de chefs intrépides, l’histoire de la cavalerie est aussi celle de héros anonymes et passionnés qui ont entretenu et transmis des savoir-faire, bâti des outils de combat et rempli des missions sur les théâtres d’opérations extérieures.
L’armée de Terre a besoin d’unités de cavalerie qui escadronnent pour apporter vitesse, choc et profondeur au corps de bataille. Elle a besoin de soldats aguerris et fougueux ayant le culte de la mission. Elle a besoin de chefs indépendants d’esprit à la foi chevillée au corps. Elle a besoin de l’école de cavalerie.
Et par saint Georges, vive la Cavalerie !
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