Coopération européenne : plongeurs de combat du 6e RG auprès des soldats suédois

Direction : Terre / Publié le : 12 avril 2022

Exercices multinationaux ou entraînements de petits détachements spécialisés, la France multiplie les échanges avec ses alliés européens. Exemple à Boden en Suède où une équipe de plongeurs de combat du 6e régiment du génie a perfectionné, auprès des soldats suédois, les techniques propres à la plongée sous glace. 

Le lieutenant Julien supervisé par un instructeur suédois vérifie l’équipement du plongeur. © Armée de Terre/ADJ Anthony TT.

Prisonnier de la glace, le fleuve Luleälven semble endormi. Bordant la ville de Boden, au nord de la Suède, il se fond avec les nuages. Dans le paysage blanc, seules quelques silhouettes s’animent. Armés de scies, de pelles et d’une épuisette, les plongeurs de combat du 6e régiment du génie (6e RG) creusent la glace pour dévoiler un carré d’eau, d’une surface de 2 m². Une porte sur les profondeurs arctiques. Du 15 au 23 février, le détachement français effectue un stage d’entraînement à la plongée sous glace au Swedish Armed Forces subarctic warfer center (SwAF SWC), le centre de guerre subarctique suédois. Certaines unités françaises comme celles de la 27e brigade d’infanterie de montagne (27e BIM), y viennent aussi pour acquérir d’autres compétences spécifiques au milieu grand froid.

« Cet entraînement nous donne l’opportunité d’approfondir nos techniques de plongée et mettre nos matériels à l’épreuve dans cet environnement extrême », explique le lieutenant Julien, chef de section du détachement d’intervention nautique, de la compagnie appui amphibie.

Dans l’eau glacée, le sergent-chef Dylan écoute les conseils de l’instructeur suédois. © Armée de Terre/ADJ Anthony TT.

« Confinés sous la glace »

L’armée suédoise emploie ses plongeurs pour effectuer des missions de reconnaissance ou pour réaliser des travaux dans des conditions difficiles propres au milieu arctique. Experts incontestés dans ce domaine, les instructeurs forment des plongeurs français depuis trois ans.

 « À travers ce stage, nous apprenons aussi à mieux connaître nos partenaires. Parmi les nombreuses unités étrangères que nous formons, les Français possèdent déjà un excellent bagage technique », indique le capitaine Magnus, directeur du stage de plongée. Dispensé en anglais, le stage comprend une partie théorique, avec au programme des cours pour apprendre à déterminer la qualité de la glace, la découverte du matériel, l’apprentissage des procédures et des conduites à tenir en cas d’accident, sans oublier le volet médical. Enfin, la formation est complétée par la pratique. D’abord par des séances de plongée en piscine, afin de se familiariser avec la combinaison étanche et le masque facial intégral, puis sur glace pour apprendre à creuser les trous à l’aide de tronçonneuses ou de scies. 

Plonger dans ce milieu extrême nécessite de travailler en équipe de quatre. Reliés par une ligne de vie, deux plongeurs sont en liaison permanente avec leurs assistants-sécurité. Ces derniers, restés en surface, sont le lien physique (câble) et psychologique (radio) des plongeurs. « Nous évoluons jusqu’à 25 mètres de profondeur, confinés sous un mètre de glace. Dans cette immensité, la seule issue en cas d’incident reste l’accès que nous avons creusé. Grâce à la ligne de vie nous pouvons être guidés ou tirés vers la sortie », précise le lieutenant Julien. 

Le capitaine Magnus, directeur de stage contrôle l’équipement. © Armée de Terre/ADJ Anthony TT.

Une eau proche 0°c

« Plongeur prêt, pression 300 bars, santé ok, profondeur de travail, 20 mètres, pour 25 minutes. » Les plongeurs du 6e RG attendent le signal de Magnus, masque collé au visage. « Ok go ! » Un à un, ils glissent dans une eau proche de 0°C avant de rejoindre les profondeurs dans un sillon de bulles. Les assistants-sécurité déroulent la ligne de vie à mesure que progressent les plongeurs.

L’instructeur en chef connaît les fonds comme sa poche. Profondeur, direction, distance, ses instructions sont transmises par l’intermédiaire des assistants techniques. Vingt mètres plus bas, les plongeurs s’exécutent dans l’obscurité en luttant contre les courants. Dix minutes plus tard, Magnus cordonne aux plongeurs de revenir. Ils s’extraient de l’eau pour finir emmitouflés sous une couverture. 

L’exercice continue. Les assistants s’activent pour remettre l’équipement en condition avant de les faire redescendre. Rien n’est laissé au hasard. « La préparation du matériel doit être minutieuse. Le moindre petit problème en surface est décuplé en profondeur », souligne le lieutenant Julien. Le stage se clôture par une plongée comprenant un travail spécifique, suivi d’un test théorique et enfin le redouté bain de glace, un entraînement à l’hypothermie. Les plongeurs de combat du génie ne sont pas les seuls à venir affronter les températures extrêmes de Boden. Les échanges comme ceux-ci constituent une étape vers de futurs entraînements voire des exercices conjoints en milieu arctique.

Le saviez-vous ?

Une lettre d’intention a été signée par la ministre des Armées, Florence Parly, et son homologue suédois pour définir les axes de développement de la coopération bilatérale. Ils comprennent entre autres, la volonté d’améliorer l’interopérabilité entre les deux forces armées mais aussi le renforcement de leur capacité à conduire des opérations conjointes.


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