1945 – 1954 : l’armée de Terre pendant la guerre d’Indochine
En ce 8 juin, l’armée de Terre rend hommage aux soldats morts pour la France en Indochine. Il y a 80 ans, tandis que la France et ses alliés se réjouissaient de la fin de la Seconde Guerre mondiale et recouvraient leur liberté, des centaines de milliers de soldats partaient pour l'Indochine. Retour sur l’engagement de l’armée de Terre pendant cette guerre qui devait durer jusqu'en 1954.
Débarquement du corps expéditionnaire français d’Extrême-Orient en Indochine
À l’automne 1945, le groupement de marche de la 2e division blindée (GM/2e DB), fort de 2 200 hommes, suivi des 18 000 hommes de la 9e division d’infanterie coloniale (9e DIC) débarque en Indochine. Ils constituent les premiers éléments du corps expéditionnaire français d’Extrême-Orient (CEFEO), mis sur pied à l’origine pour participer à la lutte contre le Japon et dont la mission est désormais d’aider la France à recouvrer ses droits sur ses possessions indochinoises : le Vietnam, le Laos et le Cambodge.
Dès leur arrivée, les combattants français sont confrontés à un double défi : ils ont à évoluer dans un « environnement physique démesuré » - pour reprendre l’expression de l’époque, où l’élément aquatique joue un rôle prépondérant, et sont confrontés à un adversaire insaisissable, le Viêt-Minh, pratiquant une guérilla généralisée. Ainsi, le combat en milieu hydroterrestre et la guerre en surface – expression désignant un conflit sans front bien défini, représentent deux des caractéristiques principales des opérations en Indochine.
L’adaptation de l’armée de Terre face à l’ennemi et au terrain
Dans ce contexte particulier, l’armée de Terre doit entreprendre un important effort d’adaptation. Afin de s’affranchir des voies de communications terrestres, agressées par l’ennemi comme par le climat, la cavalerie, le génie ou le train créent des unités fluviales qui utilisent les nombreuses voies navigables de l’Indochine, notamment dans les deux deltas du Mékong et du Tonkin.
Ces deltas constituent les objectifs premiers des belligérants puisqu’ils constituent à la fois le grenier à riz et le réservoir d’hommes de l’Indochine. C’est donc là que se développe le maillage territorial constitué de postes chargés de surveiller les points sensibles, de protéger les populations et d’obtenir le renseignement. La « guerre des postes » et son corollaire – les missions d’ouverture de route constituent ainsi le quotidien des soldats du CEFEO, et notamment des groupes mobiles (GM), véritables groupements tactiques interarmes dont le premier apparaît en 1949.
Progressivement, et face au renforcement de l’adversaire qui met sur pied l’armée populaire du Vietnam (APVN), le corps expéditionnaire se transforme et modernise ses équipements : au début de l’année 1951, les premiers chars moyens Sherman font leur apparition, et l’artillerie de campagne se dote d’obusiers de 105 et 155 mm.
La guerre, elle, se déplace progressivement dans les régions inhospitalières de l’Indochine – que les états-majors appellent « les grands vides » et qui sont situées dans la partie nord du Vietnam et du Laos. Ces zones montagneuses, à la végétation dense, sont le terrain de prédilection des troupes aéroportées – métropolitaines, coloniales ou légionnaires qui, inlassablement, dans des conditions extrêmement difficiles, s’opposent à un adversaire qui a gagné en qualité, comme en nombre.
Qui a participé à la guerre d’Indochine ?
Quand la guerre d’Indochine prend fin, en juillet 1954, quelque 300 000 soldats métropolitains de l’armée de Terre ont combattu en Indochine. Ils ont été épaulés par leurs frères d’armes légionnaires (73 000), Nord-Africains (130 000) et Africains (60 000) ainsi que par des dizaines de milliers de Vietnamiens, Cambodgiens et Laotiens, réguliers ou supplétifs du corps expéditionnaire.
L’armée de Terre a payé le prix du sang mais assuré, dans un contexte de pénurie des effectifs et de restrictions budgétaires, les missions qui lui avaient été confiées. Ses armes ont écrit de nouvelles pages de gloire et sortent riches d’une expérience qui marquera à jamais toute une génération d’anciens combattants.
Rédaction : Lieutenant-colonel I. Cadeau, Service historique de la Défense
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