Libération de Strasbourg

En ce samedi 23 novembre 1944, l’armée de Terre fête les 80 ans de la libération de Strasbourg. Retour sur un tournant décisif dans la libération de la France, lors de la Seconde Guerre mondiale.

Arrivée de la 2e Division blindée à Strasbourg le 23 novembre 1944 © Jacques Belin, ECPAD/Défense

L’Allemagne à la conquête de l’Europe de l’Ouest

Au printemps 1940, l’Allemagne nazie lance son offensive et sa stratégie de conquête en Europe de l’Ouest. Les forces armées allemandes, bénéficiant de tactiques militaires novatrices, envahissent les Pays-Bas, la Belgique et la France dans le cadre d’une guerre éclair, ou Blitzkrieg. Le drapeau nazi est hissé sur la cathédrale de Strasbourg le 19 juin 1940. L’Alsace et la Moselle, annexées par le IIIe Reich, sont alors soumises à la domination allemande. Des politiques de germanisation sont mises en place, allant de l’incorporation de force dans l’armée allemande à la répression contre tous les récalcitrants ou « ennemis » du Reich. 35 000 Alsaciens et plus de 100 000 Mosellans sont ainsi expulsés car leurs origines ne correspondent pas aux critères nazis. 

Tandis que certains Alsaciens et Mosellans sont intégrés de force à l’armée allemande, d’autres se rebellent. Une organisation de résistance voit le jour en Alsace : c’est le groupe mobile Alsace (GMA), dont les membres fourniront des informations essentielles aux alliés jusqu’à la Libération.

Contribution de Philippe de Hauteclocque à la libération de la France

Dès août 1940, aux premières heures de l’occupation, le capitaine Philippe de Hauteclocque rejoint le général de Gaulle à Londres. Envoyé en Afrique équatoriale française, il rallie à la France libre le Cameroun, le Tchad, le Congo et l’Oubangui-Chari (actuelle République centrafricaine). Le 1er mars 1941, après s’être emparé de l’oasis de Koufra par une manœuvre audacieuse, il prononce devant ses troupes le « serment de Koufra » : « Jurez de ne déposer les armes que le jour où nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ».

En août 1943, la colonne Leclerc devient la 2e Division blindée (2e DB). Celle-ci adopte la structure des divisions blindées américaines et ses soldats proviennent surtout des Forces françaises libres et de l’armée d’Afrique. La 2e DB fait ses premières armes lors des campagnes d’Afrique du Nord en 1943 et 1944. Au printemps 1944 elle rejoint le territoire britannique, où elle continue de s’entraîner en vue de son engagement sur le sol français.

Composée de 15 000 soldats et de 4 groupements tactiques, la 2e DB débarque en Normandie le 1er août 1944 et participe à la libération du territoire français aux côtés de la III° Armée U.S du général Patton. Elle libère ainsi Alençon le 12 août puis Paris le 23 août. Rapidement renommée « Division Leclerc », elle continue ensuite sa progression vers l’Est de la France, libérant Vittel le 12 septembre puis Baccarat le 3 novembre. Le 23 novembre 1944, après avoir affronté les troupes allemandes cinq jours durant dans les Vosges, la Division Leclerc libère Strasbourg, respectant ainsi le serment de Koufra prononcé trois ans plus tôt.

Ordre du jour n°73 : le serment de Koufra © DR

Le saviez-vous ?

Le général Philippe Leclerc de Hauteclocque est fait deux fois prisonnier lors de la Seconde Guerre mondiale, et il s’évade à chaque fois. De son véritable nom Philippe de Hauteclocque, il fait ajouter « Leclerc » à son patronyme en 1945 afin que sa descendance porte l’héritage de ses combats. 

Affiches placardées à Strasbourg après la libération © Jacques Belin, ECPAD/Défense

23 novembre 1944, la libération de Strasbourg

La libération de Strasbourg est permise par une offensive préparée dans les moindres détails. Le général Leclerc lance ses groupements sur cinq itinéraires convergents vers Strasbourg et le Rhin. C'est par surprise que les chars français de la 2e DB du général Leclerc entrent dans Strasbourg le 23 novembre 1944 ; les Allemands, désorientés, battent en retraite.

Entourée de forts, la ville n’est pas entièrement libérée ; elle sera découpée en secteurs afin d’être sécurisée deux jours plus tard. Le général Leclerc préside alors la prise d’armes place Kléber, auprès du lieutenant-colonel Rouvillois, dont les chars ont été les premiers à pénétrer dans Strasbourg. Cependant, la victoire n’est pas acquise. Le mois suivant, les forces allemandes tentent une contre-offensive pour récupérer la ville par l’opération Nordwind, « vent du Nord ». Ils échouent face à la résistance de la 2e DB, appuyée par les Forces françaises de l’intérieur (FFI).

En mars 1945, l’Alsace et la Moselle redeviennent officiellement françaises, marquant la victoire de la France face à l’occupation nazie. Quatre ans après cette libération, Strasbourg devient la capitale de l’Europe, en symbole de la paix et de la réconciliation franco-allemande.

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