La Libération de la France avec la 2e division blindée (2e DB)

En juin 1940, la France subit l’un des plus grands bouleversements de son histoire : la défaite face à l’Allemagne nazie et la signature de l’armistice plongent le pays dans l’Occupation. Tandis que le gouvernement de Vichy collabore avec l’ennemi, une poignée d’hommes refuse la capitulation. Parmi eux, un certain Philippe de Hauteclocque, capitaine de cavalerie, répond à l’appel du général de Gaulle. Sous le nom de Leclerc, il va incarner l’un des visages héroïques de la France libre.

Seconde Guerre mondiale © Armée de Terre/Défense

De l’Afrique au cœur de l’Allemagne nazie, la 2e Division Blindée, que le général Leclerc forme et mène au combat, joue un rôle-clé dans la libération du territoire français. 

Leclerc, héros de la France libre : de l’Afrique à Koufra (1940-1943)

Juin 1940 : la percée allemande est fulgurante, l’armistice est inévitable. À l’appel du général de Gaulle, le capitaine de cavalerie Philippe de Hauteclocque rejoint l’Afrique pour combattre l’ennemi. Il prend le nom de Leclerc. 

L'appel du 18 juin du général de Gaulle

L'appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle. - © Armée de Terre/Défense

L'honneur, le bon sens. L'intérêt supérieur de la patrie. Commande à tous les Français libres de continuer le combat là où ils seront et comme ils pourront. Il est par conséquent nécessaire. De grouper, partout où cela se peut, une force française aussi grande que possible. Tout ce qui peut être réuni en fait d'éléments militaires français. Et de capacité française de production d'armement doit être organisée partout où il y en a.

Moi, général De Gaulle, j'entreprends ici en Angleterre cette tâche nationale. J'invite tous les militaires français désarmés de Terre, de Mer et de l'Air. J'invite les ingénieurs et les ouvriers français spécialistes de l'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui pourraient y parvenir. À se réunir à moi.

 J'invite les chefs. Les soldats, les marins, les aviateurs des forces françaises de Terre, de Mer, de l'Air, où qu'ils se trouvent actuellement. À se mettre en rapport avec moi. J'invite tous les Français qui veulent rester libres à m'écouter et à me suivre. 

Vive la France libre dans l'honneur et dans l'indépendant.

Nommé gouverneur du Cameroun le 27 août, Leclerc rallie une partie de l’Afrique équatoriale française à sa cause. Par un coup de main audacieux, Leclerc obtient le ralliement du Tchad, du Congo français, du Cameroun, et du Gabon. 

De Gaulle lui confie le commandement militaire du Tchad. Ordre est donné d’une offensive en Lybie, à Koufra et au Fezzan. Le 2 mars 1941, après sa victoire à Koufra, le général Leclerc prononce un serment qui fera date : 

« Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg. »

Le général Leclerc

  • 02 mars 1941
  • A Koufra

Du 28 février au 8 mars 1942, les oasis fortifiées tombent les unes après les autres. Le Fezzan est définitivement repris en décembre. La 2e division française libre, ou “ colonne L ” rejoint alors la 8e armée britannique commandée par Montgomery le 26 janvier 1943 et continue les combats. Le 12 mai 1943 est prononcée la reddition de l’Afrika Korps. La marche victorieuse vers Tunis marque la fin de la campagne d’Afrique. 

Le 24 août 1943, à Témara au Maroc, la “ colonne L ” devient la 2e division blindée. La 2e DB met à profit l'hiver 1943-1944 pour s'équiper en matériels, en particulier en blindés, et former ses soldats à la manoeuvre blindée.

Le 11 avril 1944, la 2e DB quitte Casablanca, direction l’Angleterre. Avec sourire et détermination, les soldats de Leclerc rejoignent leurs alliés anglais 11 jours plus tard. Mais le repos est de courte durée ; ils doivent préparer leur retour en France. Les exercices tactiques sur les chars Sherman, les Half-Tracks et autres engins blindés reprennent avec une intensité renouvelée.

© Armée de Terre/Défense

La 2e DB en chiffres

5 000

véhicules

16 000

hommes

La 2e DB de Normandie à Paris

Juin 1944. Après avoir terminé leur formation les hommes de Leclerc reçoivent l'insigne de la 2e DB. Le général Koenig remet drapeaux et étendards à plusieurs régiments. Les troupes défilent une dernière fois avant d’embarquer pour les côtes françaises, sous l’œil bienveillant et attentif du général Leclerc. Certains hommes s’impatientent de retrouver la mère patrie, d’autres de découvrir le pays pour lequel ils se battent. 

Le 6 juin 1944, les alliés débarquent sur les côtes normandes

Le 20 juillet 1944, la 2e DB quitte sa base d’entraînement dans le secteur de Hull pour rejoindre la région de Southampton. Laissant derrière eux le souvenir impérissable des combats en Afrique, les soldats ont les yeux tournés vers la France. 

Le 1er août 1944, la 2e division blindée débarque à Utah Beach, près de Carentan. 5 000 véhicules et 16 000 hommes viennent apporter leur soutien aux alliés déjà engagés en France. La division Leclerc est incorporée à la 3e armée américaine du général Patton, et au 15e corps d’armée du général Haislip. 

le 6 août 1944, les gars de Leclerc se préparent avant leur premier baptême du feu en France. Afin de couper la retraite des armées allemandes vers Paris, la 2e DB quitte la région d’Avranches le 8 août 1944. Après Lessay, Isigny-le-Buat ou encore Vitré, la division prend la direction du Mans le 9 août. Le 12 août, la 2e DB libère Alençon en bousculant sur son passage les unités allemandes qui tentent de la freiner. Alençon est la première ville française libérée uniquement par des soldats français ; d’autres le seront par la suite. La 2e DB prouve aux Américains qu’ils peuvent compter sur elle pour libérer Paris. 

Prés duPont-Neuf , le général Leclerc consulte la carte pour procéder à la suite des opérations. © Archives Alençon

La division s’empare d’Argentan le 18 août ; La bataille de Normandie est terminée. Les soldats de Leclerc s'impatientent en attendant l’ordre de progresser en direction de Paris. Sans l’accord de l’état-major américain, le général Leclerc envoie une reconnaissance en direction de Paris. La 2e DB fonce sur Sées, Mortagne, Maintenon et Rambouillet. 24 août, le général rédige l’ordre de reconquérir la capitale française. Le 25 août au matin, la 2e division blindée entre dans Paris. Le soulèvement des habitants et des résistants accélère le départ des Allemands. Le gouverneur de Paris, Von Choltitz, est arrêté. Toutes les poches de résistance allemandes sont anéanties. 

Bilan de la Libération de Paris 

  • 145 tués, 172 blessés, 48 chars et 4 canons détruits côté allié. 
  • 3 200 tués, 12 600 prisonniers, 74 chars et 64 canons détruits côté allemand. 

Le 26 août, les hommes de la 2e division blindée défilent en vainqueurs derrière le général de Gaulle, de l’Arc de Triomphe à Notre-Dame. Ils descendent les Champs-Élysées sous les acclamations d’une foule émue et reconnaissante. Le 27 août, même si les combats reprennent, Paris est entièrement libérée.

Le serment tenu : Strasbourg, l'Allemagne, la victoire finale (septembre 1944 - mai 1945)

La division prend la direction de l’Est le 8 septembre. En septembre 1944, la brigade se heurte à la 13e Panzer brigade de Manteuffel. Les Allemands subissent de lourdes pertes et doivent se replier. La 2e DB prend Contrexéville puis Vittel, à Dompaire elle détruit une brigade blindée fraichement arrivée d’Allemagne. Puis, elle franchit la Moselle à Châtel, déborde le col de Saverne et libère Baccarat le 31 octobre, par une manœuvre finement préparée qui fera date. 

La 2e DB passe en force dans les Vosges entre le 15 et 19 novembre. La route nationale 4 qu’il faut contrôler pour permettre l’acheminement du carburant et des munitions est conquise. La route de Strasbourg est ouverte. Le 23 novembre, Strasbourg est libérée avec l’aide des alliés. Cette victoire est hautement symbolique : grâce à elle, le serment de Koufra, prêté trois ans plus tôt, est tenu. La Karl Ross Platz reprend son nom de place Kléber et accueille la prise d’armes de la victoire le 26 novembre. 

Le général Leclerc passant les troupes de la 2e DB en revue place Kléber. © Archives de Strasbourg

Déliés de leur serment, les hommes de Leclerc continuent la lutte. Tout l’hiver, la division participe aux combats. Elle libère Colmar et Royan face à une armée allemande en déroute. Après avoir traversé le Rhin et l’Allemagne elle s’empare du “ nid d’Aigle ” d’Hitler le 4 mai 1945. 

Le 22 juin 1945, la 2e division blindée est rassemblée dans la forêt de Fontainebleau. Le général Leclerc passe en revue sa division avant de remettre le commandement au colonel Dio.
« Officiers, sous-officiers, soldats de la 2e Division Blindée. Il y a quelques jours, j'avais l'honneur de défiler à votre tête dans ce Paris que nous avons libéré. Aujourd'hui, je viens vous faire mes adieux. Je vous quitte, je ne quitterai pas l'insigne de notre Division, je le conserverai, ce sera ma plus belle décoration. Je vous demande, vous aussi, de le garder. Quand vous sentirez votre énergie fléchir, rappelez-vous Koufra, Alençon, Paris, Strasbourg. »

Une dernière fois le général Leclerc a l’occasion de voir ses troupes défiler. Il laisse derrière lui un souvenir impérissable, celui d’un chef exemplaire ayant combattu avec détermination et énergie les ennemis de la Nation. 

L’épopée de la 2e DB s’achève officiellement le 5 mai, à quelques heures de la fin de la guerre en Europe.

Revivez les grandes étapes

De la défaite de 1940 à la victoire de 1945, les soldats français n’ont jamais cessé de se battre.
Résistants, combattants de l’ombre ou membres des Forces françaises libres, ils ont contribué à libérer la France et à vaincre le nazisme.

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