Chef des opérations de l’escadron de protection de la base aérienne 113 de Saint-Dizier, le lieutenant Pascal a ajouté un nouveau prix à son palmarès de jujitsuka. Du 22 au 27 janvier 2024, à l’Institut du judo de Paris, il a participé aux Championnats d’Europe de jiu-jitsu brésilien où il a remporté la médaille de Bronze dans la catégorie « super lourd ». Près de 7 000 combattants français, américains, brésiliens ou encore saoudiens s’y sont affrontés. « Ce sport fait face à un véritable engouement, explique le lieutenant. C’est un jeu tactique, un jeu d’échecs, un sport de combat dit "de soumission", et aussi de percussion (tous les styles de boxe) et de préhension (lutte, judo). »

Ancien sportif de haut niveau en lutte libre (champion de France à sept reprises entre 1997 et 2012), le lieutenant Pascal a découvert le jiu-jitsu brésilien lors d’un séjour effectué en Guyane entre 2013 et 2016. « J’ai eu la chance d’apprendre la discipline avec les meilleurs enseignants et combattants français et brésiliens. Là-bas, ce sport est une religion, une façon de s’en sortir. J’ai tout de suite accroché à ce mode de combat au sol », livre-t-il. Parmi eux, son coach franco-brésilien, Tyrone Gonsalves, fondateur du club guyanais Six Blades French Guiana. « C’est lui qui m’a tout appris. Aujourd’hui encore, même à distance, il m’apporte conseil et bienveillance. Lorsque je me retrouve dans une impasse technique, il me donne les clés, quand j’ai l’impression de ne plus progresser, il me rassure, me met en confiance, forge mon esprit… », ajoute-t-il. De retour en métropole, le lieutenant n’a pas hésité à trouver un club de jiu-jitsu brésilien.

Aujourd’hui, il trace un parallèle entre son sport et son activité professionnelle. Instructeur en sport de combat depuis 2001 (il est le seul officier de l’armée de l’Air et de l’Espace à l’être) et persuadé de l’utilité du jiu-jitsu brésilien au sein des forces armées, il explique : « En kimono, l’objectif est d’amener son adversaire au sol afin de l’immobiliser via des techniques précises. Dans le cadre professionnel, ces techniques de self-défense permettent une maîtrise de la violence afin de faire cesser une agression, et ce, sans blessures graves ou usage de l’armement. » Aujourd’hui, ces techniques sont enseignées lors du stage Griffon (préparation opérationnelle des combattants), des stages de techniques d’autodéfense (TAD) ou encore, au Centre d’entraînement au combat et d’aguerrissement au désert (CECAD) de Djibouti pour les commandos plus aguerris. « Pour l’anecdote, aux États-Unis, un certain niveau est requis dans la discipline pour devenir policier. » Aux côtés du major Daniel, premier instructeur en sport de combat dans l’armée de l’Air et de l’Espace, le lieutenant Pascal a initié la création d’une cellule dédiée au sport de combat chez les commandos de l’air de Dijon, en 2002. En 2016, lors de son arrivée sur la base aérienne 115 d’Orange, il a fait la même chose. Avec le temps et l’expérience, le lieutenant Pascal est, en plus d’un compétiteur, devenu entraîneur de la sélection militaire de jiu-jitsu (récemment créée) et référent sol pour l’équipe de France militaire de MMA (arts martiaux mixtes), toutes les deux basées à Fontainebleau. « Pour moi, enseigner, c’est apprendre une deuxième fois. »

Soutenu par son commandement et fier de représenter et de faire rayonner la cocarde tricolore, la saison 2022-2023 lui avait permis de décrocher les titres de champion de France, champion d’Europe et champion du Monde lors des rencontres à Los Angeles. « Être en dehors du continent européen, entendre résonner La Marseillaise et monter sur la première marche du podium en tenue de sport estampillée France et militaire, c’est bien sûr une double satisfaction ! » Le prochain rendez-vous sera celui du Challenge international militaire de jiu-jitsu. Il aura lieu aux Émirats arabes unis en novembre 2024. Quinze athlètes sélectionnés par le Centre national des sports de la défense (CNSD) représenteront l’armée française.