14 décembre 2024. Mayotte, département et région d’outre-mer français, subit les ravages sans précédent du cyclone Chido, le plus intense que l’île ait connu depuis 90 ans. Une situation dramatique et un bilan lourd, se traduisant notamment par la destruction partielle voire totale d’infrastructures et privant d’eau et d’électricité de nombreux foyers.

Sur demande de concours de la préfecture de Mayotte et de La Réunion, le Premier ministre annonce le jour même l’envoi de renforts en provenance de La Réunion et de la métropole pour porter assistance à la population meurtrie. Très vite, une chaîne de soutien et de solidarité nationale se met en place pour répondre à l’urgence sanitaire et médicale.

Répondre à l’urgence sanitaire et médicale

Sous très faible préavis, un avion de transport tactique A400M Atlas de la base aérienne 123 d’Orléans est affrété dès le 14 décembre au soir pour rallier la base aérienne 181 « Lieutenant Roland Garros », située au nord de l’île de La Réunion. À son bord, treize tonnes de matériel d’urgence et de première nécessité ainsi qu’une trentaine de membres de la sécurité civile sont acheminés pour prêter main-forte aux Forces armées dans la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI). Vecteur essentiel aux opérations militaires, le gros-porteur réalise des rotations La Réunion-Mayotte tous les jours, transportant du matériel médical et humanitaire, des moyens médicalisés, des groupes électrogènes, mais aussi des médecins, pompiers ou encore agents de maintenance du groupe EDF. Grâce aux rotations de l’avion, 22 tonnes de vivres et d’eau ont été acheminées le 17 décembre, et 22 tonnes de fret humanitaire le 16 décembre.

« Très concrètement, au travers d’une cinématique de 5 jours qui impliquera jusqu’à 5 A400 M simultanément, chaque avion est optimisé et réalise 3 atterrissages sur Mayotte afin de venir en aide aux populations avant son retour sur Orléans », précise le colonel Guillaume Vernet, conseiller communication et porte-parole de l’état-major des armées.

Également mobilisée, la Base aérienne 105 d’Évreux a récemment pris part à une importante mission humanitaire en fournissant près de 4 tonnes de fret. En effet, après avoir réceptionné la collecte de dons effectuée sur la base, qui incluait des vêtements, du linge de toilette ou encore des produits d’hygiène solides, les Aviateurs de l’escadron de soutien logistique technique ont œuvré avec efficacité en conditionnant et filmant plusieurs palettes contenant eau et rations de combat.

La base aérienne 181 au cœur des opérations de sauvetage

« Un deuxième A400M s’est posé hier matin à La Réunion. Nous sommes en mesure de monter en puissance pour répondre aux besoins du théâtre en accueillant ce jeudi la projection d’un troisième A400M », nous apprend le commandant Florence, chef de cabinet de la base aérienne 181.

En parallèle de ce premier pont aérien d’acheminement stratégique, un véritable hub logistique a été mis en place sur la base aérienne 181 de La Réunion permettant d’accueillir et de livrer le fret ainsi que les renforts venus de l’hexagone. Unique point d’appui de l’armée de l’Air et de l’Espace dans l’océan Indien, la base ultramarine a engagé en urgence ses deux avions de transport tactique légers Casa en direction de l’archipel de Mayotte.

« Rapidement projetables, les trois A400M ont pu affréter de leur côté plusieurs tonnes de fret et ont réalisé 17 heures de rotations locales en trois jours », indique le lieutenant-colonel Julian, chef des opérations sur la BA 181. « Deux Casa et deux A400M opèrent tous les jours pour renforcer la capacité de projection du matériel nécessaire à Mayotte. Nous comptabilisons cinq à six rotations par jour », détaille le lieutenant-colonel Karine Gauthier, commandant la base aérienne réunionnaise.

Bien que la piste de l’aéroport mahorais reste praticable, la vigie a été sévèrement endommagée, rendant son contrôle aérien inutilisable. L’avion A400M a notamment permis l’acheminement de fret militaire et d’une trentaine de personnels militaires, notamment spécialisés en infrastructures, pour aider à la reconstruction de la vigie. Parmi eux, quatre techniciens de l’escadre de commandement et de conduite projetable (EAC2P) ont œuvré au rétablissement de la radio sur l’aéroport avec des moyens tactiques en attendant l’arrivée d’une tour de contrôle mobile. Malgré une piste d’atterrissage ayant subi des dégâts considérables lors de la tempête, les Casa et A400M ont pu atterrir sans accroc grâce à l’action du 25^e régiment du génie de l’Air.