L’escale aérienne projetée au pas de course

Mobilisés à l’issue du cataclysme, cinq agents d’escale aérienne du détachement du transit interarmées (DéTIA) assurent quotidiennement l’arrivée et le conditionnement du fret humanitaire en provenance de la métropole. L’occasion de mettre à l’honneur leur engagement en réponse à l’urgence de la situation.

L’escale aérienne projetée au pas de course

C’est sur l’aéroport de Dzaoudzi, situé sur de l’île de Petite Terre appartenant à Mayotte, qu’arrivent par centaines de tonnes du fret humanitaire en provenance de la métropole acheminées par avions A400M Atlas. Autour de la plateforme aéroportuaire, les dégâts sont bien apparents : tour de contrôle détruite, palmiers et câbles arrachés, toits effondrés, morceaux de tôle éparpillés offrent un spectacle des plus désolants.

Depuis la catastrophe, cinq agents d’escale en provenance de plusieurs bases aériennes métropolitaines ont été mobilisés pour former une équipe à Mayotte, tous issus du détachement du transit interarmées (DéTIA), plus connu sous l’appellation d’escale aérienne militaire projetée. « Nous avons été déclenchés à 16 heures le samedi 14 décembre pour prendre un avion à 22 heures au départ d’Orléans le soir même. Après une escale d’une heure à Djibouti, nous avons atteint l’île de La Réunion où nous y avons dormi une nuit. Le lendemain, le lundi matin, nous avons pris un Casa, direction Mayotte, et avons commencé les opérations de déchargement des avions », raconte le sergent Hugo, agent du transit aérien.

L’escale aérienne projetée au pas de course

1 700 tonnes de fret livrées

Issus des escadrons de transit et d’accueil aérien (ETAA) d’Orléans, de Mont-de-Marsan, d’Avord, d’Istres et de Bayonne (renfort du 1er régiment parachutiste d’infanterie de Marine), les agents d’escale veillent au chargement, au déchargement ainsi qu’à la réception et au conditionnement du fret acheminé par les avions-cargos A400M. Une fois sur la terre ferme, le fret est dépalettisé puis chargé à bord de camions réquisitionnés pour le transport de matériel d’urgence en direction de Grande Terre, l’île principale séparée par un bras de mer de 2 km, pour venir en aide à la population mahoraise le plus vite possible. « Nous déchargeons plusieurs dizaines de palettes de fret pour cinq ou six personnels puis nous les renvoyons vides vers La Réunion afin qu’elles soient reconditionnées avec du fret et puissent revenir à Mayotte le lendemain », assure le sergent Hugo.

Matériel médical, vivres, lit, rations de combat, matériel de sécurité civile et de sauvetage se succèdent sur le tarmac et constituent les principales typologies de marchandises déchargées et conditionnées par les transitaires militaires, avec un premier avion arrivant à 7 h 20 et le dernier décollant aux environs de minuit. Depuis le début de la crise, plus de 130 missions aériennes ont permis de délivrer 1 700 tonnes de fret humanitaire.

L’escale aérienne projetée au pas de course

Accompagner et prendre en charge les passagers rapatriés

Au-delà de la gestion logistique, les cinq agents d’escale militaire garantissent le rapatriement de passagers, allant de leur prise en compte à l’aérogare jusqu’à leur embarquement dans les A400M, l’objectif étant de pouvoir rapatrier vers La Réunion puis la métropole le plus de personnes possible. « Nous accueillons beaucoup de femmes enceintes, de nouveau-nés, des enfants et des blessés. Certaines familles sont bouleversées par ce qu’elles ont vécu et expriment leur soulagement une fois arrivées au pied de l’avion. »

La préfecture de Mayotte établit les listes de rapatriement et reçoit les demandes d’évacuations médicales (MEDEVAC) par l’agence régionale de santé (ARS). L’aérotransport de passagers gravement blessés reste toutefois à la charge d’avions affrétés par l’État et d’avions Casa Nurse de la base aérienne 181. « Les journées sont intenses, les conditions sont rustiques mais le moral, lui, reste d’acier. Il s’agit de ma première mission humanitaire et secourir la population me remplit de fierté », confie le sergent Hugo.

« Les journées sont intenses, les conditions sont rustiques mais le moral, lui, reste d’acier. »

Sergent Hugo

  • Agent de l’escale aérienne

Le commandant Clément, pilote sur avion Casa CN-235 sur la base aérienne 181 « Lieutenant Rolland Garros » à La Réunion, a été envoyé sur les lieux comme détaché de liaison air (DLA), autrement dit, comme représentant Air. Responsable de l’organisation de la plateforme aéronautique et du bon fonctionnement des moyens aériens militaires engagés, le pilote est en charge de la planification et de la direction des vols, tout en veillant au grain : « Cinq avions A400M sont mobilisés pour l’opération. Tous les jours, un avion A400M part d’Orléans, avec une escale à Djibouti, avant de rallier Mayotte. Une boucle s’est installée. Chaque jour, un avion A400M part d’Orléans tandis qu’un autre y revient », affirme-t-il.

Isolé du reste de l'île principale depuis le début de la crise, le dépôt pétrolier ne pouvait être approvisionné, ce qui empêchait les aéronefs de se ravitailler en carburant et les obligeait à transporter moins de fret en soute. Désormais, les avions affrétés et les A400M pourront se réapprovisionner sur l’aérodrome de Mayotte et pourront augmenter leur capacité de transport de 23 tonnes à 32 tonnes, soit une hausse de 39 %.

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