Le mot du Chef d'Etat-major de l'armée de l'Air et de l'Espace

Avec l’irruption massive de nouvelles technologies et l’ouverture au secteur privé de l’accès à l’espace, de nouveaux entrants ont bousculé les schémas établis. Le secteur spatial s’est ouvert ainsi à de nombreux nouveaux acteurs étatiques et non-étatiques. Progressivement, de nouvelles technologies de propulsion satellitaire, des plates formes plus petites et moins couteuses, des lanceurs plus réduits et le déploiement de constellations changent les perceptions classiques. De nouvelles possibilités, basées sur des financements audacieux, ouvrent d’autres perspectives pour des applications innovantes ou l’accès à l’espace « à bas coût ». Elles génèrent également de potentielles nouvelles formes de menaces pour l’utilisation de l’espace. Face à ce constat, la stratégie spatiale de défense publiée en juillet 2019 constate le caractère essentiel de l’espace pour notre pays, une compétition stratégique croissante et l’augmentation des risques et menaces à l’encontre de nos intérêts spatiaux. Elle vise au renforcement de l’autonomie stratégique de la France en lui donnant les moyens de défendre ses intérêts spatiaux dans le respect du droit international et de garantir la liberté d’accès et d’action dans l’espace.

La feuille de route qui en découle se structure autour de quatre axes : une nouvelle doctrine des opérations spatiales militaires, une nouvelle ambition capacitaire, une nouvelle gouvernance du spatial militaire avec la création du Commandement de l’Espace (CDE) et la revisite de la relation du ministère avec le centre national d’études spatiales (CNES), et enfin le développement d’une expertise spatiale dans la défense par la constitution d’une filière d’expertise et de parcours professionnels attractifs. Cette feuille de route se décline de façon concrète et rapide dans tous les domaines.

Le Commandement de l'Espace et la stratégie spatiale de défense

Le Commandement de l’Espace (CDE) a été créé le 3 septembre 2019 pour améliorer l’efficacité opérationnelle, la cohérence, la visibilité et la simplicité de l’organisation et de la gouvernance du spatial de défense au sein du ministère des Armées. Il présente la particularité d’être à la fois un commandement de l’armée de l’Air et de l’Espace et un commandement interarmées. Il comprend à ce titre du personnel de l’armée de l’Air et de l’Espace, de l’Armée de terre, de la Marine Nationale, de la direction générale de l’armement (DGA) et du service du commissariat des armées (SCA). Le CDE reçoit ses directives fonctionnelles du chef d’état-major des armées (CEMA) pour les opérations et la politique spatiale militaire, notamment les capacités spatiales militaires, les coopérations internationales, tandis que le chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace (CEMAAE) en exerce le commandement organique. Porteur de l’expertise spatiale militaire du ministère, le CDE conseille le CEMA ainsi que tous les organismes du ministère ou extérieurs au ministère sur les questions spatiales militaires. En coopération avec de nombreux acteurs, il contribue ainsi à la définition de la politique spatiale militaire et la met en œuvre. Il conduit par ailleurs les opérations spatiales militaires.

Jeune commandement original dans sa forme et ses responsabilités, le CDE incarne la mise en œuvre de la stratégie spatiale de défense, sous la double autorité du CEMA et du CEMAAE, et joue un rôle essentiel dans la montée en puissance du spatial de défense, avec l’ensemble des acteurs au premier rang desquels le Centre National d'Etudes Spatiales (CNES).

Une nouvelle ambition capacitaire

Outre celui de renouveler toutes les capacités d’appui aux opérations (communications satellitaires, observation, écoute), le Commandement de l'Espace (CDE) doit relever le défi de construire, avec la direction générale de l’armement (DGA) et le Centre National d'Etudes Spatiales (CNES), et sous l’autorité de l’état-major des armées, une capacité de surveillance de l’espace ainsi qu’une capacité de protection et de défense des intérêts spatiaux de la France. Le programme d’ensemble ARES couvre l’ensemble de ce nouveau champ à l’ambition renouvelée, du commandement et contrôle des opérations spatiales militaires, véritable colonne vertébrale d’une capacité globale, à la capacité de défense de nos satellites reposant sur des charges utiles spécifiques et sur la capacité à réaliser des opérations de proximité en orbite dont une première expérimentation aura lieu en 2025. Le CDE soutient également le développement de nouveaux acteurs et services spatiaux. Plusieurs projets d’innovation sont ainsi soutenus par son Laboratoire d’Innovation Spatiale des Armées (LISA) en lien avec l’Agence Innovation de Défense (AID), la DGA et le CNES tandis que des contrats de services spatiaux ont été conclus avec des opérateurs de confiance ou sont en gestation, ouvrant d’intéressantes perspectives de développement pour des besoins de la France ou de partenaires étrangers.