5 questions au CDT Pierrick, chef de la section exercice et officier de marque au Centre cyber de préparation opérationnelle (C2PO) à Rennes.

Quel est votre rôle ?

Chef d’orchestre de l’exercice, je suis en charge de concevoir l’animation globale, le thème de celui-ci et la manœuvre adverse. C’est à moi de coordonner les actions et de fédérer la quinzaine d’acteurs du ministère des Armées et hors ministère, qui jouent dans différentes emprises et sites militaires. Je rédige également les documents et ordres d’opérations pour les joueurs.

Comment conçoit-on le scénario ? A quels objectifs répond-il ?

L’objectif prioritaire de DEFNET est de consolider la préparation opérationnelle des armées en matière de lutte informatique défensive (LID). Les objectifs généraux de l’exercice sont ensuite déclinés par la capitaine de corvette Claire, directrice de l’exercice et cheffe du bureau préparation opérationnelle du COMCYBER à Paris. Sur la base de ceux-ci, je dois créer un scénario qui soit le plus réaliste possible et qui permette de répondre à ces objectifs. Le déclenchement d’une opération sur un théâtre d’opérations extérieur fictif a l’avantage de pouvoir permettre d’entrainer aussi bien le volet de lutte informatique défensive avec l’insertion d’une trentaine d’incidents que celui de la lutte informatique d’influence (L2I).

Combien de temps faut-il pour monter un exercice comme DEFNET ? Combien de personnes impliquées ?

Il faut compter neuf mois pour un exercice de cette ampleur. Nous avons commencé à travailler sur l’édition 2024 dès le mois d'avril 2023. C’est près de 50 personnes des différentes armées, directions et services, plus les industriels des systèmes d’armes…

La diversité des tâches à accomplir, création du thème et des différents scénarios, réalisation d’infrastructures de jeu, déploiement des SI, le soutien logistique, et j’en passe, oblige également le Centre cyber de préparation opérationnelle (C2PO) à mobiliser la quasi-totalité de ses cellules.  

Quel profil faut-il pour être officier de marque ?

S’il est important d’avoir un profil technique pour pouvoir échanger avec les différents experts cyber, il est aussi et surtout primordial d’avoir de bonnes compétences organisationnelles, méthodiques et humaines. L’officier de marque est l’interface entre les organes de commandement et les joueurs.  Je m’appuie également sur deux adjoints, un pour le volet LID et un pour le volet L2I. Il est nécessaire d’avoir de la hauteur pour avoir une vision haute de l’ensemble. Cela donne aussi de la souplesse et une capacité de réaction accrue.

Comment mesure-t-on la réussite d’un tel exercice ?

On éprouve les process, les méthodes mises en place par l’ensemble des cybercombattants. A la fin de chaque journée, on fait un point de situation, un retour sur le déroulé. Et à la fin de l’exercice, on fait ce qu’on appelle dans notre jargon un retex (retour d’expérience) global. Qui nous permet d’améliorer la préparation opérationnelle cyber pour les Armées et entrainer nos cybercombattants.