Rencontre avec la commandant des SIC interarmées des JOP 2024
Officier supérieur de la Marine nationale, la Capitaine de Vaisseau Céline dirige aujourd’hui le Bureau des SIC opérationnels projetés au sein de l’État-major opérationnel de la DIRISI. Depuis près d’un an, elle consacre son temps et son énergie à un seul objectif : concevoir, organiser et piloter le dispositif de circonstance des systèmes d’information et de communication mis en place pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris : du jamais vu jusque-là.
Malgré l’effervescence du 14 Juillet et des jours qui précèdent la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques à Paris, la commandant Céline nous accueille dans son bureau, calme et concentrée. Éprouvée à l’exercice de communication, elle a accepté de jouer le jeu pour expliquer ce que représente ce chantier colossal et revenir sur son parcours au sein de la Marine Nationale.
De l’école de commerce à la passerelle : les sirènes du commandement
Car son évolution professionnelle s’inscrit dans un parcours atypique : diplômée d’école de commerce (ESSEC) en 1999, mais issue d’une famille de serviteurs de l’État, avec des parents chefs d’établissements scolaires et un grand-père policier, elle ne trouve pas dans le secteur privé d’engagement professionnel à la mesure du sens qu’elle veut donner à sa vie : servir. En septembre 2000, elle frappe à la porte du service de recrutement de la Marine et la « Royale » lui ouvre ses portes en la recrutant pour un an comme volontaire aspirant officier chef du quart. Après trois mois de formation au centre d’instruction naval de Brest, elle est affectée en Nouvelle-Calédonie sur le bâtiment de transport léger Jacques Cartier à bord duquel elle met en pratique les connaissances acquises à Brest en matière de conduite nautique. Ce qu’elle préfère : les responsabilités déjà grandes confiées aux jeunes officiers : « l’officier chef du quart assure la permanence du commandant en passerelle. Lorsque celui-ci n’y est pas, il dirige non seulement le bâtiment sur l’eau mais règle aussi tout le rythme et l’activité de l’équipage. C’est une fonction très gratifiante pour un jeune officier ou officier-marinier. »
Si son goût pour le commandement s’impose comme une évidence, elle développe surtout une forte appétence pour les opérations. Elle découvre également la complexité d’un bâtiment militaire et l’hostilité intrinsèque du milieu maritime quand les éléments se déchaînent : « se confronter à la navigation dans les glaces en Antarctique et aux 40e rugissants dans l’océan austral est une expérience particulièrement marquante. » C’est à l’école de la force d’action navale qu’elle approfondit ses qualités de gestion humaine, apprend à hiérarchiser les informations pour prendre les bonnes décisions sous contrainte de temps. Elle passe ainsi 14 ans embarquée sur 9 bâtiments de tous types, y occupant pratiquement tous les postes d’officier, de chef de secteur à commandant par deux fois. Elle sert également en État-Major interarmées à La Réunion et en tant que porte-parole du préfet maritime et commandant de zone maritime de l’Atlantique (CECLANT).
Un parcours faste et une expertise SIC éprouvée
Le domaine des systèmes d’information et de communication ne représente en fin de compte qu’un tiers de sa carrière : elle sert comme cheffe de service SIC sur bâtiment amphibie (2008-2010), puis comme officier de marque SIC21/SIA Marine (2011-2014) au centre d’expertise des programmes navals (CEPN) à Toulon, puis comme adjoint gouvernance du Bureau SIC de l’état-major de la Marine Nationale (2015-2017) en charge du budget et des parcours de carrière des marins de spécialité SITEL, avant de commander l’Astrolabe, premier brise-glace de la Marine Nationale (2017-2020). Après deux expériences comme porte-parole du préfet de l’Atlantique (2020-2022) et en tant que commandant en second du Monge durant un an, elle rejoint la DIRISI en 2023, comme cheffe du bureau des SIC opérationnels projetés au sein de l’État-Major Opérationnel (EMO).
Elle y encadre une équipe de 25 militaires de toutes les couleurs d’uniforme au service des opérations et exercices de nos armées. Ce sont des experts du numérique, qui détiennent pour la plupart des compétences étendues dans plusieurs compartiments. Au titre de leur expérience des opérations dans leurs armées respectives ou au sein de la DIRISI, ils sont capables de jouer le rôle d’architecte des systèmes d’information (SI), c’est-à-dire construire de A à Z un réseau en définissant les briques qui le composent. Ils activent ensuite toute la chaîne des pôles opérationnels de la DIRISI, pour valider et mettre en œuvre ces réseaux de circonstance.
Les Jeux Olympiques : une mission inédite
A son arrivée au BSICOPS à l’été 2023, elle est désignée par le centre de planification et de conduite des opérations (CPCO) commandant des SIC interarmées (COMSIC IA) sur tout le périmètre des Jeux Olympiques. Cette fonction, habituellement définie par la doctrine uniquement au niveau opératif, est pour la première fois mise en place au niveau stratégique. Cette décision inédite est motivée par l’ampleur jamais égalée dans l’histoire récente de cette opération, qui implique 11 contrôleurs opérationnels de zone ou de milieu. Le CPCO avait ainsi besoin d’être renforcé pour un échelon de pilotage, coordination et synthèse capable d’harmoniser les pratiques.
Ce rôle, elle l’endosse avec détermination, et se consacre pleinement à ce dispositif exceptionnel, dès la fin de l’été 2023 : « l’organisation SIC imaginée et mise en place pour cette opération atteint un niveau d’intégration inédit entre tous les organismes détenteurs d’une expertise SIC : la DIRISI pour les réseaux d’infrastructure, l’État-Major Interarmées du Territoire National (EMIA TN) pour les SIC tactiques de Sentinelle, l’Escadre Aérienne de commandement et de conduite projetable (EAC2P) pour les moyens de l’Armée de l’Air et de l’Espace, le Commandement de la Zone Maritime Méditerranée (CECMED) pour la Marine Nationale […]. »
Le même niveau d’intégration a été recherché en Ile-de-France, région concentrant 80% des épreuves olympiques, en créant un groupement d’appui SIC de 150 personnes, commandé par le colonel Vincent, COMSIC IA IDF, et composé en majorité de militaires et personnels civils issus de la DIRISI Île-de-France - 8eme Régiment des Transmissions, du Centre National de Soutien Opérationnel – 43e Régiment des Transmissions, du 53e Régiment des Transmissions et d’éléments organiques de l’État-Major de la Zone de Défense – Paris (EMZD-P). Placé directement sous le contrôle opérationnel du gouverneur militaire de Paris (GMP), ce GAPSIC a pour mission de fournir, sécuriser et maintenir en condition opérationnelle les systèmes d’information et de communication opératifs et tactiques au profit de la force déployée en Ile de France. La livraison du Centre d’Opérations Interarmées (COIA) au GMP, constitue la dernière pierre de ce vaste édifice, indispensable à la bonne tenue des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024.
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