Le projet du lycée Marot à Cahors, ou comment faire vivre une mémoire méconnue de la Résistance et de la Libération

En Occitanie, dans le département du Lot, le lycée Clément Marot de Cahors porte, à l’occasion du 80ème anniversaire des débarquements et des libérations en France, plusieurs projets visant à mettre en lumière la mémoire de la Seconde Guerre mondiale dans cette région. Parmi ces projets, celui organisé par le Souvenir Français retient particulièrement l’attention.

Les élèves du lycée Marot, à Cahors.

Il mobilise en effet des lycéens en classe de terminale, dont la moitié se prépare au Bachibac, diplôme qui délivre simultanément le baccalauréat français et le bachillerato espagnol. Encadrés par des professeurs d’histoire-géographie et d’EPS, le projet rend hommage aux maquisards originaires du Quercy venus libérer la poche du Médoc jusqu’à la pointe de Grave en 1945. En cohérence avec leur cursus, les élèves se sont intéressés à l’itinéraire de deux résistants lotois, Aquilino Iniguez et Jacques Hugon, le premier étant né en Espagne en 1919 et arrivé en France à l’âge de quatre ans.

Faire revivre les conditions de la Libération du Médoc

C’est en octobre 1940 que les premières résistances à l’occupant nazi dans la région du Médoc ont lieu, sous la forme de distribution de tracts. Toutefois, ce n’est qu’en septembre 1942 que ces résistances individuelles se structurent véritablement, avec la création d’un mouvement Libération à Cahors. Dès lors, les premiers maquis se forment à partir de février 1943. Les résistants mènent des actions de plus grande envergure, s’attaquant aux convois allemands. En réaction, les nazis mènent une très dure répression, qui ne décourage toutefois pas les maquisards lotois, qui réussissent à libérer Cahors le17 août 1944 puis Toulouse trois jours plus tard. Néanmoins, les forces allemandes restent très présentes dans la région, notamment le long du littoral, au niveau du « Mur de l’Atlantique ». Ce lourd dispositif permet aux Allemands de mieux se défendre face à l’avancée des résistants. Cette dernière est d’abord compliquée, en raison du très rigoureux hiver 1944-1945, avant de s’accélérer au printemps 1945. A Vendays-Montalivet, les résistants réussissent à traverser le marais de la Perge, puis prennent la ville de Soulac-sur-Mer avant de lancer une dernière offensive visant à libérer la pointe de Grave, située à l’extrémité de la poche du Médoc et finalement libérée le 20 avril 1945. Ainsi, la libération des grandes villes régionales (Toulouse, Cahors) a d’abord permis aux résistants de se regrouper(notamment sous la houlette du colonel Milleret)puis d’organiser précisément la libération des régions périphériques. Le projet porté par le lycée Marot, labellisé et subventionné par la Mission Libération, se veut transmettre la mémoire locale en faisant revivre aux élèves les conditions de la Libération du Médoc.

Un devoir de mémoire rempli de manière originale

Le projet du lycée s’est très vite distingué des autres initiatives scolaires par la nature et la diversité des activités proposées aux élèves : commémorations, lectures, chants mais également courses d’orientation et randonnées étaient au programme. Du 27 au 29 avril2025, les lycéens ont ainsi marché sur les pas des résistants lotois. Le 26 avril, à la suite d’une randonnée et d’une sensibilisation aux risques écologiques (notamment l’érosion) liés à la conservation du patrimoine de la Seconde Guerre mondiale dans la région, les élèves ont visité le Mémorial de la Libération de la Pointe de Grave. Les lycéens ont aussi assisté à plusieurs cérémonies commémoratives. A ces occasions, ils ont présenté une fresque qu’ils ont eux-mêmes réalisée et qui met à l’honneur les jeunes résistants du Quercy. Ils ont également lu des poèmes d’Henri Durand qui laissaient transparaître à la fois l’âpreté des combats et la joie de la libération. Le chant “Les adieux suisses” était extrêmement symbolique, puisqu’il a été rédigé en pleine Révolution (1792) par les gardes de Louis XVI qui, comme les résistants lotois, cherchaient à bouter leurs ennemis hors de France. Encadrés par leurs professeurs et soutenus par de nombreuses associations, les élèves du lycée Marot de Cahors ont beaucoup appris sur l’histoire de leur région tout en transmettent la mémoire de manière particulièrement authentique. La journée du 8mai a été l’occasion de présenter aux Cadurciens une restitution de leur projet scolaire tout en participant aux commémorations de la victoire.

 

 Par Paul Germain, stagiaire de la Mission Libération.

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