Grégoire Chauvière Le Drian : « Financer la Défense rentre désormais dans les priorités de la BEI »

Direction : SGA / Publié le : 29 novembre 2024

Représentant France de la Banque européenne d’investissement (BEI), Grégoire Chauvière Le Drian était l’invité du dernier petit-déjeuner de l’économie de l’année organisé par la direction des affaires financières. Ce dernier s’est déroulé le 20 novembre 2024 à Balard sur le thème « La BEI, du financement prioritaire de la transition écologique à celui de l’industrie de la Défense ».

Grégoire Chauvière Le Drian représentant France de la Banque européenne d’investissement © Erwan Rabot / SGA Com / Ministère des Armées

Créée en 1957 dans le cadre du Traité de Rome, la BEI émet entre 60 et 70 milliards d’euros de titres obligataires par an sur les marchés financiers pour financer des projets contribuant à la réalisation des politiques publiques européennes sous forme de prêts et garanties. Cette banque publique est ainsi indépendante des budgets de l’Union européenne tout en bénéficiant de la meilleure notation de financement possible, le triple A.

Ce « bras financier » de l’UE reste pourtant un géant méconnu du financement international*. Depuis un peu plus de dix ans, l’évolution de sa politique d’investissement l’a néanmoins de plus en plus exposée, ainsi que l’a rappelé Grégoire Chauvière Le Drian : « La BEI est un instrument contra-cyclique et la multiplicité des crises auxquelles nous faisons face depuis 12 ans ont abouti au fait que les États ont fait appel à elle pour mettre en place des stratégies complémentaires. Le premier point de bascule a été la crise financière 2008-2012. Pour la première fois, les États membres ont demandé à la BEI de soutenir l’économie. »

Cette apparition dans le débat public s’accompagne de critiques : la BEI ne prendrait pas assez de risques et ne serait pas assez présente dans l’économie réelle. En 2014, « la BEI propose (…) au nouveau président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, de mettre en place une ingénierie financière de partage de risques avec la constitution d’un fonds de garantie qui permette à la BEI de financer des projets plus risqués. Ce plan de relance par l’investissement de 315 milliards d’euros [sur 3 ans], dont la BEI est l’opérateur unique, prend le nom de plan Juncker », explique Grégoire Chauvière Le Drian. Nouvelle étape avec les élections européennes de 2019 dont le climat est un thème central : « L’Europe encourage alors la BEI, qui finançait déjà des projets à impact positif pour le climat, à assumer ce rôle de banque européenne du climat », note le banquier. Si le climat reste une orientation stratégique majeure pour la BEI, l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022 change à nouveau la donne. Lors du sommet de Versailles, une feuille de route définit pour la première fois une politique européenne commune industrielle. La BEI doit dès lors contribuer par des financements additionnels aux objectifs d’autonomies énergétique et industrielle, se traduisant par un regain d’efforts en soutien aux projets d’énergies renouvelables.

© SGA/COM

La BEI, soutien de la Défense

En parallèle de ces sujets, à la suite des attentats terroristes de 2015, le Conseil européen demande à la BEI de soutenir le secteur de la Défense, pourtant jusque-là éloigné de ses centres d’intérêts. En 2022, un nouveau pas est franchi avec l’adoption d’une initiative stratégique pour la sécurité européenne (ISSE). Ce programme doté de 8 milliards d’euros d’ici 2027 accompagne le secteur mais avec une restriction importante : les projets financés doivent présenter une application civile.  « En clair, le chiffre d’affaires généré par un projet ou une entreprise soutenus par la BEI devait être majoritairement dédié au secteur civil. »

Critère limitant mais qui, associé aux objectifs pour le climat, a permis au ministère des Armées de mener un ensemble de projets, pour partie financés par la BEI, tels que : la rénovation thermique des bâtiments des familles des gendarmes, la rénovation d’un parc de souffleries pour l’Onera, le centre français de recherche aérospatiale, et surtout le projet Cegelog («Plan Ambition Logement »), un programme très ambitieux de construction et rénovation du parc de logements domaniaux du ministère des Armées, financé à hauteur de 484 millions d’euros par la BEI.

Une nouvelle doctrine en juin

À l’arrivée au 1er janvier 2024 de la nouvelle présidente de la BEI, Mme Nadia Calviño, seuls 2 des 8 milliards du fonds consacré à la Défense ont été consommés. « Le message qu’elle fait passer est alors : faites-nous savoir ce que vous voulez financer et on le fera puisqu’on a la marge de manœuvre. » Cette consigne s’accompagne de débats internes pour repenser le critère de dualité des projets qui est vu comme très restrictif pour l’accompagnement des entreprises en besoin. En effet, « Financer la Défense et la Sécurité rentre désormais dans les priorités européennes avec toutefois une ligne rouge sur les financements des armes et des munitions qui en sont encore exclus », a précisé Grégoire Chauvière Le Drian.

Afin faire connaître cette nouvelle stratégie, la BEI a commencé dès juin un road show dans les capitales européennes afin d’écouter les acteurs de marché, comprendre leurs besoins et définir comment la BEI peut définir ses outils pour y répondre. Le vice-président de la BEI et le vice-président en charge de la sécurité seront ainsi à Paris la semaine du 25 novembre.

 

*La BEI est l’une des plus grandes institutions financières multilatérales au monde.

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