1945 : La 2e division blindée entre en Allemagne
Pour le général Philippe Leclerc, il est impensable que la 2e division blindée (2e DB) ne termine pas la guerre en territoire allemand. Après une campagne glorieuse qui l’a menée de Paris à Strasbourg, reste encore à pénétrer en Allemagne.
Cette avancée symbolique et militaire permettrait à la France de figurer pleinement aux côtés des nations victorieuses du nazisme.
Des combats à Royan à la traversée de la France
Le 28 février 1945, la 2e DB stationne à Châteauroux, tandis qu’un détachement combat encore dans le secteur de Royan. Le général Charles de Gaulle insiste sur la nécessité de faire participer activement les armées françaises, aux côtés des Forces françaises de l’intérieur (FFI), dans les combats contre l’occupant allemand. Le 18 avril, la garnison allemande de Royan capitule. Dans la soirée, Leclerc ordonne le retour du détachement à Châteauroux : il vient d’obtenir l’autorisation de déployer sa division en Allemagne.
L’ordre de mouvement vers le Bade-Wurtemberg est donné le 22 avril 1945. Neuf convois de 150 à 350 véhicules prennent la route vers Schwäbisch Hall, traversant la France en un temps record. Les éléments blindés sont acheminés par voie ferrée vers Brumath et Bischwiller, dans le Bas-Rhin, avant de rejoindre la zone de regroupement de Rastatt. Le 28 avril, la division est rattachée au XXIe corps américain du général Millburn, avec pour objectif un regroupement à l’ouest d’Augsbourg.
L’ordre du jour du général Leclerc à son unité
Le général Leclerc adresse un ordre du jour à son unité́ : « Vous foulez aujourd'hui le sol de l'ennemi, récompense tant attendue après des années et des mois de lutte. En dehors des combats, vous éviterez de tomber dans deux excès, d’une part la brutalité́ inutile et le pillage, d’autre part les relations avec la population auxquelles se prêterait toujours la platitude germanique. Il s’agit, une fois de plus, de faire honneur à votre uniforme. »
Malgré le morcellement temporaire de sa division, Leclerc accepte de détacher le groupement tactique V (GTV) au profit de la 12th Armored Division américaine.
À l’assaut de Berchtesgaden
Le 4 mai 1945, le XXIe corps et le GTV reçoivent l’ordre de marcher vers Berchtesgaden et Salzbourg. Le général Leclerc, déterminé à ce que les Français atteignent les lieux symboliques du régime nazi en premiers, effectue un bond de 200 kilomètres pour rejoindre le front.
Renforcé par des éléments du 1er régiment de marche de spahis marocains, le GTV atteint l’Inn le 3 mai, sous une météo difficile. Leclerc ordonne aussitôt la reprise de la progression vers Berchtesgaden, répartissant ses forces en trois sous-groupements : commandant Sarrazac à droite, commandant Barboteu au centre, lieutenant-colonel Delpierre à gauche.
Le sous-groupement du commandant Barboteu livre un des derniers combats de la division et atteint le premier Berchtesgaden. Bloqué par une coupure humide, il ne dispose pas des moyens de franchissement nécessaires. Un colonel américain lui accorde alors le passage derrière ses troupes.
Les Français traversent Bad Reichenhall et pénètrent à Berchtesgaden presque simultanément avec les forces américaines. Le lieutenant-colonel Jacques de Guillebon, commandant du GTV, arrive peu après. Tandis que les Américains célèbrent leur avancée, le capitaine Touyeras du 64e régiment d’artillerie profite du répit pour se rendre à Obersalzberg, où se situe la résidence d’Adolf Hitler. Sur la base d’un plan sommaire, il en prend possession au nom de la France et y hisse le drapeau tricolore.
Le 5 mai 1945, Leclerc, arrivé à son tour à Berchtesgaden, demande que le drapeau français soit hissé sur le Nid d’Aigle, perché à 700 mètres au-dessus de la résidence. Cette action marque, pour la division, la fin de la campagne d’Europe dans une atmosphère à la fois solennelle et amère.
Une fin de campagne chargée d’émotion
Dès le 3 mai, Leclerc est informé par ses officiers de l’existence du camp de concentration de Dachau. Il s’y rend à plusieurs reprises pour tenter de soulager les souffrances des déportés. C’est à Bad Reichenhall qu’il apprend la capitulation de l’Allemagne, le 8 mai 1945.
Le 18 juin, le général Leclerc défile à Paris à la tête de la 2e DB, avant de faire ses adieux à sa division le 22 juin. Une page d’histoire se tourne : celle d’un combat mené sans relâche depuis l’Afrique jusqu’aux portes du IIIe Reich, au nom de la liberté, de la justice et de l’honneur.
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