Deux ans d’économie de guerre en chiffres

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 23 juin 2024

Il y a deux ans, le président de la République, Emmanuel Macron inaugurait le salon Eurosatory en appelant au renforcement de l’industrie de défense pour permettre à la France d’entrer « dans une économie de guerre. » Deux ans plus tard, focus sur le bilan chiffré de l’accélération des cadences et l’augmentation des volumes de production.

Illsustration du salon Eurosatory 2024 © Christian Hamilcaro / Ministère des Armées

Des carnets de commandes remplis

La loi de programmation militaire 2024-2030 (LPM) prévoit de consacrer 413,3 milliards d’euros aux armées au cours des sept prochaines années. Ce budget représente 118 milliards d’euros supplémentaires soit une hausse de 40% par rapport à la LPM précédente. Cette courbe ascendante se traduit naturellement sur le volume des commandes passées auprès des industriels. De 9,5 milliards d’euros annuel en moyenne entre 2012 et 2016, les commandes passent à 20 milliards d'euros de crédits pour 2023. Elles ont ainsi plus que doublé en 9 ans.

Au 31 décembre 2023, les commandes passées en attente de livraison étaient réparties entre les différentes entreprises comme ce qui suit :

  • Thalès : 6 milliards d’euros
  • Airbus Defense and Space : 5 milliards d’euros
  • Airbus Helicopters : 5 milliards d’euros
  • Dassault aviation : 5 milliards d’euros
  • Naval Group : 4 milliards d’euros
  • MBDA : 3 milliards d’euros
  • Safran : 2 milliards d’euros
  • Chantiers Navals (hors Naval Group) : 1,5 milliard d’euros
  • Nexter : 1,5 milliard d’euros
  • Arquus : 1 milliard d’euros

Segment en tension : la défense sol-air

Dans le domaine de la défense sol-air, l’enjeu industriel pour le ministère des Armées consiste notamment à augmenter sa production de missiles Aster. Cette augmentation est indispensable pour continuer à aider l'Ukraine à défendre son ciel mais également pour renforcer les capacités de défense sol-air de la France. Dans ce domaine, les contrats opérationnels de nos armées ont évolué. En mer Rouge, depuis les attaques de drones et les tirs de missiles balistiques de la part des Houthis, la Marine nationale a tiré plus d’une vingtaine de missiles Aster pour sécuriser la zone. Les dix années d’opération Serval et Barkhane n’ont pas nécessité la même masse en munitions.

Pour répondre à cette hausse du besoin, une première commande de 200 missiles Aster a été passée, pour un montant de 900 millions d’euros. Le ministère des Armées instruit une commande anticipée de 200 missiles Aster supplémentaires.

Doublement des commandes sur un an

La production des bombes AASM - pour armement air-sol modulaire - va elle aussi doubler en une année. 600 de ces bombes sont attendues pour 2024 dans l’optique de les livrer à l’Ukraine. Au-delà de cette livraison, le ministère des Armées ambitionne désormais d’en produire 1 200 pour 2025, c'est-à-dire de multiplier la production par deux. Un défi que l’entreprise Safran s’est déclarée prête à relever.

La même logique est appliquée aux commandes de missiles Scalp permettant des frappes dans la profondeur. Le ministère des Armées a demandé à MBDA de procéder à 40 livraisons à venir, comprenant des missiles qui peuvent être reconfigurés.

Réduction des délais de production

Avec l’économie de guerre, le ministère des Armées demande aux industriels d’accélérer leur rythme de production. Sur la commande des 200 missiles Aster, les premières livraisons initialement prévues pour 2026 sont ainsi espérées pour le courant 2024, avec ensuite une multiplication par trois de la production en 2025. L’effort est conséquent pour l’industrie mais nécessaire pour garantir la souveraineté des forces.

Plusieurs entreprises ont réussi à accélérer significativement leurs cadences de production. C’est notamment le cas de Nexter. En effet, l’entreprise a réduit de moitié les délais de production des canons Caesar, tout en multipliant par deux le volume d’unités produites.

De leur côté, les usines de Dassault étaient en situation de pouvoir produire un Rafale par mois. Désormais, ce sont trois Rafale par mois qui peuvent sortir des ateliers. La même capacité d’accélération est visible sur la gamme des missiles Mistral et pour les radars de Thales dont nous avons besoin pour la défense sol-air. 

Produire 100 000 obus en 2024

La guerre en Ukraine nous donne un aperçu des besoins en munitions dans le cadre d’un conflit de haute intensité. La pénurie d’obus affaiblit les forces ukrainiennes dans leur combat face aux Russes qui détiennent des capacités supérieures dans ce domaine.

La France s’attèle donc à leur procurer les obus d’artillerie de 155 mm pour équiper les canons Caesar qu’elle fournit également à Kiev. Alors que la France produisait en moyenne 500 obus par ans entre 2012 et 2017, le ministère des Armées a annoncé un objectif de production de 100 000 obus pour l’année 2024. 80 000 de ces obus seront livrés à l'Ukraine et 20 000 aux armées françaises.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, 30 000 obus ont été livrés à Kiev par la France. L’objectif est d’augmenter ces capacités de livraison à 80 000 unités en 2024. Pour cela, un composant est essentiel : la poudre explosive. Sans cette ressource, il est impossible de propulser les obus d'artillerie. Soutenue à hauteur de 10 millions d’euros par le ministère des Armées, l’entreprise Eurenco a annoncé le 22 février 2023 la relocalisation d’une usine de poudre sur son site de Bergerac. Le but : disposer dès 2025 d’une capacité souveraine de production de ce segment critique.


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