Emmanuel Chiva dans Esprit défense : « Comme toute chose vivante, la DGA doit se transformer »
Interrogé par Esprit défense quelques semaines après sa prise de fonctions, Emmanuel Chiva dévoile ses ambitions pour la Direction générale de l’armement, et notamment son plan de transformation pour l’adapter aux défis qui l’attendent. Il revient également sur les enjeux de l’économie de guerre et sur les programmes d’armement développés au niveau européen.
Vous avez pris vos fonctions le 1er août. Quel bilan tirez-vous de ces premières semaines à la tête de la DGA, dans un contexte géostratégique difficile ?
Emmanuel Chiva : Effectivement, il y a plus simple que d’arriver au moment de la guerre en Ukraine, de l’économie de guerre ou de la mise en place d’une nouvelle loi de programmation militaire. Mon premier constat confirme ce que je savais déjà : la DGA est un joyau unique. Il est facile de s’en rendre compte en observant les autres pays. La grande majorité d’entre eux ne disposent pas d’un tel vecteur de performance et d’expertise pour conduire leurs opérations d’armement. Car la DGA n’est pas une centrale d’achats. Le coeur de son réacteur, c’est bel et bien une expertise technique dans des domaines complexes.
Pour autant, et c’est mon second constat, je pense que la DGA doit se transformer. Tout d’abord, en raison du contexte géostratégique. Ensuite, parce que nous sommes une structure de 10 000 personnes en concurrence avec toutes les autres, privées comme publiques, notamment pour recruter les jeunes et les fidéliser. Transformer la DGA est enfin un défi pour qu’elle puisse accomplir ses différentes missions, de la conduite des programmes à la préparation de l’avenir de nos systèmes de défense. Pour réussir cette transformation, je sais pouvoir compter sur le capital humain de la DGA. On ne réalise rien sans hommes et sans femmes. Nous disposons d’ingénieurs et de techniciens de très haut niveau, pleinement conscients des enjeux de leur mission et personnellement engagés dans son succès. Tous ceux que j’ai déjà pu rencontrer m’ont convaincu de leur implication et de leur passion. C’est un capital précieux que j’entends aussi faire fructifier.
Qu’est-ce que l’économie de guerre implique pour la DGA dans les années à venir ?
Rappelons déjà que nous ne sommes pas en guerre. Ce que signifie l’économie de guerre, c’est tout simplement être prêts et être capables de ne pas subir le jour où nous serons confrontés à une crise majeure. Il nous faudra alors assurer l’approvisionnement de nos stocks critiques et augmenter les cadences de production « au coup de sifflet » ainsi que la disponibilité des matériels.
Tout ceci a évidemment un impact sur la transformation de la DGA. Elle doit être plus rapide, plus adaptable, d’où le plan « Impulsion DGA » que j’ai lancé en prenant mes fonctions. Il est fondé sur quatre chantiers. Ceux-ci incluent des réflexions portant notamment sur l’organisation et les missions de la DGA, son ouverture sur le monde, les leviers de simplification et la recréation de fonctions d’anticipation stratégique. L’objectif est de s’adapter à l’évolution du contexte et des défis actuels (diplomatiques, économiques, environnementaux…).
La suite de cet entretien est à retrouver dans Esprit défense n°5.
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