Dans les conflits récents, majoritairement asymétriques, les brûlures représentent 10 % des blessures de guerre. Les explosions en sont la principale cause. Elles surviennent majoritairement sur des combattants à pied ou embarqués. Dans les deux cas, les lésions peuvent être étendues, profondes et traumatisantes.

Pour y répondre, les équipes médicales ont recours aux greffes de peau dites autologues. Le principe : prélever de la peau saine sur le patient pour les greffer sur une autre partie de son corps. « Cette technique présente des limites pour les personnes brûlées à plus de 60 % et sur lesquelles il est difficile de prélever de la peau saine en quantité suffisante », explique Amélie Thépot, présidente de LabSkin Creations. A l’heure actuelle, une des solutions pour ce type de pathologie est la culture d’épiderme de peau en laboratoire. Ce processus est toutefois long et n’inclut pas la partie plus profonde de la peau, le derme, qui est notamment responsable de l’élasticité cutanée.    

Cette problématique est en passe d’être résolue grâce à la bio-impression de peau. Ce procédé révolutionnaire utilise les principes de l'impression 3D pour fabriquer très rapidement des tissus cellulaires grâce à de l’encre biologique constituée à la fois de cellules vivantes (prélevées sur le patient) et de biomatériaux (des matériaux d’origine naturelle ou synthétique, compatibles avec les cellules du corps).

Une meilleure cicatrisation

Cette prouesse a notamment été réalisée par l’entreprise française LabSkin Creations et ses partenaires de recherche (le LIRMM de l’université de Montpellier, la Banque de Tissus et Cellules des Hospices Civils de Lyon, l’ICBMS de l’université Claude Bernard de Lyon) via son projet Bloc-Print II. Présenté au Forum innovation défense 2023, il permet de recréer de la peau complète (derme et épiderme) à partir des cellules du patient grâce à une technique de bio-impression 3D. Le résultat ? « Un bénéfice clair sur la vitesse et la qualité de la cicatrisation », s’enthousiasme Amélie Thépot.

La particularité du projet repose sur l’utilisation d’un bras automatisé. Celui-ci applique l’encre biologique directement sur la blessure. Lors de cette phase, ce robot est capable de suivre les mouvements respiratoires du patient et d’acquérir les données topographiques de la plaie pour reconstituer la peau avec rapidité et précision.

L’innovation de Bloc-Print II tient également à l’utilisation des cellules souches issues du tissu adipeux (graisse corporelle) du patient. Plusieurs essais cliniques ont montré que ces cellules peuvent être tolérées sans nécessiter un traitement immunosuppresseur. « Une aubaine pour le traitement des plaies chroniques comme les ulcères ou les moignons d’amputation », estime la présidente de Labskin Creations.

Appliqué au domaine militaire, l’objectif à long terme du projet Bloc-Print est de soigner les brûlures directement sur le terrain.  

Informations :

• Forum innovation défense, un événement organisé par le ministère des Armées.
• Du 23 au 25 novembre 2023.
• Pavillon 2.2 du Parc des Expositions de la Porte de Versailles – Paris XV.

Les deux premières journées (jeudi 23 et vendredi 24 novembre) sont destinées à un public de professionnels. La journée du samedi 25 novembre sera ouverte au grand public et dédiée aux métiers de la défense et au recrutement. L’évènement est gratuit et sur inscription.