Journée internationale du sport féminin : les armées s’engagent pour leurs sportives
À l’occasion de la Journée internationale du sport féminin, ce vendredi 24 janvier, le général Paul Sanzey, commandant du Centre national des sports de la Défense (CNSD) et commissaire interarmées aux sports militaires, revient sur la place des femmes militaires dans le sport de haut niveau, leur préparation et leur accompagnement continuel par les armées.
Quelles évolutions avez-vous observées dans le sport féminin militaire ces dernières années ?
Général Paul Sanzey : Dans le sport français, une étude, parue récemment*, montre que les écarts de pratiques entre garçons et filles se sont resserrés. En 2022, 59 % des femmes ont pratiqué régulièrement une activité sportive, c'est-à-dire au moins une fois par semaine, contre 62 % des hommes. Il y a donc un faible écart.
Au niveau militaire et pour le haut niveau, on a quantitativement une progression des effectifs féminins, avec 44 % de jeunes femmes dans le bataillon de Joinville, et qualitativement un niveau de résultats très élevé : à Paris, pour les Jeux olympiques, 46 % des médailles récoltées par l’Armée de champions sont raflées par les jeunes femmes. Pour le sport d’élite et les différentes Équipes de France militaires engagées dans les championnats du monde militaires, nous nous rapprochons donc beaucoup de la parité des résultats comme en témoignent les publications du CNSD.
Il existe une grande variété et diversité de sports pour les femmes militaires. Historiquement, certaines disciplines étaient-elles plutôt réservées aux hommes et « interdites » aux femmes ?
Pas spécialement. Elles n’avaient pas moins le droit de s’investir que les hommes. Une anecdote pour expliciter : le musée du sport de Nice a réalisé une exposition l’an dernier qui portait sur la place des femmes dans les compétitions olympiques et s’appelait « les Elles des Jeux ». Cette exposition a décrit l'origine des sports et montré l'évolution de la place croissante des femmes. À l’évidence, les armées sont toujours en avance par rapport à la pratique du haut niveau au niveau national. On note une ouverture dans certains sports : ainsi, nous avons aussi des athlètes de haut niveau dans des sports de combat et même des instructeurs spécialisés du CNSD, qui sont des femmes. Par exemple, le premier maître Eva Dourthe, qui détient un titre de championne d'Europe de MMA, était instructeur au bataillon d'Antibes du CNSD avant de repartir dans les forces. Elle formait des garçons et des filles aux sports de combat.
Pour les sportives militaires, la question de l’accompagnement se pose d’autant plus lors des grossesses. Comment l'armée les aide-t-elles à trouver cet équilibre entre vie sportive et vie personnelle ?
L’adjudant Clarisse Agbégnénou est emblématique parce qu'elle a été cinq fois médaillée olympique. Il s’agit d’une figure du judo français. Je peux également citer le maître Charline Picon, qui est médaillée de bronze en planche à voile et triple médaillée olympique, le sergent Wassila Lkhadiri en boxe et le sergent Carolle Zahi en athlétisme. Toutes ces femmes ont fait des « pauses » entre deux olympiades et sont revenues au plus haut niveau puisque trois d'entre elles ont été sélectionnées pour les JOP en 2024. Ce retour a été possible, je pense, grâce à la confiance que les sportives peuvent avoir – car il s’agit bien de confiance mutuelle –, grâce à la sérénité avec laquelle les armées abordent la maternité dans le sport militaire. Nous accompagnons les athlètes sur le temps long. Chacun est pris en compte à son niveau dans sa discipline pour établir le meilleur résultat en relation avec sa fédération.
Depuis la fin des Jeux olympiques, avez-vous noté une augmentation des demandes de sportives souhaitant rejoindre ce dispositif de l’Armée des champions ?
Avant toute chose, les Jeux olympiques ont provoqué un afflux de candidatures dans les clubs et un certain nombre de disciplines. Des disciplines ont été découvertes, qu'il s'agisse de disciplines valides ou d’handisport. Dans les armées, nous avions déjà un taux de volontariat important puisque les fédérations me proposent à peu près cinq candidatures pour un poste vacant.
Toutefois, je n’ai pas encore détecté un afflux spécifique de jeunes femmes. Mais il est vrai que certaines disciplines sont moins connues et méritent notre appui comme le ski-alpinisme ou le sauvetage sportif. Ce sont des disciplines sur lesquelles nous nous capitalisons parce qu'elles sont très proches du savoir-faire militaire opérationnel. Nous avons déjà monté des équipes masculines et féminines de France militaires, dans ces deux sports, qui ont remporté des compétitions militaires internationales. On observe un intérêt croissant pour ces nouvelles disciplines et, évidemment, les armées seront présentes pour les hommes comme pour les femmes.
* Source Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (INJEP).
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