Liban : le soutien de la France au cessez-le-feu

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 17 janvier 2025

Le 26 novembre 2024, le Liban et Israël ont signé un accord de cessez-le-feu pour mettre fin aux combats. Cet accord prévoit un mécanisme de supervision du cessez-le-feu auquel les Français participent. Explications du général de brigade Guillaume Ponchin, qui assure la représentation de la France au sein de ce mécanisme.

Le GBR Ponchin dirige la partie française du mécanisme de supervision du cessez-le-feu à Beyrouth © EMA/COM

Qu’est-ce que le mécanisme de supervision du cessez-le-feu au Liban et qui y participe ?

Général Guillaume Ponchin. Ce mécanisme est issu de l'accord du 26 novembre 2024. Son objectif : garantir le respect de la cessation des hostilités entre Israël et le Liban. Il ne s'agit pas d'une structure de commandement militaire à proprement parlé, mais d'un dispositif de coordination. Son rôle est bien d'assurer la « déconfliction », c'est-à-dire de prévenir les escalades potentielles des tensions en facilitant les communications et la mise en œuvre des engagements prévus dans l’accord. Ce mécanisme est présidé par les États-Unis, eux-mêmes secondés par la France. Tous deux sont rejoints par les Libanais, les Israéliens et la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) pour former un comité à 5 branches.

Quel est le rôle de la France ? 

La France est co-actrice du mécanisme aux côtés des États-Unis. L’équipe interministérielle française, dont j’ai la responsabilité, est basée à l’ambassade de France à Beyrouth. Elle appuie au quotidien les efforts américains en matière de surveillance des accords et de médiation, afin de faciliter le retrait des forces de défense d'Israël et le déploiement en sécurité des forces armées libanaises (FAL) dans les zones du sud Liban, avec l’appui de la FINUL.  

Comment est composée l’équipe française ?

Les personnels du ministère des Armées et du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères travaillent au sein de la Task Force Cèdre. Dans un contexte régional et libanais en recomposition, les deux conseillers politiques du Quai d’Orsay ont été intégrés à l’équipe dès le début. Cette complémentarité entre les deux ministères a permis de développer les échanges quotidiens pour une meilleure compréhension réciproque des problématiques et des enjeux à traiter.

« Le cessez-le-feu tient grâce à une forte mobilisation internationale et à des efforts constants de « déconfliction » de la part de l’ensemble des parties. »

Général Guillaume Ponchin

Quelle est la situation sur place ?

Le mécanisme est désormais pleinement opérationnel, et la mise en œuvre de l’accord du 26 novembre se traduit par des avancées concrètes : plus d’une centaine d’opérations de démantèlement d’armement ont été conduites par les forces armées libanaises. Elles ont notamment repris plusieurs points de contrôle au sud du Litani. Le retrait israélien est effectif dans la région de Naqoura et à Khiam et devrait continuer. La poursuite des opérations israéliennes de démantèlement des infrastructures aux abords de la Ligne bleue et le maintien d’une présence armée non étatique au Sud Litani entretiennent néanmoins des tensions palpables sur le terrain.

Malgré cela, le cessez-le-feu tient grâce à une forte mobilisation internationale et à des efforts constants de « déconfliction » de la part de l’ensemble des parties, qui continuent à affirmer leur intention de respecter l’accord du 26 novembre. Nous sommes optimistes quant au maintien d’un niveau de violence très contenu, et sur la réalisation d’un retrait israélien qui permettra le déploiement des forces armées libanaises dans la zone sud du Litani.  

Quelles sont les possibilités de réaction face à une entorse au cessez-le-feu ?

Les termes de l’accord du 26 novembre laissent part à une interprétation différente des possibilités offertes à chaque partie dans l’accomplissement de leur engagement. En cas de violations supposées d’un des termes de l’accord, le mécanisme de supervision peut :

  • enquêter sur les violations grâce à des échanges avec toutes les parties ;  

  • renforcer la surveillance pour éviter les escalades ;

  • proposer des mesures pour rappeler les engagements des parties impliquées.  

Les États-Unis et la France travaillent également avec la FINUL qui, de son côté, dispose de procédures dédiées à la prise en compte des violations supposées de la Résolution 1701.

Quelle est la prochaine étape ?

La finalisation du retrait israélien des zones restantes au sud du Litani. Les FAL doivent ensuite occuper ces zones, mettre en place des patrouilles tout en poursuivant leur mission de démantèlement des factions armées. L’objectif : la restauration de la souveraineté par l’État libanais, notamment grâce au renfort de 10 000 soldats dans la zone. Ce renforcement prendra du temps, et il sera nécessaire de s’appuyer au mieux sur les capacités de la FINUL.

Pour le mécanisme, il est primordial que le dialogue ne soit pas rompu entre les forces de défense d'Israël et les forces armées libanaises et que les deux parties poursuivent leurs efforts afin de respecter au mieux les conditions du cessez-le-feu.


A la une