La libération de Strasbourg [1944 : la France libérée 4/4]

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 10 juin 2024

En cette fin d’année 1944, l’étau se resserre autour des armées du Reich, qui concentrent alors leurs forces dans les Vosges. Au sud, l’armée B, devenue la 1ère armée, reprend les villes une à une. Le 12 septembre, elle fait la jonction en Bourgogne avec les troupes débarquées en Normandie. De son côté, le général de Gaulle intervient auprès d’Eisenhower pour déclencher l’offensive afin de libérer Strasbourg.

Le 23 novembre 1944, les convois de la 2e division blindée entrent dans Strasbourg © Jacques Belin/Roland Lennad/SCA/ECPAD/Défense

Novembre 1944. La campagne d’Alsace est engagée. Patton et la 2e DB s’engagent par le nord, de Lattre par le sud. Son armée fait tomber Belfort et Mulhouse en seulement quatre jours. Parallèlement, le 18 novembre, Leclerc fonce sur Strasbourg. Afin d’éviter les villes fortement tenues par la Wehrmacht, il choisit de surprendre l’ennemi en passant par des routes de montagne étroites. Les blindés progressent difficilement sur l’itinéraire sinueux et accidenté à cause des arbres abattus par les Allemands. Ce chemin s’avère néanmoins gagnant car, dès le 22 novembre, la 2e DB campe aux portes de Strasbourg.

« Tissu est dans iode »

Il est 6 h 45 le lendemain, lorsque quatre colonnes de blindés se ruent à travers quatre entrées différentes de la ville. Les Allemands ont préparé leur défense et se protègent dans des tranchées creusées de force par les Strasbourgeois. Trois colonnes sont alors bloquées et prises sous les feux, quand, tout à coup, les chars du lieutenant-colonel Rouvillois brisent les défenses allemandes et traversent la ville. « Tissu est dans iode », écrit ce dernier, dans le fameux message pour avertir les Alliés de leur percée. Strasbourg tombe rapidement, malgré plusieurs poches de résistance. L’après-midi, Maurice Lebrun, du 1er régiment de marche de spahis marocains, grimpe sur la flèche de la cathédrale de granit rose pour y hisser le drapeau tricolore : « Il y a le vent glacial, le vertige : 142 mètres et… quelle belle cible ! Je grimpe. Enfin voilà le sommet. J’attaque le paratonnerre… et je crois bien que je tremble. J’extrais le drapeau de mon blouson. Ça y est, il est bien attaché, je tarde à le libérer. Trente secondes immobile dans le vent. Il me semble entendre un Zss, Zss, Zss. Je les avais oubliés, ceux-là. Ils sont en train de m’aligner, et depuis un moment déjà, sans que j’aie réalisé. »1 Le drapeau arborant la croix de Lorraine flotte dans le ciel alsacien, improvisé avec un drap blanc, de la teinture bleue et un bout de tissu rouge découpé d’une bannière nazie2. « Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg. » Le serment du général Leclerc, prêté à Koufra trois ans plus tôt, est honoré.

La situation n’est pas pour autant stabilisée en Alsace, où les forces du IIIe Reich se réorganisent autour de Colmar et de Metz. Mais Strasbourg ne retombera pas, ni après l’offensive Nordwind lancée par Hitler en décembre 1944, ni plus jamais.

1 Pierre Dufour, « Libération et défense de Strasbourg », in Chemins de mémoire.

2 « Libération de Strasbourg : Leclerc accomplit le serment de Koufra », article sur le site internet de l’Établissement de communication et de production audiovisuelle.

1944 : la France libérée

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