Lieutenant-colonel Vérane Quêtier : « Le 14 Juillet ? Un moment de communion entre les armées et la Nation »
Le 14 juillet prochain, le lieutenant-colonel Vérane Quêtier défilera sur les Champs-Élysées aux côtés des personnels du centre militaire d’observation par satellites (CMOS), une unité clef du commandement de l’espace. Rencontre avec une officier engagée, passionnée par le spatial et déterminée à faire rayonner son métier.
Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre mission au sein du CMOS ?
Je commande depuis un an le CMOS, le Centre militaire d’observation par satellites. Nous avons pour mission de fournir aux armées françaises des images d’origine satellitaire, indispensables à la préparation et à la conduite des opérations. Cela peut concerner du renseignement, de la cartographie, du suivi d’objectifs ou encore des évaluations de frappes. Nous travaillons en étroite coopération avec le CNES et avec des industriels comme Airbus ou Thales.
Concrètement, nous recueillons les besoins des forces, nous programmons les satellites pour répondre à ces demandes, nous produisons et livrons les images, en garantissant leur qualité, leur intégrité et leur disponibilité. Il faut que nos forces puissent les exploiter en temps réel, où qu’elles soient.
Quels sont les enjeux de la surveillance de l’espace pour les armées aujourd’hui ?
Depuis quelques années, l’espace est devenu un véritable champ de conflictualité. L’incident du satellite russe Luch Olymp en 2018, qui s’était approché très près d’un satellite franco-italien, a marqué un tournant. Plus récemment, la guerre en Ukraine a mis en lumière des actions agressives dans l’espace et depuis le sol : brouillage de GPS, attaques contre des satellites de télécommunications… Ces actes ont un impact direct sur la navigation aérienne, maritime, et sur nos capacités militaires. Il était donc crucial de développer une stratégie dédiée à la défense spatiale.
Quelles sont les principales menaces que vous devez anticiper ou surveiller ?
Outre les brouillages, nous devons surveiller de très près les comportements suspects dans l’espace : des rapprochements de satellites, qui peuvent cacher des tentatives d’espionnage ou simplement des manœuvres dangereuses. Nos satellites peuvent alors être amenés à effectuer des manœuvres d’évitement. Ces opérations sont coordonnées depuis Toulouse, au sein du Centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux (COSMOS), notre centre d’orbitographie. La surveillance permanente est indispensable pour protéger nos capacités orbitales.
En quoi la France est-elle pionnière ou en pointe sur ces questions de défense spatiale ?
La France a toujours été une nation spatiale. Très tôt, nous avons compris que notre souveraineté dépendait aussi de notre capacité à maîtriser l’espace. En 2019, nous avons été parmi les premiers pays au monde à nous doter d’un commandement de l’espace et d’une véritable stratégie de défense spatiale. Aujourd’hui, avec la montée en puissance du Commandement de l’espace (CDE) et de la base aérienne à vocation spatiale 101 à Toulouse, la France s’impose comme un acteur de référence dans ce domaine.
Que représente pour vous le fait de défiler le 14 Juillet ?
C’est une grande fierté, bien sûr. Mais c’est surtout un moment fort de communication entre les armées et la Nation. Le 14 Juillet, c’est l’occasion de montrer ce que nous faisons, souvent dans la discrétion, et de renforcer ce lien essentiel avec les Français. C’est une forme de communion. Ce n’est pas un simple symbole : c’est un rappel du rôle central que jouent nos armées dans la défense des intérêts nationaux.
Quel message souhaitez-vous faire passer en défilant sur les Champs-Élysées ?
Je veux montrer que l’armée est un véritable ascenseur social. Tous les parcours sont possibles. Tous les métiers sont accessibles, pour peu que l’on s’en donne les moyens. On y est accueilli, formé, accompagné. C’est ce message d’ouverture, d’excellence et d’engagement que je souhaite transmettre en marchant sur les Champs.
Quel conseil donneriez-vous à une jeune femme ou un jeune homme qui souhaite s’engager dans les armées, et pourquoi pas dans le spatial ?
Ne pas hésiter. Si l’on est attiré par le spatial, ou simplement par l’idée de servir, il faut y aller. Les armées forment, soutiennent et valorisent les compétences. Tout est possible, à condition d’avoir la volonté d’apprendre et de progresser.
Avez-vous un souvenir marquant de votre carrière que vous aimeriez partager ?
J’en ai plusieurs, mais un moment fort a été mon passage à l’école de guerre aux États-Unis. J’étais intégrée dans une filière dédiée au spatial, et j’ai eu la chance d’assister au lancement d’un satellite Starlink, embarqué à bord d’une fusée Falcon 9. C’était un moment très fort, une forme de communion entre passionnés de l’espace, entre nations alliées. Une expérience inoubliable.
[14 juillet 2025] Base aérienne à vocation spatiale 101
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