Mon déclic ? La guerre en Ukraine. Un pays libre attaqué et des citoyens liés à leur Nation, au point de prendre les armes pour la sauver. Je me suis demandé : « Que ferais-je dans cette situation ? » Hors de question de fuir. Je veux apporter ma pierre à l’édifice et défendre la France. Ma décision est prise : j’entreprends les démarches pour rejoindre la réserve opérationnelle de l’armée de l’Air et de l’Espace.

Première formalité : un QCM qui débute par « Servir au péril de votre vie est-il inenvisageable pour vous ? » Posée de manière si abrupte, la question me rappelle le poids de mon engagement. Puis vient ma convocation pour les périodes militaires d’initiation et de perfectionnement à la Défense nationale : douze jours pour découvrir l’environnement militaire. Ces deux semaines coupées de mon quotidien sont rythmées par les cours, le sport et les simulations de patrouille. Les déplacements s’effectuent en chantant, au pas cadencé. Il n’est pas improbable qu’un réveil impromptu marque le début d’une marche du tour de la base, lampes frontales parées.

Le 7e jour, nous partons en forêt. Soudain, nos cadres crient : « Exercice. Vous êtes dorénavant en zone hostile. » Ils nous remettent une carte, une boussole et une radio. Notre mission : évacuer une pilote blessée après le crash de son avion. Progressant à couvert, fusil d’assaut – non chargé – à la main, nous crapahutons toute la journée entre les buttes et les ronces. Ce fut mon exercice préféré. Il m’a permis d’effleurer du bout des doigts les sensations vécues par un militaire en opération.

Mais le plus marquant, ce sont les liens que j’ai tissés avec le groupe. Quatorze personnes d’âges et de milieux sociaux différents qui se retrouvent autour d’une même volonté : se dépasser pour servir la France. Dans le même bateau du début à la fin, nous avons partagé nos chambres comme nos craintes. C’est là toute la force des armées : ne jamais laisser un camarade derrière soi. Prochaine étape, dans quelques semaines : la signature de mon contrat.