Radar Nostradamus : détecter plus haut et plus loin
L’Europe, avec la guerre en Ukraine, est confrontée à un retour des menaces balistiques et hypersoniques. Pour détecter et suivre les trajectoires de missiles en temps réel, l’alerte avancée est impérative. Une nouvelle étape vient d’être franchie pour renforcer les capacités françaises de détection avec le renforcement du projet Nostradamus, un radar unique en Europe.
Nostradamus, un radar transhorizon
« Avec Nostradamus, nous entrons dans l'ère de la défense aérienne élargie. Élargie du sol jusqu'à l'espace en passant vers la très haute altitude, grâce au pilier détection, incarné par le radar Nostradamus », a affirmé le général Alexis Rougier, officier général en charge de la très haute altitude (THA) à l’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace.
Conçu par l’Office national d’études et de recherches aérospatiales (ONERA), le radar Nostradamus est transhorizon, c’est-à-dire qu’il « voit » plus loin que l’horizon grâce au principe de réflexion ionosphérique des ondes à haute fréquence. Les ondes rebondissent sur la couche ionosphérique (couche de l’atmosphère située au-delà de 60 km d’altitude), comme une boule de billard sur une bande, permettant d’échapper aux limites liées à la courbure terrestre. Concrètement, ce radar dispose d’une portée de plusieurs milliers de kilomètres, du Grand Nord à l’Oural. Grâce à deux modes de configuration – monostatique et bistatique – il peut surveiller en continu un volume aérien de plusieurs millions de km3, et ce sans rotation mécanique. Il est donc capable de détecter des aéronefs de 0 à 250 km d’altitude à toute vitesse, même hypersonique.
Image du tunnel composé de matériel électronique.
Nostradamus, première brique de l'alerte avancée
Pour renforcer l’exploitation de ce dispositif, l’Agence de l'Innovation de défense et l’ONERA ont signé, jeudi 4 septembre, une convention pour le lancement d’une expérimentation ONERA à hauteur de 2 millions d’euros, inscrite dans la stratégie ministérielle relative à la très haute altitude. « Le projet Nostradamus est la première brique de l'alerte avancée que nous tentons de mettre en place avec les Européens », a ainsi déclaré le ministre Sébastien Lecornu.
En effet, lorsque des menaces approchent à des vitesses de Mach 5 (6 000 km/h) et plus, le temps est crucial pour endiguer le danger. Un représentant de la Direction militaire du renseignement le confirme : « Aujourd'hui, nous voyons apparaître dans la très haute altitude des systèmes d'armes bien plus complexes. Les missiles balistiques à têtes multiples, les missiles de croisière hypersoniques évoluant à grande vitesse mais aussi, à l’autre bout du spectre, les ballons, comme celui qui avait survolé les États-Unis en 2022. »
C’est tout l’enjeu du système de l’alerte avancée. Détectant le lancement de missiles et suivant leur trajectoire en temps réel, elle facilite la mise en place de contremesures appropriées, y compris l’interception. Dans le domaine de la détection, l’Europe dépend des informations issues des systèmes d’alerte américains. Nostradamus constitue donc une étape cruciale pour renforcer l’autonomie stratégique française et européenne, gage d’une réponse rapide et efficace face aux menaces balistiques et hypersoniques.
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