Sécurité climatique
Le changement climatique impacte l’environnement stratégique international, ainsi que les missions et les moyens d’action des forces armées. Pour le Ministère comme la DGRIS, il est aujourd’hui indispensable d’intégrer ces notions et risques dans la réalisation de nos missions et notre stratégie.
Trajectoire climatique et impacts sur la sécurité internationale
En 2020, la pandémie de COVID-19 a été le catalyseur d’importants bouleversements politiques, économiques et sociaux. Les effets du changement climatique amplifient ces phénomènes et menacent par conséquent la sécurité internationale. La destruction des ressources naturelles, ajoutée à l’intensification des évènements climatiques extrêmes tels que les ouragans, les inondations ou la montée du niveau de la mer pourraient par ailleurs favoriser d’importants déplacements de populations et exacerber des risques préexistants dans un contexte stratégique dégradé : autour de 2030, la température mondiale devrait atteindre +1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle. D’ici à 2050, et sans action immédiate, cette augmentation devrait se poursuivre au-delà de ce seuil pour atteindre la limite des 2°C, et ce, avant même la fin du 21e siècle.
Les changements climatiques ont un fort potentiel déstabilisateur. En interférant avec d’autres facteurs de l’environnement international (politiques, économiques, démographiques, religieux, etc.), ils peuvent dégrader la sécurité humaine et la stabilité mondiale. Le changement climatique et ses conséquences sont ainsi considérés comme un multiplicateur/amplificateur de risques, capable d’exacerber les tensions existantes et d’aggraver les crises.
Le ministère des Armées engagé pour la sécurité climatique
En tant qu’acteurs essentiels de la sécurité nationale et internationale, les forces armées ont naturellement un rôle central à jouer, d’autant qu’elles seront, elles aussi, directement impactées. L’intensification des évènements climatiques extrêmes (cyclones, ouragans, etc.) entraînera une augmentation des opérations HADR (Humanitarian Assistance and Disaster Relief), en particulier dans les Antilles et l’Indopacifique. Les modifications d’origine anthropique du milieu océanique (réchauffement des eaux, acidification, salinité) et leurs conséquences (déplétion des stocks halieutiques) pousseront les populations littorales à s’éloigner de leurs zones de pêche traditionnelles, entraînant un besoin accru en termes de surveillance des espaces maritimes. Les infrastructures, les entraînements, et les équipements (dont les systèmes d’armes) devront être adaptés à des conditions climatiques plus rudes (montée du niveau de la mer, températures extrêmes, précipitations accrues).
Plus qu’une simple variable opérationnelle, le changement climatique est donc un véritable « game changer » stratégique pour les forces armées.
En avril 2022, le ministère des Armées a adopté une stratégie « Défense et Climat », destinée à engager une démarche globale en matière d’anticipation et de préparation des armées aux conséquences stratégiques, opérationnelles et capacitaires du changement climatique. Elle s’articule autour de 4 axes d’effort :
- Connaître et anticiper
- Adapter
- Atténuer
- Coopérer
La prise en compte du changement climatique est un enjeu stratégique crucial, difficile et transversal, car il fait partie intégrante, au même titre que d'autres menaces traditionnellement évoquées dans les questions stratégiques, des changements profonds du contexte géopolitique actuel. Celui-ci modifie les missions des armées et la pousse à s’adapter.
Au travers du Département Nations unies et Affaires transverses (DNUAT), la DGRIS est chargée de définir la position du ministère des Armées (en lien avec les autres armées, directions et services concernés) et de développer la coopération internationale avec nos partenaires stratégiques sur ces enjeux. La DGRIS pilote et mène par ailleurs des travaux d’anticipation et de prospective autour de ces enjeux.
Ce travail s’articule autour de plusieurs axes :
- Au sein de l'Union européenne : lors de la présidence française de l'Union européenne, le ministère des Armées a porté cette problématique à l'échelle européenne, encourageant les autres armées à développer leurs propres stratégies de défense en matière de changement climatique.
- Au sein de l’OTAN : la question du dérèglement climatique est également abordée au sein de l'OTAN, où un centre dédié étudie l'impact du changement climatique sur les questions de défense.
La DGRIS prend également part à des actions concrètes dans ce domaine, au travers de l'organisation en décembre 2023 à Nouméa du South Pacific Defence Ministers’ Meeting (SPDMM). Ce sommet, qui réunissait les ministres de la défense des pays du Pacifique Sud, nous a permis d'identifier les risques et menaces et d'élaborer des actions de coopération (prévention contre la pêche illicite, lutte contre les trafics, actions HADR…) actuellement mises en œuvre avec les pays souverains de la région.
Dans le cadre de sa mission de soutien à la recherche stratégiques, la DGRIS finance divers observatoires qui permettent d'analyser l'environnement stratégique. Certains se consacrent aux questions énergétiques et aux flux stratégiques au regard des enjeux de défense, d'autres étudient les impacts et les enjeux sécuritaires engendrés par le changement climatique.
Depuis 2016, la DGRIS pilote également l’Observatoire géopolitique des enjeux climatiques en termes de sécurité et de défense, plus connu sous le nom d’Observatoire « Défense et Climat ». Véritable fer de lance du ministère des Armées sur ces questions, il s’est affirmé comme un outil prospectif central au service de tous les acteurs du ministère. Il a par ailleurs permis au ministère de disposer d’un instrument de coopération internationale, via la participation à des études conjointes et des travaux de cartographie des risques avec nos partenaires.
La DGRIS coordonne également des travaux d’analyse de la vulnérabilité des emprises militaires françaises au changement climatique.
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