Sécurité des espaces maritimes dans le Golfe de Guinée
Les chefs d’États et de gouvernements riverains du golfe de Guinée, du Sénégal à l’Angola, ainsi que les organisations régionales - CEEAC (Communauté économique des États d’Afrique centrale), CEDEAO (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest) et CGG (Commission du Golfe de Guinée) – se sont engagés en 2013 à accroître la sécurité dans les espaces maritimes d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest.
Cet engagement politique s’est traduit lors du Sommet de Yaoundé de juin 2013, en application des résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies, par la définition d’un processus global permettant de lutter contre l’insécurité maritime en Afrique, dont la piraterie et les attaques à main armée en mer constituent la partie la plus visible. Le processus de Yaoundé vise notamment à mettre en place une architecture de sécurité composée de 26 centres dédiés, allant du niveau national au niveau inter-régional, répartis sur toute la côte.
Malgré les efforts de la communauté internationale et des pays riverains, le golfe de Guinée constitue une zone où les actes illicites en mer se situent toujours à un niveau élevé : 150 incidents et une centaine d’enlèvements par an sans amélioration depuis 2016.
Les causes de cette insécurité en mer sont connues et se combinent entre elles sous la forme d’une hybridation des menaces associant pêche illicite (400 millions de tonnes représentant 1,5 Mds de dollars par an), trafics d’armes, de drogue, d’êtres humains et activités terroristes. Ce principe de vases communiquant alimente de surcroît un continuum terre-mer des problématiques sécuritaires, reliant le golfe de Guinée à la bande sahélo-saharienne pour déboucher sur la Méditerranée.
Les facteurs de long terme font également du golfe de Guinée un espace géographique crisogène en puissance : l’effondrement probable des stocks halieutiques d’ici une dizaine d’années si rien n’est fait, combiné au doublement de la population à l’horizon 2050 font craindre de futures crises alimentaires et une déstabilisation des sociétés des pays riverains pouvant avoir entre autres conséquences une accentuation des phénomènes migratoires.
Dans ce contexte, l’opérationnalisation de l’architecture de Yaoundé et la montée en puissance des marines riveraines doivent suivre leur cours : les États africains s’équipent de moyens d’intervention en mer, dont des patrouilleurs de haute mer et des vedettes rapides, et munissent leurs littoraux de radars et de sémaphores. Des réformes institutionnelles et judiciaires se mettent en place pour assurer la continuité entre détection, intervention et action en justice lorsqu’une infraction est constatée.
Les efforts à entreprendre restent cependant considérables pour assurer la sûreté et la sécurité maritime dans le golfe de Guinée. L’utilisation optimale des moyens mis en œuvre dépendent d’un meilleur partage de l’information entre les nombreux acteurs du monde maritime dans le golfe de Guinée (services des États riverains ou partenaires - marines, affaires maritimes, douanes, force d’interventions rapides, etc.-, armateurs, industries pétrolières, pêcheurs...). Pour assurer la mise en réseau de ces données, le soutien à l’opérationnalisation des structures de l’architecture de Yaoundé reste nécessaire.
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