« La Dirisi a été de toutes les opérations militaires, extérieures comme intérieures »
À l’occasion des 20 ans de la Direction interarmées des réseaux d’infrastructure et des systèmes d’information (Dirisi), son directeur, le général Erwan Rolland, fait le bilan de deux décennies d’action au service des forces et évoque les futurs défis tels que l’intelligence artificielle.
Quelle est l’origine de la création de la Dirisi ?
Avant la Dirisi, chacune des armées (Terre, Air, Mer) disposait de son propre appui numérique. Mais la guerre du Golfe, au début des années 1990, a montré les limites de cette organisation dans un contexte interarmées et interalliés. Il a donc été décidé de créer un opérateur unique et interarmées des Systèmes d’information et de communication (SIC) au sein du ministère. Cela a permis d’optimiser l’emploi de nos effectifs et d’intégrer plus facilement les nouvelles technologies dans le contexte opérationnel. Aujourd’hui, la Dirisi agit dans toutes les fonctions stratégiques, dont la dissuasion, et elle est au cœur de toutes les opérations et du fonctionnement du ministère des Armées et des Anciens combattants.
Quels ont été les projets structurants des deux dernières décennies ?
J’en vois quatre. Premièrement, dans le domaine des communications satellitaires avec la prise en main du satellite Syracuse. En coordination avec le Commandement de l’espace, ce système permet la gestion et l’exploitation des satellites à des fins opérationnelles. Deuxièmement, dans le domaine du transport de données avec le programme Descartes. Il fournit à l’ensemble des implantations du ministère des Armées et des Anciens combattants les services de télécommunication nécessaires à l’accomplissement de leurs missions. Troisièmement, le passage à l’hébergement des données en data center et l’évolution vers le cloud (hébergement des données à distance). Plus récemment, je peux citer la création de l’Agence ministérielle pour l’intelligence artificielle de défense (Amiad) et la mise en service de son supercalculateur qui sera hébergé sur un des sites de la Dirisi.
Concrètement, quel est l’apport de la Dirisi lors d’une opération militaire ?
Depuis les opérations Pamir en Afghanistan et Epervier au Tchad jusqu’au plus récentes comme Apagan en Afghanistan et Sagittaire au Soudan en passant par Harmattan en Lybie, Serval au Mali, Chammal en Irak et Syrie ou Barkhane au Sahel, la Dirisi a été de toutes les opérations militaires, extérieures comme intérieures. En tant qu’intégrateur numérique du ministère des Armées et Anciens Combattants, son rôle est de permettre à une composante interarmées de connecter l’ensemble des moyens numériques dont elle a besoin pour mener à bien sa mission. Aujourd’hui, du fait de nos profils divers issus du monde militaire et du secteur privé, nous sommes en mesure d’apporter des solutions personnalisées pour chacune des armées, sans distinction, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an.
Comment la Dirisi s’adapte-t-elle aux nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle (IA) ?
Concernant l’IA, notre objectif est d’être capable d’infogérer le nouveau supercalculateur de l’Amiad. Il ne s’agit pas, à notre niveau, de tester des cas d’usage, mais de permettre l’exploitation en toute sécurité de cet outil. À terme, les capacités de la Dirisi permettront de traiter, exploiter et stocker d’immenses quantités de données essentielles au développement du combat info-valorisé représenté par le programme Scorpion et le SCAF (système de combat aérien du futur). Sur ce sujet, la montée en compétence du personnel se fait par des formations, des recrutements avec des profils ciblés grâce à notre bureau d’appui au recrutement numérique (le B@RN) ou par des partenariats avec des industriels.
Quels sont les défis actuels de la Dirisi ?
Notre principal défi est celui de la compétence. En tant qu’acteur du numérique, notre secteur est très convoité et donc hyper concurrentiel en termes de recrutement. Aujourd’hui, notre objectif numéro 1 est d’attirer des talents et de mettre en valeur les métiers qui sont les nôtres. Enfin, nous sommes confrontés au défi capacitaire. Il est essentiel que nos équipes travaillent avec les meilleures ressources matérielles possibles afin de remplir leurs missions exigeantes et essentielles au bon fonctionnement des entités du ministère des Armées et des Anciens combattants.
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