Au regard de vos expériences dans les armées et en tant qu’enseignant, trouvez-vous les jeunes plutôt défiants envers les idées d’ordre et de discipline ou, au contraire, en recherche de ces valeurs ?

Capitaine Nicolas Brault : S’il y a bien un domaine où les militaires détiennent une expertise solide, c’est le rapport à la jeunesse. Nous avons vu toutes les générations se succéder, toutes les lettres de l’alphabet ! Or, mon constat est que les générations se ressemblent plus qu’on ne le croit, notamment sur le rapport à l’autorité. Les jeunes sont en recherche d’un cadre, d’une autorité exemplaire qui détient un savoir à leur transmettre et qui saura les faire progresser. Le meilleur exemple est le mot discipline : ce mot critiqué à l’école est pourtant fortement valorisé par les jeunes dans le domaine du sport ou celui de la nutrition... Nous avons raison de l’assumer dans les armées.

Quelles réponses les armées peuvent-elles apporter aux jeunes dans ce contexte ?

D’abord, ce n’est pas l’autorité pour l’autorité. C’est l’autorité au service de leur développement. Une relation donnant-donnant. Par exemple, à travers les réseaux sociaux, je fais partager mes expériences, des témoignages, des connaissances en histoire militaire, et les jeunes adhèrent en masse.
L’institution militaire regorge de savoirs pour aider les jeunes à progresser sur la discipline de soi, l’assertivité, la gestion d’équipe ou la manière de travailler ensemble dans un collectif. C’est comme ça que nous pourrons les rapprocher de ceux qui les protègent, et faire en sorte qu’ils s’inspirent de nos valeurs pour nourrir leurs propres passions.

Sur cette lancée, vous avez créé le podcast Quartier libre avec l’armée de Terre, disponible sur YouTube. À quel besoin ce projet répond-il ?

Cela part d’un constat : sur YouTube, beaucoup de civils posent des questions à des militaires. Nous avons donc décidé de faire l’inverse, un podcast où un soldat pose des questions à des leaders civils et militaires. Nous parlons non seulement de leur métier et de leurs missions mais aussi de leur vision de chef, et les premiers retours sont très positifs. Face aux crises qui émergent, il y a une urgence collective à améliorer la manière dont les Français s’organisent et travaillent ensemble.

Recueilli par Laura Garrigou