Pendant quatre jours, 300 réservistes de l’armée de Terre¹, sous le commandement de l’état-major tactique de réserve (EMT-R) de la 4^e brigade d’aérocombat (4^e BAC), se sont entraînés l’automne dernier à conduire une opération sur le territoire national, en appui des autres moyens de l’État. Dans différents villages de l’Allier, au contact de la population civile, ces unités de réserve se sont exercées lors de multiples scénarios, dont une attaque terroriste.

« Il était important de créer un exercice sur un terrain dit “libre”, c’est-à-dire en dehors des zones militaires. Nous devions concrétiser les missions de la réserve, explique le lieutenant-colonel Emmanuel, réserviste et chef de l’EMT-R. Il est essentiel que les différentes unités apprennent à travailler ensemble. »

L’exercice Vulcain était inédit au regard du nombre de réservistes déployés en simultané sur le terrain. Il s’inscrivait dans l’ambition de la LPM 2024-2030, qui prévoit de disposer de 80 000 réservistes à l’horizon 2030, puis de 105 000 au plus tard en 2035. Actuellement, les armées en comptent 40 000.

^{1 4e brigade d’aérocombat, 24e régiment d’infanterie, 92e régiment d’infanterie, 126e régiment d’infanterie, 28e régiment de transmissions.}

Jour 1

06 h 00

« Vous n’êtes pas seuls dans vos zones, pensez à la coordination ! » Au centre opérationnel (CO), installé dans une salle municipale à Varennes-sur-Allier, le lieutenant-colonel Jean-Michel informe les commandants d’unité de la situation sécuritaire : des terroristes ont été repérés et se dirigent vers eux.

06 h 30

En réponse aux ordres du centre opérationnel, le sous-lieutenant Jean-Philippe, réserviste et chef de section au 5^e régiment d’hélicoptères de combat, donne les consignes à ses soldats. La matinée sera consacrée à la collecte de renseignements.

07 h 30

« La situation se dégrade. Plusieurs terroristes se sont introduits dans la zone qui nous est affectée. Nous devons contrôler les accès et prendre en photo les véhicules suspects », explique le brigadier Louis, dissimulé dans la végétation au bord de la route.

11 h 00

Alors que des terroristes sont toujours en fuite, un incident vient compliquer la mission du 24^e RI : une manifestation d’agriculteurs, incarnée par des réservistes. « C’est l’unité la plus proche qui doit intervenir. Elle doit rester sur la retenue en attendant les forces de sécurité intérieure (FSI) », précise le sergent Christian.

16 h 30

Des terroristes ont attaqué le château de Lapalisse, où se tenait une cérémonie républicaine. Le 126^e régiment d’infanterie (126^e RI) est appelé en renfort par les FSI pour neutraliser les ennemis.

Jour 2

13 h 00

À la suite d’un accident entre un véhicule ennemi et un civil, les sapeurs-pompiers de l’Allier interviennent aux côtés des réservistes du 24^e RI. Deux blessés civils sont à déplorer. Des explosifs sont retrouvés dans la voiture de l’assaillant, des démineurs doivent intervenir.

14 h 00

Les réservistes du 126^e RI ont percuté un véhicule conduit par des terroristes. L’un de ses passagers est blessé. Pendant que deux individus sont plaqués contre le mur pour une « sécurisation », le sergent Maxime pose un garrot sur la victime.

15 h 00

Un colis suspect est signalé à la gare de Varennes-sur-Allier. Les réservistes du 5^e régiment d’hélicoptères de combat sécurisent la zone et font appel à une équipe de démineurs pour examiner le colis. Deux suspects sont arrêtés.

17 h 00

Au centre opérationnel, les commandants d’unité se préparent pour l’assaut final. Les terroristes et leur chef ayant été repérés dans une ferme en pleine campagne, chacun répète les modalités d’exécution de sa mission dans l’action d’ensemble.

Jour 3

09 h 00

Lancement de l’assaut final. Une partie des forces de sécurité intérieure étant mobilisée en raison d’inondations, le renfort des forces armées est demandé pour neutraliser les terroristes. La zone est bouclée par trois compagnies. L’ennemi est encerclé.

09 h 30

Le peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) de Vichy interpelle le chef des terroristes. « S’il y a rébellion : usage nécessaire de la force », ordonne l’adjudant Florent du PSIG.

09 h 50

Pendant l’intervention du PSIG, d’autres terroristes s’enfuient dans la campagne. Les réservistes du 126^e RI parviennent à les intercepter. « Cet assaut final conclut de façon très réaliste l’exercice. La cohésion était au rendez-vous entre tous les acteurs », se réjouit le chef de l’EMT-R.

Par Margaux Bourgasser