« Jamais encore, depuis 1945, notre liberté n’avait été aussi menacée. » Le constat est clair. Lors de sa traditionnelle allocution aux Armées à la veille de la Fête nationale, le président de la République, Emmanuel Macron, a prononcé un discours ferme à l’hôtel de Brienne. Bilan des conflits dans le monde, accroissement de l’effort de défense, développement de la puissance européenne, menace russe… Ce qu’il faut retenir. 

Diagnostic : des menaces grandissantes

« Nous vivons un moment de bascules. Nous en apercevons depuis longtemps l'imminence. Ces bascules sont aujourd'hui effectives. » Le Président a notamment évoqué « la liberté bafouée quand les règles du Code de la guerre sont effacées, quand chacun s'exonère du droit international ». Il a ciblé plus particulièrement « les impérialismes » et « la permanence d'une menace russe aux frontières de l'Europe », tout en soulignant « l'hybridité croissante des conflits ».

« Nous assistons au retour du fait nucléaire, de la prolifération des conflits majeurs parce que la nation est confrontée à toutes ces menaces hybrides, à cette accélération de l'Histoire. Il n'y a plus d'arrière et il n'y a plus de front. Les conflits sont multiformes, multichamps et supposent de la densité. Ils supposent de durcir nos capacités, nos forces et la nation. »

« À l’heure des prédateurs, nul ne peut être immobile. Nous avons une avance, mais demain au même rythme, nous serions dépassés. J'avais annoncé, le 5 mars dernier, aux Français la nécessité de prendre des décisions historiques face aux menaces existentielles qui pèsent sur notre liberté et que je viens de rappeler. Ces décisions sont indispensables à mes yeux pour garantir notre sécurité et notre indépendance.»

« Pour être libre dans ce monde, il faut être craint. Pour être craint, il faut être puissant. La Nation, pour cela, doit être plus forte.»

Accroître l’effort de défense

 « Nous consacrerons 64 milliards d'euros pour notre défense en 2027. C'est le double du budget dont les armées disposaient en 2017 [32 milliards]. Cet effort nouveau, historique et proportionné est crédible. Il est indispensable. Il est juste ce qu’il nous faut. » 

Par ailleurs, « une actualisation de la loi de programmation militaire » pour 2024-2030 « sera présentée à l’automne », a précisé le président de la République.

« Il faut que les crédits prévus soient disponibles à l'euro près. » Comment financer cette hausse significative du budget de la défense ? Emmanuel Macron a précisé que le Premier ministre, François Bayrou, présentera le budget mardi 15 juillet. « En tout état de cause, nous refusons que ce réarmement passe par l’endettement, a ajouté le chef de l’État. Notre indépendance militaire est indissociable de notre indépendance financière. Il sera donc financé par plus d’activité et plus de production. »

Le Président a ainsi acté la fin « des dividendes de la paix dont nos parents avaient bénéficié. C’est terminé. Cet effort ne sera pas sans gain au demeurant pour la nation, et les dépenses militaires sont et seront aussi source de richesse pour notre produit intérieur brut, notre économie et notre territoire. »

Une Europe forte et souveraine

« Achetons européen en masse. Malgré l'incertitude américaine, face à la volonté chinoise, face à la menace russe, la puissance européenne est notre meilleur bouclier. Une Europe capable d'innover et de produire sur son sol, c'est une Europe qui sera plus souveraine et maîtrisera son destin, qui assumera sa puissance (…) Ceci n'enlève rien à l'indépendance et la souveraineté françaises. »

« Voulons-nous une fois pour toutes prendre notre sécurité et celle du continent en main et bâtir un vrai pilier européen de l’Otan ? Sommes-nous capables d’offrir un débouché à cette formidable envie d’engagement et de réalisation qui anime notre jeunesse ? Sommes-nous capables, surtout, de résister en cas de conflit de haute intensité sur le sol européen dans les trois à quatre années qui viennent ? À toutes ces questions, nous répondrons oui, parce que nous, Français, entendons demeurer libres dans le siècle. »

« Partout en Europe, la force de la France est attendue. Dans notre monde dangereux et incertain, il est un pilier de notre sécurité qui ne vacille pas : c'est notre dissuasion nucléaire, totalement et invariablement souveraine. Elle garantit notre liberté. Elle a également un rôle dans la sécurité de l'Europe (…) J'ai mandaté le ministre des Armées et le chef d’état-major des armées pour engager un dialogue stratégique avec nos partenaires européens qui y sont prêts. Je reviendrai sur la base de ce travail plus précisément à la fin de cette année, afin de décrire les évolutions que cela comporte. Notre pays est le seul de l'Union européenne doté de la dissuasion nucléaire. »

Le mot de la fin : chère Liberté

« En cette veille de 14 juillet, soyons fidèles au peuple de la Révolution qui clamait sa grandeur et la liberté universelle des peuples. »

 « Partout dans le monde, la liberté est menacée. Alors défendons-la. Défendons-la en Ukraine, parce que notre sécurité, notre liberté sont liées au destin de ce pays »

« Défendons notre liberté comme sont prêts à la défendre, génération après génération, ces femmes et ces hommes qui répondent à l’appel du drapeau (…) Je salue le patriotisme et le besoin de responsabilité de tous ceux qui font le choix des armées pour défendre la liberté. Défendons cette liberté aux côtés des grandes nations, nos partenaires européens. »