Euronaval 2022 : faire face au retour du combat en mer
La 28e édition du salon Euronaval se tient du 18 au 21 octobre, au Parc des expositions de Paris-Le Bourget. Un rendez-vous mondial des technologies navales du futur, pour faire briller l’excellence technologique française et présenter un spectre capacitaire renouvelé d’une marine de combat.
Autrefois simples « théâtres » de conflit, les mers et les océans sont devenus des « objets » de conflit. Au cœur de nombreuses tensions issues de volontés régionales de domination et d’appropriation des ressources énergétiques et alimentaires, le milieu maritime assiste au retour d’une compétition entre grandes puissances, dans un contexte de réarmement naval global.
La compétition autour d’espaces stratégiques
Cette compétition autour du contrôle des espaces maritimes s’explique par plusieurs facteurs. Tout d’abord, l’importance grandissante des flux commerciaux, dont 90% s’effectuent par voie maritime. La mondialisation de l’économie dépend de points de passage stratégiques, comme les canaux et les détroits que certains Etats cherchent à contrôler pour sécuriser leurs approvisionnements.
Le fond des océans n’échappe pas à cette logique d’appropriation et l’intérêt croissant qu’il suscite crée également de nouveaux rapports de forces. La présence de terres rares, essentielles à la production des nouvelles technologies, attise aussi les convoitises, tout comme les réserves de gaz et de pétrole, parfois tapies à plusieurs milliers de mètres de profondeur. Dans ces nouveaux espaces de conflictualité, il convient d’être en mesure de défendre le droit international pour empêcher toute politique du fait accompli.
Pour la France, cette dynamique d’intensification de la compétition en mer constitue un enjeu de souveraineté nationale. Avec ses 10,2 millions de km², dont 97 % dans les Outre-mer, elle possède la deuxième plus grande Zone économique exclusive (ZEE) au monde après les Etats-Unis. Celle-ci abrite une biodiversité remarquable et des infrastructures stratégiques. Ce sont donc des espaces qu’il faut protéger de la pêche illégale, des trafics divers, de la pollution, mais aussi de potentiels actes malveillants visant nos câbles sous-marins dont nous dépendons fortement pour le transport d’énergie et des données numériques.
Des capacités opérationnelles renouvelées
Le ministère des Armées prépare et met en œuvre la politique de défense de la France. Dans le domaine naval, il s’agit de se préparer au retour de la compétition stratégique, de garantir notre liberté de navigation et d’être en mesure d’agir dans les nouveaux espaces de conflictualité. De l’Atlantique à la zone indopacifique, nos compétiteurs augmentent la taille de leurs flottes et les modernisent à vive allure.
Ce retour assumé des logiques de puissance a justifié la revalorisation continue des crédits du ministère des Armées via la Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025, pour notamment moderniser et renouveler nos capacités navales. Elaborés par la Direction générale de l’armement (DGA), conjointement avec l’Etat-major des armées, la Marine nationale et la Base industrielle et technologique de défense (BITD), ces systèmes d’armes offrent à la France les moyens de garantir sa souveraineté et de se préparer à l’hypothèse d’un engagement majeur.
La Marine nationale récolte désormais les fruits de cette ambitieuse politique d’investissements. Le Suffren, premier Sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) du programme Barracuda, est entré au service actif en juin dernier. Cinq autres de la même classe suivront d’ici à 2030. La Marine peut aussi compter sur ses nouvelles Frégates multi-missions (FREMM), dont le dernier des huit exemplaires sera réceptionné à la fin de l’année. A partir de 2024, ce sera le tour des Frégates de défense et d’intervention (FDI). Puissamment équipées et dotées de nombreuses innovations technologiques, les cinq FDI constitueront, à l’horizon 2030, le tiers des frégates françaises de premier rang.
Pour surveiller et agir jusqu’au fond des mers, la France est également à la pointe de l’innovation dans le domaine des drones sous-marins. Depuis qu’elle s’est dotée d’une stratégie des fonds marins en février 2022, elle développe par exemple des engins capables d’agir jusqu’à 6 000 mètres de profondeur. Ce palier n’est pas anodin, il permet l’accès à 97% des fonds marins. De son côté, le nouveau Système de lutte anti-mines marines futur (SLAM-F) prépare le renouvellement de la capacité de guerre des mines par l’automatisation et la robotisation.
Un stand, quatre thématiques
Pour présenter ce spectre capacitaire rénové, le stand du ministère des Armées dressé au salon Euronaval est divisé en quatre thématiques : combat de haute intensité, innovations, soutien-expertise DGA, maîtrise des fonds marins.
Plus largement, Euronaval accueille cette année près de 450 exposants issus des cinq continents. Il se déroule au Parc des expositions Paris-Le Bourget, du mardi 18 au vendredi 21 octobre. Quatre jours d’expositions, de rencontres, d’ateliers et de conférences à destination des professionnels.
Le salon Euronaval 2022 se tient du 18 au 21 octobre, au Parc des expositions de Paris-Le Bourget. Le stand du ministère des Armées sera divisé en plusieurs thématiques : combat de haute intensité, innovations, soutien-expertise DGA, maîtrise des fonds marins.
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