Europe de la défense : une prise de conscience à l’échelle du continent ?

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 28 mars 2025

Autonomie stratégique européenne, livre blanc, « ReaArm Europe » … Alexandre Escorcia, chef du service « Europe, Amérique du Nord et action multilatérale » de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie, a fait un point d’étape sur la mise en place d’une Europe de la défense, ce vendredi 28 mars, lors du point presse hebdomadaire du ministère des Armées. Les grandes lignes de son intervention. 

Alexandre Escorcia, chef du service « Europe, Amérique du Nord et action multilatérale » de la DGRIS © Tanguy Barbancey/Ministère des Armées

Dès 2017, le président de la République, Emmanuel Macron, appelait à la mise en place d’une Europe de la défense, lors de son discours de la Sorbonne. Il évoquait alors une « autonomie stratégique européenne ».

La défense européenne s’est depuis construite progressivement, avec la mise en place de jalons importants comme la Coopération structurée permanente ou encore le Fonds européen de défense, dont l’objectif est de financer la recherche et le développement de programmes industriels transeuropéens.

Plus récemment, en 2022, était lancée la Boussole stratégique européenne, visant à définir les grandes orientations de la sécurité et de la défense européennes. Cette même année, la Russie envahissait l’Ukraine et Emmanuel Macron lançait un appel au « réarmement », devant le Parlement européen. Un réarmement qu’il souhaitait capacitaire, industriel et moral. « Nous ne sommes pas en guerre mais ce n’est pas non plus la même paix », affirme Alexandre Escorcia.

Cet appel du président de la République structure le débat désormais, comme une prise de conscience à l’échelle du continent, d’autant plus avec l’arrivée d’une nouvelle administration américaine qui souhaite un changement dans ses relations avec le Vieux Continent. « Il y a une continuité dans le fond, sinon sur la forme, mais avec aujourd'hui une inflexion dans la méthode et dans le ton. Toutefois, il est important de noter que les États-Unis sont nos alliés et nous sommes les alliés des États-Unis, » rappelle Alexandre Escorcia.

L'Union européenne a anticipé ces changements avec la création, en 2024, d'un poste de commissaire à la Défense et à l’Espace. L’année 2025 est marquée par le lancement, en mars, d’un livre blanc pour une défense européenne, à l'horizon 2030. Il inclut le plan « ReArm Europe », un train de mesures ambitieuses pour stimuler une montée en puissance des investissements dans les capacités de défense.

Le livre blanc met en avant plusieurs grandes lignes d’action :

  • combler les lacunes en matière de capacités, l'accent étant mis sur les capacités critiques recensées par les États membres ;
  • soutenir l'industrie européenne de la défense par un regroupement de la demande et une augmentation de la passation collaborative de marchés publics ;
  • soutenir l'Ukraine par une assistance militaire accrue et une intégration plus poussée des industries européenne et ukrainienne de la défense ;
  • approfondir le marché de la défense à l'échelle de l'UE, notamment en simplifiant la réglementation ;
  • accélérer la transformation de la défense au moyen d'innovations de rupture telles que l'IA et la technologie quantique ;
  • faire en sorte que l'Europe soit mieux préparée aux scénarios les plus pessimistes, en améliorant la mobilité militaire, en constituant des stocks et en renforçant les frontières extérieures, notamment la frontière terrestre avec la Russie et la Biélorussie ;
  • renforcer le partenariat avec des pays du monde entier qui partagent les mêmes valeurs.

En parallèle, l’UE doit diminuer ses dépendances aux technologies américaines. « Il faut investir davantage, investir mieux et produire en européen, précise Alexandre Escorcia. Toutes ces mesures se font en parallèle des événements en Ukraine. Kiev demande des garanties de sécurité, or une armée ukrainienne bien équipée est la première des garanties de sécurité. »

L’intégration de la base industrielle et technologique de défense ukrainienne à celle de l’UE fait ainsi partie de la feuille de route. C’est aussi dans cet esprit qu’Emmanuel Macron a promis, le 27 mars, deux milliards d’euros d'aide supplémentaires pour Kiev.

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