Paris Defence and Strategy Forum : renforcer la défense européenne

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 11 mars 2025

Nous ne sommes pas en guerre, mais nous ne sommes plus en paix. C’est ce qu’il fallait retenir du discours de Sébastien Lecornu, ministre des Armées, pour l’ouverture de la seconde édition du Paris Defence and Strategy Forum, ce 11 mars 2025. Au programme : trois jours de débats autour de la défense de l’Europe. 

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, lors de son discours d’ouverture du PDSF 2025. © Ministère des Armées

En ouverture de ce Paris Defence and Strategy Forum 2025, le ministre des Armées a décrit la période actuelle comme n’étant plus la guerre froide, ni celle des dividendes de la paix. Cette nouvelle ère est caractérisée par « des menaces parfois invisibles à l’œil nu » et par les nouvelles technologies qui bouleversent le cadre sécuritaire, sans oublier que « malheureusement, nous l’avons bien vu il y a quelque temps à Mulhouse ou encore récemment en Allemagne, nous n'en avons pas terminé avec le terrorisme, a ajouté Sébastien Lecornu. Au fond, nous ne sommes pas en guerre - encore qu'avec le terrorisme islamiste, la question se pose clairement au regard de l'engagement de nos forces ces dernières années - pour autant, nous ne sommes plus en paix. »

Culture stratégique européenne

Ce forum est une opportunité pour réfléchir sur les questions de défense « à plusieurs, avec différentes cultures nationales et nourrir une parole européenne qui doit irriguer l'ensemble du monde. Il ne s'agit pas de déléguer sa sécurité à d'autres ou de déléguer sa pensée stratégique, mais de réfléchir par nous-mêmes », abonde le ministre. « Nous avons besoin d'un réveil et le réarmement, avant les armes, avant les pourcentages de produit intérieur brut, avant les milliards d'euros, c'est avant tout un réarmement intellectuel. »

Penser la future armée ukrainienne

La priorité, selon le ministre : « Réfléchir à ce que doit être l'armée ukrainienne à l'avenir. Repartir du principe que la première des garanties de sécurité reste l'armée ukrainienne et que nous refuserons toute forme de démilitarisation de l'Ukraine. » Les armées du continent européen ont leur rôle à jouer dans cette réflexion. L’interrogation reste la suivante : « Comment, nous, forces armées européennes, pouvons-nous donner de la crédibilité à des discussions diplomatiques qui devront incontestablement s'inscrire dans la durée ? »

L’Otan dans 15 ans

L’Alliance atlantique, sur fond de désengagement du partenaire américain, sera, elle aussi, au menu des discussions. « Qu’est-ce que sera la défense du flanc oriental de l'Otan l'année prochaine, dans 5 ans, dans 10 ans, dans 15 ans ? », interroge le ministre. « Si demain, les contributions de certains pays devaient évoluer à la baisse, comment nous, pays européens, sommes-nous capables d'exécuter convenablement les plans de défense de l'Otan ? », poursuit-il.

Menaces hybrides

« Le meilleur moyen de s'en prendre à nous est de tenter de contourner les dissuasions nucléaires de l'Alliance ». Par ces quelques mots, Sébastien Lecornu met en garde contre les menaces hybrides grandissantes : « les attaques cyber, les menaces informationnelles et surtout la manière de s'en prendre à notre économie, fondement de notre modèle social ». L’épaulement entre dissuasion nucléaire, forces conventionnelles mais aussi résilience de la Nation doit ainsi être renforcé. 

Penser à 360°

« Le problème de nous autres, Européens, c'est que, parfois, nous sommes myopes. Nous voyons de près et prenons les menaces les unes après les autres, de manière scolaire. Ce n'est pas parce que l'Ukraine et la Russie nous préoccupent beaucoup qu'il ne faut pas parler d'Iran, ni des stratégies nord-coréennes, ni, de manière plus globale, de ce qui se passe dans l'Indopacifique », affirme le ministre des Armées. Selon lui, les Européens doivent penser à une échelle mondiale, et non plus seulement régionale ou continentale, « parce que nos compétiteurs, eux, sont dans une coordination d'une nature complètement différente par rapport à ce que nous avons pu connaître il y a deux ou trois ans. »

Le ministre a conclu sur l’importance de ce forum, car « il permet de jeter des ponts et de cultiver des alliances, de faire progresser cette pensée stratégique. »  Il en a profité pour exprimer deux vœux : « Que nous regardions lucidement nos besoins en matière de défense et puis, surtout, de ne pas passer d'une forme d'insouciance, comme nous avons pu le connaître parfois ces dernières années, à une forme de fébrilité. »

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