Lancaster House 2.0 : le renforcement de la coopération franco-britannique

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 17 juillet 2025

Quelques jours après la visite d’État d’Emmanuel Macron au Royaume-Uni à l’occasion du 37e sommet franco-britannique, le général Bruno Cunat, de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS), est revenu sur les enjeux de défense d’une telle visite. 

le général Bruno Cunat de la Direction générale des relations internationales et de la stratégie © MDL Victor François / Ministère des Armées

« Nous avons annoncé aujourd’hui Lancaster House 2.0, pour moderniser notre coopération », ont déclaré le président de la République, Emmanuel Macron, et le Premier ministre britannique, Keir Starmer, le 10 juillet dernier. Ces traités de Lancaster House ont été signés en 2010 afin d’établir un partenariat de défense et de sécurité solide entre la France et le Royaume-Uni. Un « rafraîchissement » de ces derniers 15 ans plus tard, sur fond d’évolution du contexte sécuritaire en Europe et dans le monde, semblait ainsi nécessaire. 

Le premier de ces textes porte sur la dissuasion nucléaire, les deux pays étant les deux puissances dotées en Europe. « Historiquement, Lancaster House a permis de développer des coopérations croisées sur le nucléaire, notamment sur des installations de test. Ce qui change avec les récentes déclarations, c’est la création d’un groupe de pilotage franco-britannique sur ce volet, marqueur d’une intensification de notre coopération », explique le général Bruno Cunat. Cette annonce s’explique par le contexte de la guerre en Ukraine, avec « une manœuvre russe de placer ses actions conventionnelles sous un parapluie nucléaire », ajoute le général. Selon lui, un dialogue franco-britannique stratégique sur la sécurité en Europe est nécessaire et doit pouvoir s’effectuer sans passer par l’administration américaine. 

Le second traité dispose d’un volet opérationnel conséquent grâce à la Force expéditionnaire conjointe, ou Combined Joint Expeditionary Force (CJEF). Cette force, capable de mener des opérations à terre, en mer et dans les airs, évolue en Force conjointe. « Quand la CJEF a été lancée, elle répondait à une logique expéditionnaire : crise en Afrique, crise au Moyen-Orient, capacité d'évacuation de ressortissants, etc. Aujourd'hui, nous nous recentrons sur la défense collective, la défense européenne, la masse et la haute intensité », souligne le général Cunat. Dans leur déclaration conjointe, Emmanuel Macron et Keir Starmer affirment vouloir « mettre en place une capacité partagée d'une ampleur suffisante pour la conduite de la guerre et prête à opérer dans tous les domaines, y compris l'espace et le cyber, pour la défense de l'Europe. »

La coopération industrielle entre les deux pays a également été mentionnée, centrée autour du missilier européen MBDA, avec une nouvelle commande de SCALP, ou Storm Shadow. « Des missiles qui ont fait leurs preuves en Ukraine, affirme le général Cunat. Ces commandes préparent le combat de haute intensité. » Le lancement de la phase de développement des futurs missiles de croisière et antinavires a aussi été annoncé, « avec deux technologies : l’une subsonique furtif et une autre de haute vitesse manœuvrante », poursuit le généralL’entreprise renforce enfin son portefeuille dans le domaine de la défense aérienne avec la nouvelle génération de missile CAMM (Common anti-air modular missile) côté britannique ou SAMP/T NG (système sol-air moyenne portée/terrestre nouvelle génération) côté français. 

Lancaster 2.0 entend bien « démontrer le leadership franco-britannique et s’inscrit dans une dynamique britannique de reprise de contact auprès des partenaires européens après le Brexit », a conclu le général Cunat. 


A la une