Le soignant militaire du futur devra affronter des crises brutales et imprévisibles

Direction : Ministère des Armées / Publié le : 19 juin 2025

Sur le camp de La Valbonne, du 16 au 20 juin 2025, près de 170 étudiants en médecine militaire vont se former aux défis médico-opérationnels de la haute intensité. Cette année, l’exercice d’opérationnel santé (EXOSAN) passe un nouveau cap en s’ouvrant aux élèves infirmiers et aux étudiants étrangers. Un virage stratégique, détaillé par le directeur de l’Académie de santé des armées, le médecin général inspecteur Guillaume Pelée de Saint Maurice.   

EXOSAN, un exercice des plus réalistes pour les étudiants en médecine militaire. © crédit ECPAD

Près de 170 étudiants en médecine militaire participent, du 16 au 20 juin, à l’exercice d’opérationnel santé (EXOSAN 2025) sur le camp militaire de La Valbonne. Combat urbain, guerre de tranchée, transfusion en zone de combat, présence d’étudiants étrangers… Cette nouvelle édition marque un tournant, reflet des nouvelles ambitions pédagogiques pour une adaptation aux enjeux contemporains du combat de haute intensité. Le médecin général inspecteur (MGI) Guillaume Pelée de Saint Maurice, directeur de l’Académie de santé des armées (ACASAN), expose les grandes orientations.

EXOSAN 2025 semble inaugurer une nouvelle approche. En quoi cette édition se démarque-t-elle des précédentes ?  

MGI Guillaume Pelée de Saint Maurice : L’évolution majeure, c’est l’intégration, pour la première fois, des élèves paramédicaux à l’exercice. Depuis 2022, nous avons revu en profondeur la formation initiale des médecins militaires pour y ancrer la médecine du combat. Nous franchissons aujourd’hui une étape logique et nécessaire : former dès le départ, ensemble, praticiens et paramédicaux. C’est un véritable changement de paradigme. Dans l’hypothèse d’un engagement majeur, l’objectif est bien de s’assurer que chaque futur soignant militaire soit prêt à intervenir, dès la fin de sa scolarité. Cela suppose des compétences techniques solides, bien sûr, mais aussi une culture du travail en équipe, sur le terrain, dans la contrainte. EXOSAN devient donc un terrain de formation initiale où médecins et infirmiers s’entraînent ensemble. C’est une mutation majeure dans notre manière d’envisager la médecine du combat.

Cette année, nous avons également inclus la participation de 11 élèves étrangers afin que les stagiaires développent ou renforcent la notion d’interopérabilité. Travailler en anglais, confronter les méthodes, apprendre les uns des autres : c’est ainsi que nous préparons la cohésion et l’entente entre partenaires. 

Face à la montée de l’enjeu des conflits de haute intensité, de quelle manière EXOSAN rehausse-t-il les exigences de la formation initiale des soignants militaires ? 

Nous poursuivons notre transformation vers un modèle de formation dans un contexte de haute intensité : plus de blessés graves, moins de moyens disponibles. Cela implique de passer à une simulation plus réaliste, hybride, qui combine simulation procédurale sur le terrain et simulation numérique. Des outils comme SIMTRIAGE (outil de réalité virtuelle sur le triage des blessés au combat) ou VORTEX (serious game pour maîtriser la transfusion sanguine en mission extérieur), développés au sein de l’ACASAN, sont désormais pleinement intégrés à l’exercice.

Il est important de rappeler qu’EXOSAN n’est pas une manœuvre du Service de santé des armées (SSA), mais bien une étape de formation initiale pour tous les soignants militaires. Nous ne formons pas uniquement à la guerre symétrique : nous préparons nos élèves à une pluralité de scénarios. Le futur soignant militaire doit être prêt à affronter des crises brutales, imprévisibles.

Cette formation initiale, plus exigeante, doit ensuite se prolonger dans l’entraînement régulier des praticiens. C’est un continuum : les savoirs acquis à EXOSAN doivent être entretenus et mis à jour, car les armées pourraient être mobilisées à très court terme pour faire face à une crise majeure.

Quelle place accordez-vous aux coopérations internationales cette année ? 

Cette année, pour la première fois, nous accueillons des étudiants militaires étrangers comme stagiaires à part entière, intégrés dans des groupes anglophones. C’est un défi stimulant pour nos élèves, nos formateurs et nos enseignants. Ce pas supplémentaire s’inscrit dans une dynamique de partenariat déjà amorcée avec plusieurs pays, notamment les États-Unis et en cours de développement avec d’autres. Chaque nation arrive avec une organisation propre de son service de santé militaire, souvent très différente de la nôtre, surtout depuis la période révolue des vingt dernières années, marquée par une forme de stabilité entre états et d’opérations extérieures, qui a façonné des modèles divergents.

En formant ensemble dès la base, nous posons les fondations d’une meilleure interopérabilité. Le partage d’expérience que nous amorçons ici est appelé à se poursuivre et à s’amplifier dans les années à venir.

Propos recueillis par Emmanuelle NDOUDI


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