Canicules, sécheresses, cyclones, inondations…les conséquences du dérèglement climatique sont nombreuses et parfois insoupçonnées. Non, vagues de froid et changement climatique ne sont pas incompatibles. Face à la multiplication de ces évènements météorologiques extrêmes, nos armées doivent être opérationnelles sur tous les terrains, quels qu’ils soient. L’exercice Brilliant Jump répond à cet objectif : tester la capacité de l’Alliance à déployer sa force « d’entrée en premier », dans des délais contraints, sur un théâtre éloigné de ses bases et notamment dans des conditions climatiques extrêmes.

Quelle était votre mission lors de cet exercice ? Et comment le froid a-t-il affecté vos conditions de travail ?

Je devais assurer la maintenance sur les trente-cinq véhicules de la rame avec un mètre dix de neige au sol ! Mon rôle était de pouvoir dépanner en tout temps, tout lieu. Le froid a posé de nombreux défis de maintenance. La nuit, les véhicules devaient être bien protégés sinon les câbles de tirette moteurs gelaient dans leur gaine. Il fallait donc automatiquement les remplacer ou les dégripper. Effectuer de telles réparations avec un mètre de neige, ce n’était pas toujours facile. Le gel de nos outils en métal a aussi lourdement compliqué notre mission. Impossible de mettre des gants : mon métier de mécanicien nécessite une sensibilité au bout des doigts pour toucher les pièces que l’on ne voit pas. Alors nous faisions sans. Il n’y avait pas d’autre choix.

Travailliez-vous dehors avec ce temps ?

Nous avons dû nous adapter rapidement au grand froid. Nous avons mis en place des mesures de protection supplémentaires, notamment en maximisant nos réparations sous un bachmann^[1]. Il n’y avait pas de chauffage, certes, mais nous étions au moins protégés du vent. Sinon, 75 % de notre travail s’effectuait en extérieur. Malgré nos équipements et les moyens mis à disposition, il nous était difficile de faire face au grand froid sur la durée. Nous avons néanmoins trouvé des parades pour assurer la continuité de la mission.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?

Les véhicules étaient très souvent enneigés. Sur le terrain, seulement quelques routes étaient bitumées. Les fossés remplis de neige empêchaient les équipes de distinguer les trous sur les routes, ce qui complique la manœuvrabilité des véhicules. Nous passions des nuits et des nuits à les déneiger. C’est vraiment une activité éprouvante.

Avez-vous déjà été déployé dans un environnement de « grand chaud » ?

Je rentre justement de Djibouti. Dans ces régions où les températures sont très élevées, il est crucial de mettre en place des mesures de protection et de prévention. Chaleur intense, sable, manque d’eau : dans le désert, tout devient un danger auquel nous devons être préparés. Mécaniquement parlant, les températures extrêmes font surchauffer les moteurs, fondre la gomme des pneus qui crèvent plus rapidement, usent les plaquettes de frein de nos véhicules…mais je pense qu’en tant que militaire, nous devons être capable de nous adapter aux conditions climatiques extrêmes.

^{[1] Immense tente recouverte d’une structure métallique}